antidopaminergique;4904109 a dit :
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- Lilou - Merci pour ta réponse ! J'aurais justement quelques questions. La tante de mon meilleur ami, Marie Desplechin, a écrit un article sur "l'enfer des prépas", publié dans Le Monde (
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/03/prepas-l-excellence-au-prix-fort_1637985_3224.html)(Mais j'ai du mal à être d'accord avec son article, et j'en ai parlé avec son fils et avec ses neveux et nièces et ils sont quelque peu d'accord avec moi ; c'est un peu exagéré, dépendant des prépas où tu vas, mais que c'est surtout un gros truc d'élitiste, et ça pour la plupart, ils ont un peu de mal). Et je voudrais justement avoir ton avis là-dessus ; les prépas (particulièrement celles sur Paris), sont-elles vraiment un enfer ? J'imagine que ça dépend des facilités de chacun, n'est-ce pas ? Comment as-tu vécu tes deux (ou une seule) année de prépa ? Tu as fais la A/L ou la B/L ? Tu as pris la option LSH en deuxième année ? Enfin, comment ça s'est passé globalement !
Pour la philo, notre prof nous fait lire Borges, Platon, Arendt et Lévi-Strauss, mais je ne suis pas encore plongée dans ces ouvrages. J'ai aussi lu (mais ça remonte à quelques années)
Le Monde de Sophie de Gaarder, mais parce qu'il donne une très bonne base de la philo, je vais le relire je pense. C'est un bon début à ton avis ?
Pour la philo ça m'a l'air très bien ! Platon, Arendt et LS sont assez accessibles dans certains de leurs écrits, je pense que c'est très bien qu'il vous mette en contact direct avec les textes le plus tôt possible !
Haha c'est très drôle que tu mentionnes cet article, j'étais justement en prépa quand il est sorti et il a bien secoué tout ce petit monde !
Je n'aurai pas la prétention de dire que l'article est "faux", mais il est incroyablement biaisé. Je ne veux absolument pas nier la souffrance de certaines personnes qui ne supportent pas la prépa, je n'en ai pas le droit.
Mais disons que j'aurais pu tout aussi bien écrire un article sur le même sujet, mais au lieu de parler "d'enfer", "d'amour vache", de "prix fort", d'"exclusivité jalouse", de "formation brutale", de "moqueries", d'"antidépresseurs", je t'aurais parlé de classes soudées, de curiosité sans limites, d'investissement, d'épanouissement personnel, de profs qui connaissent leurs élèves, de partage de fiches. Certes, un tel article aurait été hyper biaisé lui aussi, il aurait tout autant nié une partie énorme de la réalité. Mais il aurait contenu la même part de vérité : c'est vrai pour certaines personnes. En réalité, il aurait fallu écrire un article qui parle de tout ça, et ça personne ne le fait. Disons que c'est un peu facile de ne recueillir que les témoignages qui font scandale.
Tu l'as deviné toi-même : il y a trop de facteurs pour qu'un puisse assener des généralités sur les prépas, même parisiennes. Ça dépend de ton niveau à la base, de ta résistance à la pression, de ton organisation, de tes profs évidemment (on ne surestimera jamais la façon dont ils conditionnent notre rapport à leur matière pendant un an ou plus), de tes camarades de classe...
De mon côté, j'étais bel et bien à Paris. Pas dans une "grande prépa" mais dans une "moyenne" qui ces dernières années a justement énormément progressé et a justement casé des personnes à l'ENS, dont un certain nombre à leur première tentative ! (je n'en fais pas partie, mais ce sont des beaux gosses d'avoir accompli ça haha)
Et pourtant je crois que PERSONNE n'étais sous anti-dépresseurs. Tout juste un peu de Guronzan pour se maintenir éveillé lors des périodes de concours blancs. Il faut dire aussi que dans ma prépa, on n'étais vraiment classés que pour les concours blancs, personne n'obsédait là-dessus. Il y avait effectivement une nana anorexique, mais elle l'était clairement déjà avant d'arriver.
