« L'image des enseignants », plus importante que la lutte contre le harcèlement scolaire ?

2 Juin 2015
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L'autre souci c'est que l'éducation national est un éléphant, un mammouth et il faut de la force et de la volonté pour que ça bouge. Il suffit qu'un maillon (principal, CPE, ou un des profs) dysfonctionne pour que rien ne puisse se faire face au harcèlement d'un élève.
 
16 Juin 2008
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Le Mans
du coup avec tout ce que vous me dites concernant les sanctions contre un prof, je trouve cela vraiment pas normal :erf:
si c'était avec un adulte sur son lieux de travail ça ne se passerait pas comme ça, pareil que si c'était avec un enfant dans un lieu autre que l'école.
je ne comprend vraiment pas, pourquoi ou comment, l'école peut être un lieu où les lois et le doit français n'ont pas à s'appliquer :sweatdrop:
 
25 Janvier 2015
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Je trouve assez incroyable que l'on parle du harcèlement, en général et dans ce clip, comme étant une affaire avec pour seuls acteurs les élèves et les profs. Pour moi, ce clip ne montre qu'une situation caricaturale avec des personnages caricaturés aussi, d'où un manque de respect évident de tous ceux qui y sont représentés.
Il est dit et répété à juste titre qu'une victime doit aller voir un adulte. Je me mets à la place du petit garçon : franchement, je ne me verrais pas me tourner vers cette prof pour lui demander de l'aide ! À aucun moment on ne voit un adulte référent digne de recevoir la souffrance de l'enfant et une ébauche d'une situation qui évoluerait vers une solution pour lui. Alors oui, des profs se sont sentis bafoués dans leur mission parce qu'ils la prennent à cœur. Najat, qui ne maîtrise aucun des sujets qu'elle prétend porter en temps que ministre (évaluation, réforme du collège, harcèlement...) , n'est pas capable de s'appuyer sur ce qui se fait déjà et sur des supports de qualité déjà existant. Ah ! On a remis la morale au goût du jour agrémenté d'un "Démerdez-vous avec ça, les profs". Auparavant on appelait ça "éducation civique" puis maintenant aussi "vivre ensemble". Tous les jours les profs dignes de ce nom gèrent des problèmes relationnels entre leurs élèves en classe (et en récréation de surcroît pour les primaires et les maternelles) Tous les jours il d oivent faire avec un manque de vocabulaire qui fait confondre "accident" et "fait exprès", "il m'a tapé" et "On s'est rentré dedans parce qu'on ne regardait pas où on allait." Alors, oui, le harcèlement existe et il faut le combattre et soutenir les victimes. Mais on se rend vite compte que ces victimes sont aussi noyées dans un climat de violences devenu la norme(les chiquettes sont un jeu, dixit ma fille de 13 ans ! Tout comme "Gros", "Salope" et autres noms d'oiseaux qui ne sont pour les gamins que du langage de jeun's auquel les adultes ne comprennent rien ! ). Les enfants se sentent agressés à juste titre par l'attitude de leur pairs ? Mais eux même génèrent de la violence "pour ne pas perdre la face" et ne reconnaissent que rarement leur responsabilité. C'est le devoir des adultes d'apprendre cela aux enfants. Les profs ne sont pas les seuls responsables de l'éducation à la citoyenneté. Chacun de nous porte le devoir civique. Le harcèlement est le problème de la société entière, pas de l'école seulement.
Les profs, comme les flics, sont les premiers fonctionnaires d'état à être en contact permanent avec les français et à devoir faire avec ce que la société leur présente (une classe et les parents d'élèves, ce n'est pas le monde des bisounours !). Dans ce clip, la ministre accrédite une fois de plus le fait de faire passer les profs pour des crétins qui ne voient rien et ne font rien. C'est impossible à entendre pour ceux qui font leur boulot correctement. Je suis profondément touchée et désolée pour toutes les victimes. Mais ce n'est pas en tapant sur les profs que la situation s'améliorera. Il faut au contraire les soutenir, eux qui voient les enfants plus de temps dans la journée que les parents eux-mêmes, pour que le courage de dénoncer et de travailler contre le harcèlement fasse tache d'huile et se répande.

