C’est intéressant cette perception des femmes-girafes : il y a un biais cognitif. Nous le percevons à travers le regard de personnes vivants dans des sociétés très éloignées des leurs. On applique un filtre moral. (Et moi aussi, petite j’ai entendu dire qu’elles mourraient si on leur enlevait leur collier. Aucune source médicale ne m’avait été présentée. (Soupir))
De la même manière avec la vision qu’on peut avoir des femmes qui ont dû porté des corsets dans le passé, aujourd’hui « on » a tendance à les percevoir comme uniquement oppressées, victimes et finalement pas bien malines de s’être fait subir un tel inconfort. Je ne dis pas qu’il y avait pas d’oppression ni tout ça, juste que leur perception de leur situation n’était sans doute pas celle que nous avons aujourd’hui (et puis la question ne se posait certainement pas, ni en ces termes ni tout court). (Je me demande si le terme de réception historique s’applique...)
Abby Cox, je ne sais plus dans quelle vidéo, parle à un moment des jugements qu’on a de tout ça :
- Le corset, les rembourages, les vêtements très couvrants du passé sont perçus comme très aliénants, mais c’est aussi un moyen de maîtriser son image en soustrayant son corps du regard des autres. Pas de régime amincissant ou grossissant et pas de sport à faire (mais la question encore une fois ne se posait pas : anachronisme).
- La mode contemporaine tend à dévoiler beaucoup le corps et à être finalement de manière très interne aliénante elle aussi (ce qui va évidemment avec le culte du corps sain, de la performance, ....).
Si on veut voir les choses de manière cynique : on troque une aliénation pour une autre... Mais de manière plus nuancée (vision que je préfère) : émettre des jugements moraux sur le passé, ça n’a aucun sens et nous sommes aujourd’hui le fruit de notre Histoire, de nos circonstances personnelles, de nos goûts, de nos aspirations, etc. et tout ça continuera à évoluer. Et puis l’utilisation de tout ça répond à un grand nombre de choses : se conformer, plaire, se plaire, se protéger, se soulager...
Et pour reparler de confort et du « mésusage » du corset, un parallèle qui peut éventuellement être fait : beaucoup de personnes portent des soutiens-gorges non adaptés à leur morphologie. (Je ne reviendrais pas sur le débat sans intérêt du pour ou contre le soutien-gorge : il n’a pas lieu d’être, on fait en fonction de ses besoins, de son confort et des ses circonstances.) Cette inadaptation et l’inconfort généré est, je suppose, à l’origine du rejet total de son port par certain.e.s.
Dans le futur, les futures générations se demanderont certainement ce qui a passé par la tête pour porter ou non tout ce qui actuellement à notre disposition.