Je me situais au niveau du forum (un des rares endroits où c'est mal vu en général d'assumer les souhaits de morts)
Hum ça par contre, c'est visiblement pas tant que ça le cas vu le nombre de messages qui ont réagi après le mien en assumant ses souhaits de mort comme un badge militant et en affirmant que c'était se ranger du côté de l'oppresseur et être problématique que d'appeler à ne pas se réjouir publiquement de la mort de Trump
Déso, je trolle un peu mais j'avoue que c'est jamais très agréable de voir ses propos simplifiés à l'extrême pour servir l'envie d'un tiers d'exprimer sa colère librement
Mais ce trollage ne s'adresse pas à toi
@Adaline : encore une fois, merci de prendre le temps de répondre calmement, de manière argumentée et posée à mon message sans pour autant avoir le même avis!
S'il y a un tel retour envers la peine de mort, je pense que c'est pas tant parce que la parole se decomplexe sur le sujet mais parce qu'il y a déjà une volonté de retour à la peine capitale et que les réseaux sociaux nous donnent l'occasion de le constater de manière plus visible.
Perso, je suis convaincue que les deux phénomènes vont de pair et s'alimentent l'un l'autre. La libération de la parole libère la pensée car elle fait "réaliser" à de nombreuses personnes que c'est ok d'avoir cette opinion, de la creuser, de la développer, de l'assumer, et ça participe à la radicalisation de certaines opinions. Mais la parole ne se libère évidemment pas seule, il faut que quelqu'un allume la mèche au début et ne soit pas empêché de le faire. C'est comme ça que l'extrême-droite connait une montée actuellement, c'est un cercle vicieux : plus on laisse des gens exposer leurs idées d'extrême-droite, plus ça laisse penser à ceux qui n'osaient pas avoir de telles idées qu'en fait, c'est totalement acceptable et pertinent comme idées. Et du coup, ces personnes commencent à explorer une idéologique qu'ils n'avaient pas envisagée avant.
Je crains personnellement que ce soit la même chose avec la violence et la rage qui ont tendance à être érigées en valeurs militantes centrales dotées d'une certaine pureté par le militantisme digital, que si on s'engage tous azimuts sur toutes les causes avec la même rage, ça va renverser certaines valeurs pour le reste du public aussi.
Et attention, je suis persuadée que la colère est souvent nécessaire dans les changements sociaux car c'est une force motrice qui pousse à l'action mais la cultiver sur le long terme, comme un principe fondateur de sa cause, porte aussi ses risques de toxicité. Quant à la violence, même si elle me parait nécessaire ponctuellement pour se libérer de l'oppression, je ne vois pas comment on peut à la fois adopter de manière systémique les modes d'action de l'oppresseur et espérer changer en profondeur un système construit sur la base de ces modes d'action.
Donc perso, je suis vraiment très méfiante face au discours militant qui nous encourage à ressentir une colère permanente et légitime l'expression violente. Je ne vois pas comment on peut survivre mentalement au fil des ans en supportant une telle charge en soi, sans discontinuer. Pour moi, ça ne mène qu'à deux chemins pour les militants les plus anciens : soit ils adoptent un point de vue de plus en plus radical, soit ils se détachent du mouvement voire abandonnent complètement. Et autant je pense que le radicalisme est essentiel pour faire avancer certaines réflexions, autant c'est évident que tout le monde ne sera pas radical : pourquoi devrait-on perdre ces militants sur le long terme? Il y aura toujours du boulot, le système ne changera pas en 2 ans. Il me parait donc nécessaire de développer un équilibre militant entre la lutte contre l'oppresseur et la possibilité pour les individus qui militent de trouver une certaine paix personnelle, c'est comme ça que des vieux militants non-radicaux restent investis après des décennies de lutte, mais ce n'est pas comme ça que les réseaux sociaux sont conçus malheureusement.
Donc même au nom de la justice sociale et de l'oppression, je crains que le discours de colère et de violence militant, s'il est trop généralisé et sort du cercle militant notamment via des personnalités plutôt modérées qui ont une audience non-militante, puisse finir par influencer le grand public aussi, notamment sur la question de la peine de mort et des châtiments.
Mais voilà, j'ai bien compris que les intervenantes sur ce topic ont un avis globalement différent et assez arrêté, et du coup je ne suis pas sûre que ça serve à grand-chose pour moi d'intervenir indéfiniment ici, je tiens à mon équilibre militantisme-paix personnelle et je ressens un poil d'hostilité vis-à-vis de mon avis