Najat affiche sans vergogne ce partenariat avec Disney alors que la publicité à l'Éducation Nationale est formellement interdite. (Il est par exemple formellement interdit d'apporter en classe un paquet de céréales, une brique de lait ou un pot de confiture sans en avoir noirci la marque dans le cadre de l'enseignement de l'hygiène alimentaire !) Encore une preuve de son ignorance.
Mais bon, le clip n'a rien coûté, et qu'une société américaine s'imisse dans l'école républicaine française, ça ne pose de problème à personne puisque le gouvernement avec l'Europe est en train de se faire enfiler sans vaseline par les USA et leur marché transatlantique ! Le jour où Disney mettra son nez dans les programmes, on ne pourra peut-être pas les en dégager !

Vous allez me dire que je m'éloigne du sujet. D'accord. ...Mais pas tant que ça : c'est dans l'air du temps de vouloir qu'on avale des couleuvres !
 
6 Juin 2010
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Somewhere over the rainbow
@Kakemphaton : ça me fait plaisir ^^ J'avais peur de te blesser parce que c'est quand même un sujet super sensible, on peut vite avoir un mot malheureux sans le vouloir. Sinon en effet c'est flippant, parce que le prof dont je te parle avait aussi des comportements sexuellement plus que limite... Avec les élèves ça restait verbal mais mes parents m'ont parlé d'une pionne qui avait démissionné en catastrophe au bout de la énième main aux fesses. Après il avait la cinquantaine passée à l'époque, je ne sais pas quel âge tu as mais il n'exerce plus depuis longtemps. Il est peut-être même mort. Je ne sais pas si ses victimes vont bien aujourd'hui... Mes parents ça va, mais ils étaient deux et c'étaient des adultes... J'espère.

Je ne sais pas trop pourquoi il est si difficile de sanctionner un prof. Je me souviens d'un prof de physique-chimie quand j'étais moi-même lycéenne. Il était très gentil mais...nul. Vraiment. Ses cours étaient bourrés de fautes (pas des fautes de français, hein, des erreurs dans sa propre matière). Il ne savait pas mener une expérience. A fait exploser des trucs plusieurs fois (bon rien de dangereux avec le matos d'un lycée mais quand même). Tout le monde le savait, résultat on ne lui confiait jamais de classes de S, que des seconde. Et c'est tout. Pour le harcèlement c'est pareil. Dans mon lycée y avait un prof d'EPS connu pour avoir des comportements limite avec les filles, tout. le. monde. était au courant. Et rien.

Je suppose que les plaintes sont rares car les élèves sont mineurs, les parents pas présents, la parole des victimes mise en doute. Et puis la hiérarchie a peur du scandale.

Je pense vraiment qu'il faudrait des spécialistes du harcèlement dans les établissements moi aussi, mais comme je disais, y a même pas un infirmier à plein temps donc bon. Et je trouve aussi que c'est important de parler des handicaps même si ici c'est pas trop le sujet, parce qu'en école publique c'est vraiment, passe-moi l'expression, une putain de bordel de catastrophe.
 
24 Novembre 2014
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Je sors de mon sous-marin en espérant ne pas redire ce que des madz ont déjà exprimé plus haut (même en étant attentive, je suis peut-être passée à côté, n'hésitez pas à me le dire, j'éditerai :fleur:)

