Salut !
Hier, j'ai été confrontée à un quelque chose qui m'a fait penser et réfléchir de nouveau à ce post et au débat qui l'a animé. Deux élèves (de ma classe) différents ont craché sur deux enfants différents (qui ne sont pas dans ma classe) à la récréation et une élève (de ma classe) a giflé une autre (de ma classe). J'ai parlé aux enfants qui ont commis les faits, je leur ai expliqué qu'il ne fallait pas faire ça, je leur ai mis un nuage (un tableau de comportement que les enseignantes en maternelle doivent connaître...) et j'ai parlé avec leurs parents. Sur les trois, je n'ai vu que deux mamans, je n'ai rencontré qu'une seule fois la troisième, donc j'ai mis un mot dans le cahier de correspondance. J'avais, à la réunion parents-professeurs du début d'année expliqué que la violence et la moquerie étaient des choses intolérables pour moi et que j'allais me battre pour un climat bienveillant et sain au sein de ma classe, pour un meilleur apprentissage. La maman de celle qui a craché a dit à sa fille qu'il ne fallait pas faire ça, lui a demandé si elle s'était excusée et m'a demandé ce que j'avais mis en place. Elle a terminé la conversation en me remerciant et en m'expliquant qu'elle allait parler à sa fille. L'autre maman m'a dit "oh bah il faut laisser les enfants s'amuser !" en caressant les cheveux de son garçon (très mignon et très gentil, sauf à la récré) J'ai insisté sur le côté humiliant et dégradant du crachat et du fait qu'on ne crachait pas par terre, donc cracher sur quelqu'un ? Mais elle n'a pas semblé comprendre l'importance de la situation et pire encore, elle était surtout
persuadée que son fils n'était
pas capable de faire ça.
Sur les trois victimes, deux sont venues me voir, le troisième méfait a été dénoncé par d'autres élèves. En classe, j'ai réexpliqué qu'il ne fallait pas cracher, se moquer, taper, pousser ou insulter les autres enfants. J'ai dit aussi que quand ça arrivait il fallait me le dire et que c'était grave. Je suis allée parler avec la troisième victime (qui n'est pas venue me voir) et quand je lui ai demandé pourquoi elle ne m'avait pas parlé, elle m'a répondu "parce que X a fait ça pour jouer" donc j'ai expliqué que ce n'était pas marrant et que si le jeu ne lui plaisait pas, il fallait le dire et là, une gifle, c'est pas marrant et c'est pas pour jouer, qu'on ne doit pas laisser faire ni accepter ça. Elle m'a dit d'accord, mais je sais que je vais devoir faire attention car elle ne viendra pas + me voir.
On a donc 6 enfants (les 3 qui ont craché/frappé et 3 victimes) et, vous le constatez, des personnalités bien différentes. Régler ce problème et expliquer les tenants et les aboutissants m'a pris environ 1 heures (démêler le vrai du faux, discuter avec les enfants, avec les parents, écrire dans le cahier etc) et je sais que je vais le refaire pendant l'année. Mais ça fait parti du métier, alors je n'ai aucun problème avec ça et je l'accepte.
Ca c'était pour l'anecdote de "mise en place" qui a permis la réflexion qui va suivre.
Sans vouloir rentrer de nouveau dans le débat, je pense qu'il y a depuis le début de ce post un malentendu assez important à la lecture de l'article. Je ne pense pas que beaucoup enseignant pense que son image est plus importante que le harcèlement scolaire et aucun enseignant n'a dit ici que les victimes de harcèlement scolaire n'étaient pas des victimes et personne n'a nié leur souffrance. Ce que je trouve dommage, et ça a été fait dans toutes les réponses, c'est que beaucoup de gens ont nié que ce clip donnait une mauvaise image de l'enseignant, soit parce que ça existe, soit parce que ce n'est pas le sujet. Des enseignants comme celle du clip existe sûrement, mais je suis
triste que ce soit celle ci qui soit mise en avant dans la diffusion d'un clip à propos d'un sujet aussi important. Et si, c'est le sujet, car un enseignant en qui on a confiance et que l'on respecte est un enseignant qui a + de parole qu'un enseignant qui n'est pas respecté et en qui on n'a pas confiance.