J'y ai passé non pas une, non pas deux, mais trois années ! Comme quoi on y survit ! J'étais en A/L, et en khâgne j'ai pris la spé lettres. Pour moi, la première année était la plus dure, pour des raisons personnelles avant tout je dois te l'avouer.
Après je ne vais pas te mentir : oui il y a beaucoup de travail. A toi surtout de faire le tri et d'établir des priorités. Ceux qui essayent de faire absolument tout ce que le prof dit de faire, de lire la moindre suggestion de lecture etc... se retrouvent assez vite noyés.
Oui, parfois je manquais clairement de sommeil. Mais j'aurais pu mieux m'organiser.
Il y a vraiment des personnes à qui ça ne convient pas, mais dans ma prépa, elles s'en sont rendu compte suffisamment vite éviter les dégâts : pas de burn-out quoi. Je pense qu'il est important de savoir partir (ou changer de prépa) si on est trop malheureux. Ceux pour qui ça se passait le mieux étaient ceux qui essayaient d'en retirer le maximum sans se laisser abattre. Car effectivement en prépa il y aura toujours des gens (profs, parfois élèves, directeur éventuellement) pour essayer de te faire croire que TOUT est HYPER important. Je pense que la prise de recul est salutaire !
Dans l'article, on peut lire :
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"contrôles longs et fréquents" : fréquents, cela dépend des profs. Longs, oui, incontestablement, puisque les épreuves de l'ENS font toutes entres 4 et 6h.
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"notes très basses" : de plus en plus, les correcteurs utilisent toute l'échelle de notation. Ça veut dire que ça descend bas... mais aussi que ça monte haut. Cette année à l'ENS, il y a eu des 20. Donc soit tes profs ne suivent pas et mettent des notes très basses (j'en ai eu des comme ça), soit ils s'adaptent et font de même (j'en ai eu aussi).
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"classements permanents" : pas dans ma prépa. Nous n'étions vraiment classés qu'une fois par semestre, et les profs nous communiquaient simplement les classements sans plus nous en parler que ça. Après il faut savoir que c'était inscrit noir sur blanc sur nos bulletins de chaque semestre.
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"Les absences prennent une importance considérable. Même avec un bon classement, si tu as des absences, tu n'es pas admis en khâgne. On a tous peur d'être malades." Euh pas vrai pour ma prépa non plus. Si tu es vraiment malade de toute façon, tu arrives avec un certificat médical. Il m'est même arrivé d'en fournir un à un prof qui a trouvé ça ridicule, qu'il me croyait même sans signature d'un médecin.
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"Beaucoup seront amenés à abandonner la musique, le sport ou le théâtre." C'est vrai, ça arrive. Certains s'y accrochent et concilient tout de même, mais parfois effectivement je pense qu'il est bon de savoir mettre d'autres choses en "stand by" pour se sentir moins débordé. A l'inverse, certains préfèrent avoir une activité extra-scolaire comme soupape de décompression. Personnellement, ma séance de piscine hebdomadaire en première khâgne ne m'a pas empêchée de bien y réussir ! cette même année, tous les jeudi soirs je me matais un film avec mes potes (en prépa elles aussi). Je pense qu'en gros il faut virer les trucs chronophages et garder les trucs qui détendent.
Bref, comme tu l'auras compris, moi j'ai très bien vécu ma prépa. Je pense qu'il faut trouver l'équilibre entre être motivé et éviter de se mettre la pression. certains aussi ont du mal parce qu'au lycée ils étaient les rois du pétrole, et d'un coup ils se prennent une claque parce qu'après avoir caracolé en tête de terminale ils se retrouvent bien plus bas dans les classements. Je pense qu'il faut se préparer à ce genre de choses au cas où elles arriveraient (ce n'est pas obligé, il y a bien des gens en tête de classement en prépa aussi !)
Voilà, j'espère t'avoir un peu éclairée. Si j'oublie des choses ou si tu as d'autres questions, n'hésite pas, ici ou en MP !
Edit : je te mets en lien un autre article du Monde qui nuance un peu le précédent...
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/03/professeurs-en-classe-prepa-nous-sommes-des-bourreaux-bienveillants_1638492_3224.html