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Le harcèlement scolaire existe, et parfois malheureusement de façon aussi violente que la situation présentée dans la vidéo. J'ai lu que certaines madz trouvaient les cas, les réactions caricaturaux, mais je pense plutôt qu'ils sont extrêmes mais pas nécessairement caricaturaux. Le gamin qui se fait pourrir par les autres élèves pendant que le prof a le dos tourné et celui-ci qui ne voit pas, j'en ai été témoin en tant que médiatrice scolaire. ça ne veut pas dire que le professeur s'en fiche, ou qu'il est mauvais, ou tout autre jugement négatif, ni que la situation est habituelle, ordinaire. Et ça, ils ne l'ont pas montré dans la vidéo. Comme l'a dit une madz plus haut (désolée, je n'ai pas retrouvé ton nom:fleur:), l'adulte disparaît, il nous semble inutile à nous spectateurs, obligeant les enfants à s'occuper d'eux tous seuls. De mon point de vue, c'est ça qui est extrêmement violent et injuste, de construire un personnel éducatif absent de la situation (qui devient donc un personnage négatif), et non pas de nous montrer une telle scène. La situation existe mais il aurait été plus pertinent, plus humain, plus salutaire, plus tout-ce-que-vous-voulez, de montrer que le-la professeur-e est là, prêt à voir, à entendre, à aider. Pour moi, cette vidéo a été construite sur la base de cette "rumeur "qui existait quand j'étais élève, et que j'entends encore aujourd'hui dans ma pratique professionnelle, qui dit que "les profs s'en foutent de leurs élèves". Cette vidéo colporte cette idée vraiment mauvaise, et ne peut donc avoir un impact positif ni sur le corps enseignant ni sur les élèves. Les uns parce qu'ils sont jugés incapables d'aider car ne voyant rien, et les autres parce qu'ont leur montre qu'ils doivent se débrouiller seuls, sans adulte, face à quelque chose de beaucoup trop grand pour eux.

Du coup, forcément je me pose la question: est-ce que vraiment les professeurs, et plus largement tout "agent de terrain", ont été consulté-es pour cette campagne? Parce que non l'image des enseignants n'est pas plus importante que la réalité du harcèlement scolaire, mais on ne pourra pas lutter contre cette situation si on ne soigne pas l'image de nos profs, déjà bien trop piétinée... enfin, il me semble:dunno:

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5 Septembre 2015
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Salut !

Hier, j'ai été confrontée à un quelque chose qui m'a fait penser et réfléchir de nouveau à ce post et au débat qui l'a animé. Deux élèves (de ma classe) différents ont craché sur deux enfants différents (qui ne sont pas dans ma classe) à la récréation et une élève (de ma classe) a giflé une autre (de ma classe). J'ai parlé aux enfants qui ont commis les faits, je leur ai expliqué qu'il ne fallait pas faire ça, je leur ai mis un nuage (un tableau de comportement que les enseignantes en maternelle doivent connaître...) et j'ai parlé avec leurs parents. Sur les trois, je n'ai vu que deux mamans, je n'ai rencontré qu'une seule fois la troisième, donc j'ai mis un mot dans le cahier de correspondance. J'avais, à la réunion parents-professeurs du début d'année expliqué que la violence et la moquerie étaient des choses intolérables pour moi et que j'allais me battre pour un climat bienveillant et sain au sein de ma classe, pour un meilleur apprentissage. La maman de celle qui a craché a dit à sa fille qu'il ne fallait pas faire ça, lui a demandé si elle s'était excusée et m'a demandé ce que j'avais mis en place. Elle a terminé la conversation en me remerciant et en m'expliquant qu'elle allait parler à sa fille. L'autre maman m'a dit "oh bah il faut laisser les enfants s'amuser !" en caressant les cheveux de son garçon (très mignon et très gentil, sauf à la récré) J'ai insisté sur le côté humiliant et dégradant du crachat et du fait qu'on ne crachait pas par terre, donc cracher sur quelqu'un ? Mais elle n'a pas semblé comprendre l'importance de la situation et pire encore, elle était surtout persuadée que son fils n'était pas capable de faire ça.
Sur les trois victimes, deux sont venues me voir, le troisième méfait a été dénoncé par d'autres élèves. En classe, j'ai réexpliqué qu'il ne fallait pas cracher, se moquer, taper, pousser ou insulter les autres enfants. J'ai dit aussi que quand ça arrivait il fallait me le dire et que c'était grave. Je suis allée parler avec la troisième victime (qui n'est pas venue me voir) et quand je lui ai demandé pourquoi elle ne m'avait pas parlé, elle m'a répondu "parce que X a fait ça pour jouer" donc j'ai expliqué que ce n'était pas marrant et que si le jeu ne lui plaisait pas, il fallait le dire et là, une gifle, c'est pas marrant et c'est pas pour jouer, qu'on ne doit pas laisser faire ni accepter ça. Elle m'a dit d'accord, mais je sais que je vais devoir faire attention car elle ne viendra pas + me voir.
On a donc 6 enfants (les 3 qui ont craché/frappé et 3 victimes) et, vous le constatez, des personnalités bien différentes. Régler ce problème et expliquer les tenants et les aboutissants m'a pris environ 1 heures (démêler le vrai du faux, discuter avec les enfants, avec les parents, écrire dans le cahier etc) et je sais que je vais le refaire pendant l'année. Mais ça fait parti du métier, alors je n'ai aucun problème avec ça et je l'accepte.

