matp;4611531 a dit :
L'orthorexie est à prendre sérieusement dans les cas avérés. Sauf qu'aujourd'hui c'est devenue une manne pour les firmes agro-alimentaires et les lobbys qui y voient un moyen de discréditer tous les gens qui essayent de faire attention à ce qu'ils mangent
et ça m'agace profondément.
Il n'y a pas toujours une "manipulation des lobbies industriels" qui va avoir un impact néfaste sur la vie des gens juste pour les profits!
En fait, je pense que ce qui se passe dans le marketing agro-industriel est un peu contraire à ce que tu décris. J'ai des proches qui y travaillent depuis des années et justement, la nouvelle manne publicitaire c'est d'axer sur le "sain".
Je ne sais pas si tu suis les pubs McDo mais même eux axent tout sur "notre nourriture est saine, équilibrée". Il y a 5-10 ans, plusieurs restos McDo ont été complètement redécorés avec des images de légumes sur fonds blanc pour évoquer le "sain", ils mettent en valeur sur leurs plaquettes des tomates bien juteuses, des vaches en bonne santé, des salades croquantes... La publication des calories sur leurs produits n'étaient pas une obligation, ils l'ont fait par "volonté de transparence" pour récupérer la vague du "manger sain" justement. C'est aussi pour ça qu'ils ont introduit des gammes de salades et de fruits en morceaux vendus sous vide.
McDo n'est qu'un exemple parmi d'autres de marques et de produits qui sont re-marketés en utilisant les mêmes codes et chartes graphiques que ceux qu'on retrouve sur les blogs et Tumblr sur le sain.
En France, on est encore assez soft là-dessus mais dans les pays anglo-saxons, le business du "healthy" est un vrai filon. Les gens se ruent sur les gammes industrielles "healthy" et rejettent beaucoup de plats au profit du healthy, préférant se fier à des chiffres et des listes (les calories, le nom des ingrédients etc.) plutôt qu'aux besoins de leur corps.
Après, on pourrait croire que les industriels se sont pliés à des régulations gouvernementales (puisqu'ils sont contraints de publier des notices expliquant qu'il ne faut pas manger entre les repas etc.) mais en réalité ceux qui organisent les campagnes "manger sain" du gouvernement et ont donc participé à fixer ces normes officielles sont très souvent les mêmes que ceux qui conseillent les marques pour redorer leur blason version healthy.
En gros, les campagnes de santé publique sont totalement liées aux campagnes marketing des "lobbies industriels". Ce ne sont pas des "entraves" à leur volonté de vendre n'importe quoi en masse mais bien un élément d'un même phénomène.
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De mon côté, je pense que le manger "sain" tel qu'il est compris version anglo-saxonne (et donc pas mal sur Internet aussi étant donné l'influence du monde anglo-saxon sur le Web) n'est pas toujours si "sain" que ça.
D'abord, il y a un côté "moralisateur" dedans. Il y a ceux qui "ont raison" et ceux qui "ont tort" dans l'alimentation.
Mais si le sain est un désir de recherche d'harmonie, de plaisir plus authentique dans l'alimentation (car une assiette de chips bon marché au cheddar apporte peut-être une satisfaction immédiate mais procure rarement du bien-être comme une nourriture plus traditionnelle le peut et peut même nous faire nous sentir physiquement mal une heure après), il n'y a bien sûr aucune souci.
Il y a un courant de pensée dans la nutrition qui m'intéresse beaucoup. Ses représentants les plus connus en France sont le nutritionniste Jean-Philippe Zermati et le psychiatre Gerald Apfeldorfer.
Sans parler d'orthorexie, ils pensent qu'à force de rechercher le "sain" et de contrôler ses envies, sa faim et son alimentation dans ce but, beaucoup de gens se déconnectent des vrais signaux de leurs corps et perdent de vue leurs vrais besoins.
Pour eux, le fait qu'un pays comme les USA ait à la fois un taux d'obésité très élevé et une forte obsession pour le "healthy" n'est pas un hasard : en suivant des données "rationnelles" sur ce qui est sain (combien de calories, quelle quantité, il parait que les carottes c'est meilleur que les tomates, il faut que je rajoute du fer dans ce repas etc.), les populations ne savent plus écouter leur corps. Résultat, dès qu'elles diminuent le contrôle rationnel de leur alimentation, elles n'ont plus aucune idée de comment manger de manière équilibrée par elles-mêmes et c'est comme ça que débute l'obésité.
C'est en ce sens que le "sain" à l'anglo-saxonne ne devrait pas être brandi en alimentation idéale parce qu'en réalité, manger une blanquette de veau bien riche n'est pas forcément plus négatif que de manger une assiette de légumes vapeur sans sauce avec du riz blanc.
Si le sain, c'est juste manger des aliments de bonne qualité en suivant les vrais besoins de son corps, sans que ce soit le but d'une vie, c'est bien! C'est juste que du coup, la culpabilisation est un peu incompatible avec le vrai "sain".
Ici, l'article ne mélange pas "manger de la bonne qualité" = être orthorexique. Il dit simplement que ce qui est reconnu socialement comme "une alimentation saine" n'est pas forcément toujours bon pour la santé et le mental des individus parce que cela devient obsessionnel et non dans un but de vrai bien-être.