Najat Vallaud-Belkacem défend la réforme du collège au Grand Journal

28 Novembre 2012
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Y'aurait-il la possibilité que tu revoies ton article, @clémence ?
Je suis persuadée que tu y as passé du temps et que tu as tenté d'être objective et exhaustive, mais il est vraiment essentiel que tout le monde ait bien conscience des enjeux de la réforme. Si l'on ne se fie qu'aux interventions de la ministre, on passe à côté du plus grave. Les enseignants font ce qu'ils peuvent, mais, comme l'a dit une Madz au-dessus, on passe pour de vieux réacs qui ne veulent pas faire évoluer le Mammouth lorsqu'on émet un avis négatif.
 
21 Mars 2014
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Je suis aussi désespérée par le programme de français, je n'ai pas passé un concours pour enseigner du vent, je ne veux pas faire de la communication. :tears:
Et le pire, c'est que j'ai vu sur Twitter des représentants d'un syndicat considéré comme le plus important (alors que les dernières élections ont montré que non) et quelques membres affirmer que quand le prof de français corrige les fautes de langue sur une affiche sur Napoléon Ier, c'est disciplinaire, c'est faire du français, pas besoin de se retrouver en cours avec des exercices de grammaire. Ca me donne vraiment envie de pleurer et de déposer du fumier devant chez ces gens. :evil:

On connaissait le collège unique, maintenant ça va être le collège uniforme. Merveilleux.
 
Dernière édition :
24 Juillet 2014
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Paris
Comme les filles qui se sont exprimées précédemment, je suis gênée par cet article, mais connaissant l'opinion de la rédac sur la ministre, je me doutais de cette prise de position avant même de commencer ma lecture. En tout cas malgré ce que laisse penser l'article, ça jase énormément en salle des profs à propos de cette réforme et un certain nombre de collègues de collège (je travaillais en lycée cette année) ont prévu de faire grève pour la surveillance/correction des épreuves du brevet.

Je ne suis pas favorable à cette réforme et pourtant étant donné mon âge et mon ancienneté dans l'éducation nationale, je ne pense pas être le stéréotype "du vieux réac' ".
 

Clemence Bodoc

Persistante
21 Juillet 2010
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Hello,

Merci pour vos réactions ! Je constate que vous manifestez surtout (pour certaines :fleur: ) votre opposition à la réforme portée par la ministre, or je suis plus intéressée, personnellement, pour entendre (ou plutôt lire) ce que VOUS, vous feriez à sa place, si vous aviez les commandes ; si possible, essayez de raisonner dans un budget contraint (la ministre annonce + 4000 postes, essayez de proposer un projet de réforme sur la même base, pas en comptant 400 000 postes... ;) )

Je suis sincère en vous posant cette question ; je m'attendais à ce que des professionnelles viennent réagir ici, et je suis avide de vos retours d'expérience de terrain. Je suis plus intéressée par les réalités quotidiennes de votre métier que par la critique de la réforme (qui, de mon avis de journaliste, est essentiellement tournée vers le futur : c'est surtout l'application pratique de la réforme qui est critiquée, et pas son ambition. Or, sur ce point, j'attends donc de voir ce qu'il en sera en pratique. Comptez sur moi pour monter au créneau en septembre 2016 si le latin a disparu des collèges...)

Y'aurait-il la possibilité que tu revoies ton article, @clémence ?
Je suis persuadée que tu y as passé du temps et que tu as tenté d'être objective et exhaustive, mais il est vraiment essentiel que tout le monde ait bien conscience des enjeux de la réforme. Si l'on ne se fie qu'aux interventions de la ministre, on passe à côté du plus grave. Les enseignants font ce qu'ils peuvent, mais, comme l'a dit une Madz au-dessus, on passe pour de vieux réacs qui ne veulent pas faire évoluer le Mammouth lorsqu'on émet un avis négatif.

Cet article ne porte pas mon avis, il explique simplement aux madmoiZelles le projet de réforme de la ministre ; et je ne souhaite pas le modifier dans le sens où je ne vais pas opposer aux intentions de la ministre, des spéculations sur la mise en application pratique de la réforme. Comme je viens de le dire, rendez-vous est pris pour septembre 2016, où je suivrai avec attention ce que deviendra, en pratique, cette réforme.

Mais je suis venue vous lire avec attention ; je sais qu'il y a des opposant•es à cette réforme, ce qui m'intéresse, c'est de lire des alternatives.