Ca c'était pour l'anecdote de "mise en place" qui a permis la réflexion qui va suivre.

Sans vouloir rentrer de nouveau dans le débat, je pense qu'il y a depuis le début de ce post un malentendu assez important à la lecture de l'article. Je ne pense pas que beaucoup enseignant pense que son image est plus importante que le harcèlement scolaire et aucun enseignant n'a dit ici que les victimes de harcèlement scolaire n'étaient pas des victimes et personne n'a nié leur souffrance. Ce que je trouve dommage, et ça a été fait dans toutes les réponses, c'est que beaucoup de gens ont nié que ce clip donnait une mauvaise image de l'enseignant, soit parce que ça existe, soit parce que ce n'est pas le sujet. Des enseignants comme celle du clip existe sûrement, mais je suis triste que ce soit celle ci qui soit mise en avant dans la diffusion d'un clip à propos d'un sujet aussi important. Et si, c'est le sujet, car un enseignant en qui on a confiance et que l'on respecte est un enseignant qui a + de parole qu'un enseignant qui n'est pas respecté et en qui on n'a pas confiance.

J'ai l'impression que l'angle de l'article a été mal choisi et que le sujet tenait trop à coeur à @Clemence Bodoc et que ce n'était pas forcément la bonne personne pour en parler car il y a un manque flagrant de recul. (Ce n'est pas un reproche, c'est une simple constatation, après réflexion)
Je continue de dire que le clip donne une mauvaise image des enseignants, et j'aimerais aussi qu'il soit supprimé, puis tourné de nouveau. L'angle de vue peut être le même, je peux éventuellement le comprendre, mais une enseignante moins caricaturale et plus réaliste serait la bienvenue.

Pourquoi l'angle de l'article n'est pas forcément le meilleur : parce qu'on ne comprend pas dans l'article s'il souhaite défendre le harcèlement scolaire ou "taper" sur les syndicats enseignants (et, par logique, ceux qui pensent pareil.) S'il est à propos du harcèlement scolaire, pour en discuter avec les victimes, alors toute la partie à propos des syndicats enseignants n'est pas la bienvenue, parce que, évidemment, que certains vont monter au créneau et, par effet de masse, silencier (sans que ce soit le but), les victimes. Si on veut simplement taper sur les syndicats qui veulent la suppression du clip alors il faut laisser de côté toute la partie "lutte contre le harcèlement". Car l'angle qui est choisi ici lance automatiquement une dualité qui n'a pas lieu d'être et qui n'est, à aucun moment, la volonté de quiconque. A savoir, comme le dit le titre : "l'image de l'enseignant" est-elle plus importante que le harcèlement scolaire ? Ce n'est tout simplement pas le problème. Vouloir la suppression du clip n'est pas demander la fin de la lutte contre le harcèlement scolaire. Vouloir la suppression du clip n'est pas, non plus, nier l'existence du harcèlement scolaire. Vouloir la suppression du clip c'est, simplement, dire : "nous ne sommes pas cette femme. Ne dites pas aux parents de nos élèves que nous pouvons être cette femme qui écrit mal et qui ne se préoccupe de rien". C'est beaucoup trop caricatural. Car, même si la cible est les 7-11 ans, les spectateurs seront aussi des parents et ils n'auront pas la même vision que les 7-11 ans.

