Alors je tiens à rajouter un truc à propos des plannings familiaux : ils ne font pas que de la prévention, du suivi gynéco et de l'aide psychologique, ils aident aussi pas mal de jeunes filles en détresse, qu'un père ou un oncle veut marier de force ou renvoyer au bled. Je le sais de source sûre, ma grand-mère y travaille depuis 20 ans. Quand elles n'ont pas de ressources, une famille qui les menacent, le planning organise leur "fuite" dans une ville ou un quartier plus sûr, où elles ne pourront pas être retrouvées jusqu'à ce que l'histoire se règle (à l'amiable ou chez un juge...). C'est aussi ça, le planning, pas mal de situations d'urgence... S'ils coupent les vivres, les jeunes n'auront aucun endroit pour demander un test de grossesse, un dépistage du sida ou une discussion sur leurs droits. Le planning faisait le relais entre le médecin et la psychologue, avec les avantages d'être rapide, anonyme et gratuit. Maintenant, faute d'avoir le courage d'aller voir un professionnel, j'ai peur que les jeunes n'osent plus et que les accidents de parcours se multiplient avec les conséquences qu'on connait... Quelle conne cette bonne femme.
Et à propos du vote, je n'ai pas eu le temps d'aller lire vos raisons mais je trouve ça réellement dommage : le FN compte depuis toujours sur ses partisans hyper motivés face aux autres partis dont la base est plus lente, moins préoccupée et moins motivée. J'ai une fille qui représentera le FN pour les régionales 2015 dans ma promo, et elle ne fait que répéter qu'ils sont moins nombreux que chez les PS/écolo/PC ou chez les UMP, mais qu'ils sont toujours au taquet et près à aller voter en toutes circonstances pour imposer leur vote. Ca m'a frappée et ça m'a fait mal, parce que c'est la réalité, et pas une déformation comme on l'habitude de voir chez le FN. Nous qui ne votons pas pour le FN, nous sommes effectivement lents et peu préoccupés par le paysage politique la plupart du temps. Certains d'entre nous militent ou vont voter à chaque tour mais combien d'autres baissent les bras en mode "je n'ai pas de réelle démocratie sous les yeux donc je ne vote pas" ou "je n'ai pas envie de décider" ou bien "je ne crois pas en la politique donc ça m'importe peu de savoir qui va gagner cette guéguerre". Et le FN fait son beurre là-dessus, il grignote petit à petit tout ce qu'on prenait pour acquis car eux, ils savent qu'en passant de force, ils gagneront. lls se frottent les mains que les gens ne décident pas de leur barrer la route, et aujourd'hui, oui, je suis en colère. Je suis désolée si ce que je dis en blesse certains, mais non, on ne peut pas s'insurger et s'étonner qu'il se passe des choses qui ne nous plaisent pas si on a décidé de passer son tour sur la décision politique.
Je suis en colère car je sais que beaucoup de ceux qui ne votent pas le font par flemme de s'y intéresser, par envie de se rebeller contre un système qu'ils jugent "pour les optimistes de dernière minute". Ils pensent qu'on ne peut rien changer par un vote, que PS, UMP, tout ça, c'est la même chose, la même merde, les même dés pipés. Mais en attendant, qui réussit à sortir vainqueur de ce combat d'esprits ? Le FN. Les attentats en France leur auront donné un coup de pouce supplémentaire, et ceux qui n'iront pas voter contre eux enfonceront le clou davantage.
S'il vous plait. Motivez-vous, juste pour ces élections, à voter ailleurs. Je comprend et je respecte le vote blanc, mais le non-vote, ça jamais. C'est un non-choix total et même pas assumé par la moitié de ceux qui le font. J'ai peur pour la France, que les sirènes de la peur et des relents identitaires ne gagnent les esprits. J'ai peur de me réveiller dans un pays où les fachos sont acceptés, banalisés, élevés au même rang que les autres courants politiques. Car non, le FN, c'est différent, c'est l'apologie de la haine et de la ségrégation, c'est le négationnisme, c'est la misogynie et l'appel aux bas-instincts.
Dans tous les cas, que vous votiez ou non, ce qui fera la différence, ce sera la sensibilisation. L'empathie et la diffusion des vrais informations, pas celles qui découlent de la peur et du rejet. Si chacun.e d'entre nous arrivent à convaincre un voisin, un ami ou un membre de sa famille de prôner le respect et les valeurs féministes et égalitaires, alors, petit à petit, c'est nous qui gagnerons du terrain sur celui du FN. Moi, j'y crois.