J'ai l'impression que l'angle de l'article a été mal choisi et que le sujet tenait trop à coeur à
@Clemence Bodoc et que ce n'était pas forcément la bonne personne pour en parler car il y a un manque flagrant de recul. (Ce n'est pas un reproche, c'est une simple constatation, après réflexion)
Je continue de dire que le clip donne une mauvaise image des enseignants, et j'aimerais aussi qu'il soit supprimé, puis tourné de nouveau. L'angle de vue peut être le même, je peux éventuellement le comprendre, mais une enseignante moins caricaturale et plus réaliste serait la bienvenue.
Pourquoi l'angle de l'article n'est pas forcément le meilleur : parce qu'on ne comprend pas dans l'article s'il souhaite défendre le harcèlement scolaire ou "taper" sur les syndicats enseignants (et, par logique, ceux qui pensent pareil.) S'il est à propos du harcèlement scolaire, pour en discuter avec les victimes, alors toute la partie à propos des syndicats enseignants n'est pas la bienvenue, parce que, évidemment, que certains vont monter au créneau et, par effet de masse, silencier (sans que ce soit le but), les victimes. Si on veut simplement taper sur les syndicats qui veulent la suppression du clip alors il faut laisser de côté toute la partie "lutte contre le harcèlement". Car l'angle qui est choisi ici lance automatiquement une dualité qui n'a pas lieu d'être et qui n'est, à aucun moment, la volonté de quiconque. A savoir, comme le dit le titre : "l'image de l'enseignant" est-elle plus importante que le harcèlement scolaire ?
Ce n'est tout simplement pas le problème. Vouloir la suppression du clip n'est pas demander la fin de la lutte contre le harcèlement scolaire. Vouloir la suppression du clip n'est pas, non plus, nier l'existence du harcèlement scolaire. Vouloir la suppression du clip c'est, simplement, dire : "nous ne sommes pas cette femme. Ne dites pas aux parents de nos élèves que nous pouvons être cette femme qui écrit mal et qui ne se préoccupe de rien". C'est beaucoup trop caricatural. Car, même si la cible est les 7-11 ans, les spectateurs seront aussi des parents et ils n'auront pas la même vision que les 7-11 ans.
J'était en colère contre toi,
@Clemence Bodoc parce qu'en lisant les enseignants et en participant a ce sujet, j'ai l'impression que nous sommes obligés de nous justifier sur une situation que tu ne connais pas. Et j'ai aussi l'impression de silencier les victimes de harcèlement scolaire alors que
ce n'est pas ma volonté, simplement, ce n'est pas le sujet de mes revendications. Et je crois, encore une fois, à un immense malentendu : dans la lutte contre le harcèlement, l'image de l'enseignant
doit être bonne, simplement. Je ne suis pas en colère contre les victimes de harcèlement scolaire (Dieu merci !), je suis en colère contre mon ministère et contre les gens qui ont fait ce clip sans voir en quoi l'image donnée de l'enseignant est problématique. Je suis aussi en colère car personne n'écoute mes revendications et j'ai l'impression de lire partout que c'est de l'égo mal placé. Je suis en colère quand je lis "ah bah c'est bien que les enseignants réagissent, c'est rassurant de voir qu'ils ne sont pas comme ça". Je suis en colère parce que, face à mes revendications, on m'a dit "certaines victimes n'osent pas s'exprimer" alors que j'ai aussi reçu des messages d'enseignant-e-s me remerciant de mes posts et m'expliquant qu'elles n'avaient pas le courage de se prendre les murs que les enseignants de ce post se prennent depuis le début. Je suis en colère car on refuse de voir qu'il y a un problème dans ce clip, et on me dit simplement "tais toi, tu empêches les autres de s'exprimer" alors qu'il y a deux victimes d'un combat différent. Il faut simplement se rendre compte qu'il y a l'Enseignant (c'est à dire le statut, ce qu'on imagine et ce qu'on attend d'un enseignant) et de l'autre côté, l'être humain qui se cache derrière l'Enseignant. Certaines personnes qui exercent la profession d'enseignant ont été les bourreaux de certaines victimes, mais il ne faut pas que les gens pensent que l'Enseignant (le statut) soient + souvent du côté du bourreau que des victimes. (Je ne sais pas si je suis claire ?)
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