J'était en colère contre toi, @Clemence Bodoc parce qu'en lisant les enseignants et en participant a ce sujet, j'ai l'impression que nous sommes obligés de nous justifier sur une situation que tu ne connais pas. Et j'ai aussi l'impression de silencier les victimes de harcèlement scolaire alors que ce n'est pas ma volonté, simplement, ce n'est pas le sujet de mes revendications. Et je crois, encore une fois, à un immense malentendu : dans la lutte contre le harcèlement, l'image de l'enseignant doit être bonne, simplement. Je ne suis pas en colère contre les victimes de harcèlement scolaire (Dieu merci !), je suis en colère contre mon ministère et contre les gens qui ont fait ce clip sans voir en quoi l'image donnée de l'enseignant est problématique. Je suis aussi en colère car personne n'écoute mes revendications et j'ai l'impression de lire partout que c'est de l'égo mal placé. Je suis en colère quand je lis "ah bah c'est bien que les enseignants réagissent, c'est rassurant de voir qu'ils ne sont pas comme ça". Je suis en colère parce que, face à mes revendications, on m'a dit "certaines victimes n'osent pas s'exprimer" alors que j'ai aussi reçu des messages d'enseignant-e-s me remerciant de mes posts et m'expliquant qu'elles n'avaient pas le courage de se prendre les murs que les enseignants de ce post se prennent depuis le début. Je suis en colère car on refuse de voir qu'il y a un problème dans ce clip, et on me dit simplement "tais toi, tu empêches les autres de s'exprimer" alors qu'il y a deux victimes d'un combat différent. Il faut simplement se rendre compte qu'il y a l'Enseignant (c'est à dire le statut, ce qu'on imagine et ce qu'on attend d'un enseignant) et de l'autre côté, l'être humain qui se cache derrière l'Enseignant. Certaines personnes qui exercent la profession d'enseignant ont été les bourreaux de certaines victimes, mais il ne faut pas que les gens pensent que l'Enseignant (le statut) soient + souvent du côté du bourreau que des victimes. (Je ne sais pas si je suis claire ?)

Il n'y a pas une victime et un bourreau entre les enseignants et les élèves dans cette lutte. Evidemment, certains enseignants ont été les bourreaux de certaines victimes. Mais nous, enseignants, sommes victimes de notre statut (devoir enseigner et éduquer une partie de la population, beaucoup d'attentes reposent sur nos épaules) et de notre ministère (qui ne se gène pas pour montrer une image aussi nulle des enseignants en France) De l'autre côté, les victimes de harcèlement scolaire qui ont tout un tas de bourreaux : les enfants, les adultes de l'établissement, les adultes de leur entourage. Je n'imagine pas ce que c'est que de vivre dans cette solitude et avec cette détresse. Et croyez-moi, je trouve ça bien bien malheureux. Mais je trouve aussi très malheureux qu'un site comme madmoizelle.com tape sur une partie des enseignants dans un article comme ça.
 
Dernière édition :
6 Octobre 2012
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Paris
En tant qu'ex victime de harcèlement, l'image du professeur donnée dans ce clip et la "résolution" à la fin me posent un gros problème.

J'ai été victime de brimades tout au long du collège : moqueries, coups, rumeurs, "sales blagues", réflexions agressives et j'en passe et, effectivement, mes professeurs n'ont rien fait.
Mais je ne leur ai rien dit. J'ai parfois protesté face à un mensonge (comme les deux fois où j'ai été accusée de sécher les cours car la déléguée avait "oublié" de me prévenir qu'un prof qui devait être absent serait là au final), vaguement tenté d'avoir de la visibilité par rapport à ça, mais jamais je ne suis allée voir le CPE pour lui dire "monsieur, Machine et Truc volent régulièrement ma trousse dans mon sac pour la vider dans la poubelle" ou mes professeurs principaux pour expliquer que ces mêmes personnes avaient vidé une cartouche d'encre rouge sur ma chaise, mis un chewing-gum dans mes cheveux ou me lançaient des ballons de volley à la figure.
Pourquoi je ne l'ai pas fait? Je n'en sais rien. Pas envie d'être une balance, peur que ça devienne pire si mes bourreaux récoltaient une sanction, impression que c'était de ma faute et que je "méritais" tout ça... Je ne sais plus, mais dans tous les cas, j'ai préféré me renfermer sur moi même et ne pas en parler.

