C'est triste, mais je comprends que les parents aient cherché à limiter l'accent de leur enfant.
Parce que la maîtrise de la langue, c'est un marqueur de pouvoir. Et ça peut carrément être un frein, si on veut essayer de réussir, de parler avec un accent.
Y a cet article
sur la glottophobie :
"Pierre Bourdieu a magistralement montré dans
Ce que parler veut dire à quel point dans diverses sociétés, dont la société française au premier chef, cultiver une distinction linguistique et l’accumuler sous forme d’un capital linguistique est clairement un moyen d’imposer et de maintenir un pouvoir qui n’est pas que symbolique, linguistique et culturel, mais aussi économique et politique"
"Pierre Bourdieu a bien montré comment les formes linguistiques prescrites comme « norme standard » (une langue plutôt que d’autres et une variante de cette langue plutôt que d’autres) ont été élaborées, cultivées, exploitées par les classes dominantes pour se constituer à la fois un capital symbolique et politique ainsi que pour en limiter le partage.
Les normes linguistiques standardisées constituent ainsi un fort capital symbolique et un filtre social et politique : elles permettent de
réserver le pouvoir à celles et ceux qui pratiquent « la bonne langue », de conditionner l’accès aux sphères du pouvoir à la maitrise de cette « bonne langue », et de produire en conséquence la reproduction des classes dominantes en réservant le pouvoir aux héritiers culturels et linguistiques du capital linguistique (les enfants des classes dominantes)."
D'ailleurs y avait aussi
cet article d'une journaliste, qui parlait de l'accent qu'il faut apprendre pour être accepté dans son job : au final ça donne un accent pas du tout naturel, et même franchement bizarre, avec des accentuations sur quasiment tous les mots parfois (y a un exemples sonores dans l'article, qui viennent d'un
reportage d'arte radio, Et là, c'est le drame).
Du coup, la conséquence selon
cet article de Slate, c'est que la langue française devient moins "musicale" :
"
Grâce aux premiers enregistrements audio dont nous disposons, on peut constater qu'en un siècle, le français standard a perdu de sa musicalité. C’est le linguiste Fernand Brunot qui nous a légué les premières
archives de la parole. La
prosodie y était plus mélodieuse, et la gamme de sons plus étendue.
C’est que l'on respectait encore une multitude d’oppositions de longueur. Rien qu’à l’oreille, on pouvait par exemple entendre des féminins et des pluriels aujourd’hui imperceptibles: le de «nue» et de «nus» était étiré par rapport au plus bref de «nu» au masculin. S’exprimant plus lentement, l'ensemble des locuteurs et locutrices respectaient la brièveté ou la longueur des syllabes.
Ce système complexe était encore prescrit dans les dictionnaires Harrap's des années 1960. Il faut désormais franchir les frontières belges et suisses pour l’entendre.
«Pour nos voisins, ne pas respecter ces oppositions de longueur serait aussi étrange que de prononcer [po] à la place de [pu]», décode Mathieu Avanzi. En France, on charrie la population suisse pour sa soi-disant lenteur d'élocution, mais c’est surtout qu’elle applique encore les règles d'autrefois.
D’autres subtilités sonores ont également disparu. Le français standard distingue de moins en moins «brun» de «brin» ou «et» de «ais», tandis que le [a] de «pâte» s’assimile à celui de «patte», pourtant nettement différencié au Québec. En matière de prononciation, le français standard s'est laissé aller à la facilité."
@Ada or ardor Non, je crois que les sondages disent que
la majorité des genTes trouvent l'accent du sud "sexy" (même si moi je préfère l'accent du nord
)
edit : ajout d'un lien