@Kaalyn
Déjà, je compatis pour ta situation vis-à-vis de tes parents, à l'époque où mon diagnostic était en cours j'avais dû cacher le processus à certaines personnes de mon entourage pour exactement les mêmes raisons.
Un truc qui m'avait énormément aidée avant de commencer les leçons de conduite, c'est que ma mère m'avait emmenée à plusieurs reprises dans des endroits déserts pour me faire essayer sa voiture et m'habituer à la sensation et aux commandes (dans ma région d'origine il existe une usine désaffectée qui est parfaite pour ça, y'a plein de parents qui emmènent leurs ados là-bas pour les initier à la conduite). Ca m'a énormément aidée parce que je me souviens que quand j'étais petite, à chaque fois que je montais en voiture, je me demandais "mais comment c'est possible de savoir exactement de combien de degrés il faut tourner le volant pour que la voiture aille exactement là où on veut?", et le fait de pouvoir découvrir ça sans stress, sur des routes entièrement vides, ça a complètement fait disparaître toutes les angoisses que j'avais au sujet du contrôle du véhicule.
Du coup, si tu as moyen de faire la même chose avec la voiture de tes parents, en allant à n'importe quel endroit très peu ou pas fréquenté (en rase campagne, un grand parking tard le soir...), ça peut valoir le coup!
On dit souvent que dans la conduite, le danger c'est les autres, et je suis assez d'accord avec ça, pour avoir conduit dans le premier arrondissement de Marseille (spoiler : la pire expérience de conduite que j'ai jamais eue
). Après, on est évidemment soi-même l'autre des autres, mais la différence qu'on peut faire là-dedans, c'est qu'on peut contrôler sa propre conduite, et faire attention à avoir une conduite douce, respectueuse, etc. C'est là que mes propos rejoignent ceux de
@Lumiciole : on peut très vite se retrouver un peu débordé.e en termes de stimuli si on conduit dans un environnement aussi "fourmillant" (c'est le seul terme qui me vient à l'esprit), comme par exemple, en plein centre-ville de Marseille ou de Paris : vérifier ses rétroviseurs tout le temps (ou devoir mettre de l'énergie mentale à se rappeler qu'il faut le faire plus souvent), vérifier ses angles morts pour être sûr.e de pas mettre un cycliste en danger si on tourne ou qu'on se décale, regarder partout sur les côtés pour pas risquer de renverser un.e piéton.ne qui décide de traverser à un moment random mais garder suffisamment les yeux sur la route pour pas trop tirer à droite et risquer d'arracher le rétro d'une voiture garée... Ca, ajouté à la densité de circulation aux grandes heures, plus les autres conducteurs qui sont prêt.e.s à te klaxonner juste parce que tu roules à 48 au lieu de 50 ou que tu prends une demi-seconde de trop à un feu vert... C'est toutes les raisons pour lesquelles je suis bien contente de pas avoir de voiture pour l'instant et de laisser mon amoureux conduire (on habite en région parisienne), et la raison pour laquelle je préférais mille fois conduire dans mon petit patelin plutôt que dans Marseille. C'est aussi pour ça que malgré mes peurs, j'ai été si motivée à passer le permis : je viens d'une ville à moitié paumée, avec un réseau de transport inexistant, où avoir une voiture et le permis est le seul moyen de bouger librement, vite et loin, et sans dépendre des bus qui passent tous les trois quarts d'heure. D'ailleurs j'ai un cousin qui vit à Marseille et qui refuse de passer son permis pour les mêmes raisons, mais en inversé: ça lui sert à rien grâce à l'offre de transports de la ville, et la circulation de Marseille l'angoisse à mort.
J'ai surmonté toutes ces difficultés cognitives grâce à ma motivation (j'avais vraiment envie et besoin d'avoir mon permis et la liberté de mouvement qui allait avec), et en tentant de me blinder un peu ; j'insiste sur le "en tentant", parce qu'en bonne hypersensible que je suis, tous les efforts que je fais n'empêchent pas que je continue à paniquer dès que j'entends quelqu'un klaxonner (et à m'imaginer que c'était pour moi et à me demander "OH MON DIEU QU'EST-CE QUE J'AI MAL FAIT??"), et que je continue de fondre en larmes après un trajet un peu "chargé" émotionnellement. Je mets juste beaucoup d'énergie à éviter de craquer pendant le trajet, pour assurer ma sécurité et celle des autres*, pour pouvoir me lâcher ensuite une fois que je suis en sécurité.
*Big-up aux deux connards qui m'ont doublée en klaxonnant (!!!) alors que je roulais à 60 sur une route de campagne étroite bordée par des fossés, sous la pluie la plus violente que j'ai jamais connue, alors qu'on y voyait rien à moins de 5 mètres et qu'il y avait du vent en prime. S'iels avaient eu un accident plus loin sur la route, je crois que j'aurais bien rigolé