C'est pour ça que l'image de cette enseignante et, plus encore, cette fin où le gamin harcelé en parle à une autre enfant me gène énormément.
Les enfants et adolescent ont déjà énormément de raisons de ne pas parler de ces problèmes aux adultes, et pour moi ce clip les encourage dans ce sens alors qu'il vaudrait mille fois mieux pour eux en parler à un adulte. Parce que même s'ils ne se sentiront pas tous concernés ou ne sauront pas forcément comment réagir, il y a quand même plus de possibilités que ça aboutisse à une solution que rester seul.
En parler avec des amis du même âge, c'est bien gentil, mais déjà, c'est pas toujours possible (beaucoup ne veulent pas s'approcher du souffre douleur pour éviter de subir le même sort) et ça donne peut être un soutient mais ça a très peu de chance de régler le problème.
Alors pourquoi cette fin façon "ça reste entre élèves"? Je comprends que ça reste en travers de la gorge de pas mal d'enseignants...
 
13 Janvier 2014
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Je sors un peu du sujet, mais je voudrais rappeler une dernière chose à ceux (dont Madame la Ministre) qui demandent d'être indulgents parce que le clip est "gratuit" :
Si c'est gratuit, c'est vous le produit.

Comment l'ont rappelé d'autres avant moi, le D de Disney sur une communication du ministère, ça fait un peu mal... Je sais quel c'est la crise et que c'est pour une bonne cause, mais quand même !
 
@Talabat- merci de dire les choses de manière posée et intelligente :fleur:
Je pense aussi que le problème n'est pas qu'il y a des profs comme ça ou des situations comme ça. Le problème est que ce clip va diffuser dans la tête de milliers d'enfants que les profs sont comme ça et qu'il faut en parler à ses amis d'abord, le tout bien renforcé par le tampon éducation nationale ET le tampon Disney, et ça, c'est pas très cool pour tous les profs qui essaient de faire quelque chose et pour tous les profs qui vont vouloir faire quelque chose.
A oui et justement, les profs aussi regardent le clip (beaucoup d'entre nous ont la télé, en fait. On fait partie de cette catégorie très large qui s'appelle "des gens".). Ce clip ne donne pas envie apparemment - je me trompe ? - aux profs de lutter contre le harcèlement parce qu'il les rend amers. Vous voulez vraiment avoir l'amertume de la principale personne que vous contrôlez et qui, à part la télé, a suffisamment d'influence sur les enfants pour pouvoir faire quelque chose contre le harcèlement ? Non, pas vraiment non, c'est bien ce qui me semblait.

D'un point de vue politique (dans le sens machiavélien : parvenir à son but en usant des moyens qui lui sont le plus propres), c'est un fiasco total : les enfants vont en parler à leur amis - si tant est qu'ils en aient, les cas les plus graves de harcèlement sont malheureusement très solitaires... - et ça ne résoudra rien. Les profs seront bien amers et n'auront pas envie de lutter contre le harcèlement parce que de toute façon, vous leur avez donné une image de gens qui s'en foutent et qui font mal leur boulot.

On aurait voulu s'y prendre mal qu'on n'aurait pas fait mieux je crois. Et ce, en se tenant à un point de vue rigoureusement politique d'analyse des conséquences (sans tenir compte des intentions).
 
