En postulant ce que tu dis, tu t'inscris dans la pensée magique où penser c'est faire et donc penser/souhaiter la mort revient à agir pour la mort (ici être pour la peine de mort). Or, les souhaits de mort font partie de la vie psychique de l'humain. C'est normal.
Je te remercie pour ta réponse et je comprends totalement le point de vue que tu exprimes dans ton dernier message, par contre je pense que tu m'attribues des idées qui n'ont rien à voir avec ce que je "postule" comme tu dis.
Je ne pense pas que "souhaiter la mort" revient à "agir pour la mort" ou même que c'est inhumain et grave d'avoir des pensées de mort vis-à-vis de quelqu'un. Par contre, exprimer et revendiquer ce souhait en l'argumentant publiquement auprès de gens qu'on ne connait pas en vrai contribue à BANALISER l'idée que vouloir la mort de quelqu'un est légitime, et c'est la banalisation de ce genre d'idée qui contribue progressivement à détruire les digues mentales des gens vis-à-vis de certains acquis sociaux comme l'abolition de la peine de mort.
En gros, je fais une différence entre recevoir la nouvelle et penser "ahahah, ce serait trop marrant s'il en crève", voire échanger là-dessus avec ses potes, et le fait de poster publiquement auprès de plein d'inconnus sur les réseaux sociaux "j'espère qu'il va mourir car il le mérite et tous les bien-pensants qui s'offusquent de ma déclaration peuvent bien se la fermer car il a fait souffrir beaucoup de monde et vous n'êtes pas concernés", comme j'ai vu passer A DE NOMBREUSES REPRISES sur Internet depuis hier, y compris des posts likés et partagés des milliers de fois. Pour moi, rendre public cette pensée, l'argumenter, la défendre, se présenter comme légitime à la formuler au nom de "l'oppression" et donc de sa position de progressiste social, ça érode l'idée que "réclamer la mort de quelqu'un n'est pas acceptable" et ça libère les contestations de la pensée abolitionniste.
Bien sûr, ça ne se fait pas en une seule pensée, mais c'est exactement le même phénomène qu'avec tout le reste de la montée de l'extrême-droite, à force de formuler à haute voix et publiquement des pensées "anodines" qu'on "assume" en s'appuyant sur des arguments de "bon sens", on finit par les ancrer dans l'esprit des autres comme des pensées pertinentes et légitimes puis par modifier le débat public et orienter les gens à réclamer la fin de certaines protections démocratiques, sociales ou autre.
Et c'est la même chose pour n'importe quel crime. Si j'entends parler d'un crime pédophile, je ne vais certainement pas dire "il mérite la mort" ou laisser mes proches sans lien avec l'affaire parler librement comme ça devant moi. Autant je comprends totalement qu'une victime ou un proche de victime s'exprime ainsi, c'est humain évidemment et je ne pense pas que je reprendrais quelqu'un qui dit souhaiter la mort de son violeur, mais laisser propager ce genre de pensée librement comme ça par n'importe qui, non. Je suis convaincue que ça a des conséquences.
Si on croit en un principe et des valeurs, le minimum me semble effectivement de ne pas prétendre publiquement et avec moults arguments qu'on est légitime dans certains circonstances à prôner des idées inverses.
En gros, les gens qui font des blagues sur la mort de Trump, bah ça me fait rigoler et je trouve ça sans conséquence. Mais ceux qui viennent revendiquer le droit de souhaiter sa mort au nom de ses actions, des victimes, de la justice ou autre, et qui s'énervent sur ceux qui sont dérangés par ces déclarations, je trouve que c'est un chemin inquiétant à légitimer.