-> on habitue tellement les gens à voir à la télé des handicapés bourés de courage, qui font des choses qu'ils n'auraient jamais fait s'ils avaient été valides, qui rient de leur situation (et ils existent, et c'est très cool), que ça en devient presque une obligation morale, pour rassurer les valides.
Oui, complètement !
Idem pour l'obligation sociale de "positiver" tout le temps, et de voir la maladie comme un "cadeau" qui va t'aider à grandir, surtout aux Etats-Unis
Je pense qu'effectivement, certaines personnes dans certains types de maladie vont l'envisager naturellement comme ça et tant mieux pour elles, vraiment. J'avoue qu'il m'arrive aussi parfois d'apprécier ma maladie qui m'a par certains côtés permis de mettre au clair mes valeurs et de me reconcentrer sur l'essentiel...si et seulement si je suis dans une période où mes symptômes sont supportables.
Cette vision des choses un peu angélique ne correspond pas à la réalité des personnes qui souffrent de maladies graves. Ce n'est juste pas du tout comme ça qu'elles le vivent, la plupart du temps. Et ce diktat du positivisme, j'en ai ras la casquette, parfois on dirait Candide, genre auto-persuasion : "Tout va bien dans le meilleur des mondes

".
Je pense qu'il y a souvent une inaptitude à accepter l'idée que la vie est profondément injuste, que le malheur frappe parfois au hasard et que non, tout ne finit pas toujours bien. Ce que je comprends parfaitement, c'est difficile à admettre, mais à un moment faudrait peut-être arrêter avec la méthode Coué et respecter les émotions d'autrui
Bref, je revendique mon droit à me plaindre, à pleurer, à dire que j'en ai marre et que ça ne va pas car j'ai l'impression de vivre dans une société incapable de l'entendre