28 Novembre 2012
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Salut !

Hier, j'ai été confrontée à un quelque chose qui m'a fait penser et réfléchir de nouveau à ce post et au débat qui l'a animé. Deux élèves (de ma classe) différents ont craché sur deux enfants différents (qui ne sont pas dans ma classe) à la récréation et une élève (de ma classe) a giflé une autre (de ma classe). J'ai parlé aux enfants qui ont commis les faits, je leur ai expliqué qu'il ne fallait pas faire ça, je leur ai mis un nuage (un tableau de comportement que les enseignantes en maternelle doivent connaître...) et j'ai parlé avec leurs parents. Sur les trois, je n'ai vu que deux mamans, je n'ai rencontré qu'une seule fois la troisième, donc j'ai mis un mot dans le cahier de correspondance. J'avais, à la réunion parents-professeurs du début d'année expliqué que la violence et la moquerie étaient des choses intolérables pour moi et que j'allais me battre pour un climat bienveillant et sain au sein de ma classe, pour un meilleur apprentissage. La maman de celle qui a craché a dit à sa fille qu'il ne fallait pas faire ça, lui a demandé si elle s'était excusée et m'a demandé ce que j'avais mis en place. Elle a terminé la conversation en me remerciant et en m'expliquant qu'elle allait parler à sa fille. L'autre maman m'a dit "oh bah il faut laisser les enfants s'amuser !" en caressant les cheveux de son garçon (très mignon et très gentil, sauf à la récré) J'ai insisté sur le côté humiliant et dégradant du crachat et du fait qu'on ne crachait pas par terre, donc cracher sur quelqu'un ? Mais elle n'a pas semblé comprendre l'importance de la situation et pire encore, elle était surtout persuadée que son fils n'était pas capable de faire ça.
Sur les trois victimes, deux sont venues me voir, le troisième méfait a été dénoncé par d'autres élèves. En classe, j'ai réexpliqué qu'il ne fallait pas cracher, se moquer, taper, pousser ou insulter les autres enfants. J'ai dit aussi que quand ça arrivait il fallait me le dire et que c'était grave. Je suis allée parler avec la troisième victime (qui n'est pas venue me voir) et quand je lui ai demandé pourquoi elle ne m'avait pas parlé, elle m'a répondu "parce que X a fait ça pour jouer" donc j'ai expliqué que ce n'était pas marrant et que si le jeu ne lui plaisait pas, il fallait le dire et là, une gifle, c'est pas marrant et c'est pas pour jouer, qu'on ne doit pas laisser faire ni accepter ça. Elle m'a dit d'accord, mais je sais que je vais devoir faire attention car elle ne viendra pas + me voir.
On a donc 6 enfants (les 3 qui ont craché/frappé et 3 victimes) et, vous le constatez, des personnalités bien différentes. Régler ce problème et expliquer les tenants et les aboutissants m'a pris environ 1 heures (démêler le vrai du faux, discuter avec les enfants, avec les parents, écrire dans le cahier etc) et je sais que je vais le refaire pendant l'année. Mais ça fait parti du métier, alors je n'ai aucun problème avec ça et je l'accepte.

Ca c'était pour l'anecdote de "mise en place" qui a permis la réflexion qui va suivre.

Sans vouloir rentrer de nouveau dans le débat, je pense qu'il y a depuis le début de ce post un malentendu assez important à la lecture de l'article. Je ne pense pas que beaucoup enseignant pense que son image est plus importante que le harcèlement scolaire et aucun enseignant n'a dit ici que les victimes de harcèlement scolaire n'étaient pas des victimes et personne n'a nié leur souffrance. Ce que je trouve dommage, et ça a été fait dans toutes les réponses, c'est que beaucoup de gens ont nié que ce clip donnait une mauvaise image de l'enseignant, soit parce que ça existe, soit parce que ce n'est pas le sujet. Des enseignants comme celle du clip existe sûrement, mais je suis triste que ce soit celle ci qui soit mise en avant dans la diffusion d'un clip à propos d'un sujet aussi important. Et si, c'est le sujet, car un enseignant en qui on a confiance et que l'on respecte est un enseignant qui a + de parole qu'un enseignant qui n'est pas respecté et en qui on n'a pas confiance.

J'ai l'impression que l'angle de l'article a été mal choisi et que le sujet tenait trop à coeur à @Clemence Bodoc et que ce n'était pas forcément la bonne personne pour en parler car il y a un manque flagrant de recul. (Ce n'est pas un reproche, c'est une simple constatation, après réflexion)
Je continue de dire que le clip donne une mauvaise image des enseignants, et j'aimerais aussi qu'il soit supprimé, puis tourné de nouveau. L'angle de vue peut être le même, je peux éventuellement le comprendre, mais une enseignante moins caricaturale et plus réaliste serait la bienvenue.

Pourquoi l'angle de l'article n'est pas forcément le meilleur : parce qu'on ne comprend pas dans l'article s'il souhaite défendre le harcèlement scolaire ou "taper" sur les syndicats enseignants (et, par logique, ceux qui pensent pareil.) S'il est à propos du harcèlement scolaire, pour en discuter avec les victimes, alors toute la partie à propos des syndicats enseignants n'est pas la bienvenue, parce que, évidemment, que certains vont monter au créneau et, par effet de masse, silencier (sans que ce soit le but), les victimes. Si on veut simplement taper sur les syndicats qui veulent la suppression du clip alors il faut laisser de côté toute la partie "lutte contre le harcèlement". Car l'angle qui est choisi ici lance automatiquement une dualité qui n'a pas lieu d'être et qui n'est, à aucun moment, la volonté de quiconque. A savoir, comme le dit le titre : "l'image de l'enseignant" est-elle plus importante que le harcèlement scolaire ? Ce n'est tout simplement pas le problème. Vouloir la suppression du clip n'est pas demander la fin de la lutte contre le harcèlement scolaire. Vouloir la suppression du clip n'est pas, non plus, nier l'existence du harcèlement scolaire. Vouloir la suppression du clip c'est, simplement, dire : "nous ne sommes pas cette femme. Ne dites pas aux parents de nos élèves que nous pouvons être cette femme qui écrit mal et qui ne se préoccupe de rien". C'est beaucoup trop caricatural. Car, même si la cible est les 7-11 ans, les spectateurs seront aussi des parents et ils n'auront pas la même vision que les 7-11 ans.

J'était en colère contre toi, @Clemence Bodoc parce qu'en lisant les enseignants et en participant a ce sujet, j'ai l'impression que nous sommes obligés de nous justifier sur une situation que tu ne connais pas. Et j'ai aussi l'impression de silencier les victimes de harcèlement scolaire alors que ce n'est pas ma volonté, simplement, ce n'est pas le sujet de mes revendications. Et je crois, encore une fois, à un immense malentendu : dans la lutte contre le harcèlement, l'image de l'enseignant doit être bonne, simplement. Je ne suis pas en colère contre les victimes de harcèlement scolaire (Dieu merci !), je suis en colère contre mon ministère et contre les gens qui ont fait ce clip sans voir en quoi l'image donnée de l'enseignant est problématique. Je suis aussi en colère car personne n'écoute mes revendications et j'ai l'impression de lire partout que c'est de l'égo mal placé. Je suis en colère quand je lis "ah bah c'est bien que les enseignants réagissent, c'est rassurant de voir qu'ils ne sont pas comme ça". Je suis en colère parce que, face à mes revendications, on m'a dit "certaines victimes n'osent pas s'exprimer" alors que j'ai aussi reçu des messages d'enseignant-e-s me remerciant de mes posts et m'expliquant qu'elles n'avaient pas le courage de se prendre les murs que les enseignants de ce post se prennent depuis le début. Je suis en colère car on refuse de voir qu'il y a un problème dans ce clip, et on me dit simplement "tais toi, tu empêches les autres de s'exprimer" alors qu'il y a deux victimes d'un combat différent. Il faut simplement se rendre compte qu'il y a l'Enseignant (c'est à dire le statut, ce qu'on imagine et ce qu'on attend d'un enseignant) et de l'autre côté, l'être humain qui se cache derrière l'Enseignant. Certaines personnes qui exercent la profession d'enseignant ont été les bourreaux de certaines victimes, mais il ne faut pas que les gens pensent que l'Enseignant (le statut) soient + souvent du côté du bourreau que des victimes. (Je ne sais pas si je suis claire ?)
.

Ce serait formidable que ton commentaire soit publié comme article ! Il est bien plus juste que tout ce qui a pu être écrit sur le sujet, et parfaitement clair dans sa forme.

Merci d'avoir exprimé ce que de nombreux enseignants ont essayé de faire comprendre tout au long de la discussion.
 

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