Comment réformer le collège ? Vous êtes d'accord qu'il faut réformer la manière dont on enseigne ? C'est une vraie question, parce que quand je lis ça :

Les élèves ont un niveau affligeant, sont incapables, pour la plupart, de s'exprimer correctement à l'écrit (et même à l'oral). Pourquoi ? D'après Mme Vallaud-Belkacem, parce que "les élèves s'ennuient". Je me sens insultée en tant que professeur. J'ai passé un CAPES, pas un BAFA, je ne suis pas là pour les distraire mais pour les instruire !

Je me pose aussi des questions ; on est d'accord qu'il ne s'agit pas de distraire les élèves, mais on parle bien de les éduquer (pas de les instruire, d'ailleurs ! On est bien passé de l'instruction publique à l'éducation nationale, non ?! Et comment éduquer les élèves sans les intéresser aux matières ?

Je tiens vraiment à préciser, insister sur ce point : je ne suis pas en train de défendre la réforme contre les contestataires : je présente la réforme à celles qui n'ont pas suivi les débats des dernières semaines.

Pour ce qui est de la contestation, je suis plus intéressée par les alternatives à proposer, que par la critique de la future mise en application. :fleur:

alors je me permets de vous re-poser ces questions :

Quel est le rôle de l’école ? De donner à tous les élèves un socle de savoir-faire (lecture, écriture, mathématiques usuelles), ou de permettre le développement personnel et l’épanouissement des enfants, à travers l’apprentissage des savoirs ? Une fois qu’on sait lire, écrire et compter, qu’est-ce qui est plus important ?Qu’est-ce qui devrait constituer « le socle commun » indispensable à tous ? Est-ce une notion pertinente ?

Peut-on s’épanouir à l’école ? Dans quelles conditions ?

À vous lire :fleur:
 
15 Juillet 2014
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Ce que j'ai du mal à comprendre c'est pourquoi ils veulent supprimer les classes européennes, personnellement j'en ai fait pendant la quatrième et la troisième après avoir passer une sélection fin cinquième, tout le monde avait les mêmes conditions d'examen puisque personne n'avait la possibilité de faire plus d'anglais avant.
Ca m'a vraiment beaucoup apporté car ceux qui étaient là, étaient là pour apprendre et non glander comme beaucoup de collégiens dans les autres classes ... Sachant que nous étions réparties dans diverses classes, cela ne faisait pas de classe élitiste ...
Bref, je trouve ça vraiment dommage de supprimer cette option qui m'a vraiment aidé puisqu'on favorisait beaucoup l'oral ce qu'on ne peut pas faire avec 25 personnes totalement désintéressées par la matière ^^
Voilà, voilà :lalala:
 
3 Mai 2015
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Cette reforme me semble pas top! Elle semble bien dans la theorie mais dans la pratique?
Ayant terminé l'ecole depuis plusieurs années et n'ayant pas d'enfants, je ne me rends pas du tout compte des enjeux de cette reforme! Je ne suis pas prof donc j'ai du mal a avoir un avis bien defini sur la question! Ma meilleure amie est prof, faudrait que je lui demande ce qu'elle pense de cette reforme :d

- Ce que je trouve illogique : j'entends partout (presque) tout le monde se plaindre que les enfants parlent et écrivent mal francais alors pourquoi leur sucrer des heures de francais au profit des EPI qui m'ont l'air bien bancals?
Pour mon experience perso : les EPI me font penser a ce que j'avais au college, les IDD et je pense que c'est grosso merdo la meme chose, seul le nom a changé! J'avais plusieurs themes ou sujets qui m'etaient proposés, je devais faire mes choix et je me suis retrouvée dans un cours sur le "chant et danse medievale" :annoyed: : bah oui, tu choisis le theme Harry Potter et tous (ou presque) les eleves ont choisi aussi ce theme et une classe de 100 eleves, c'est dur! En gros, je me suis fait chiée a certains moments et je preferais etre chez à lire qu'en classe et suivre ces cours chiants!

- L'ecole et la societe nous formatent beaucoup et plutot que ces EPI, ils devraient proposés des temps où les eleves pourront reflechir et débattre autour d'un sujet, d'actualité ou non, parler ensemble de leur idée, de leur pensée, de leur opinion, pouvoir avoir la parole parce qu'ils ne l'ont pas forcement face a des adultes! Je pense que c'est aussi un moyen pour sensibiliser les eleves a tous les problemes qu'ils rencontrent a l'ecole : harcelement, culture du viol, les dangers des raisons sociaux... Le tout, bien sur, encadré par un ou plusieurs profs!

- LV1 dès le CP : non mais oh, les gosses ont 6 ans, apprennent a lire, ecrire et parler le francais et on veut leur apprendre une autre langue :mur:

- Ok, le latin n'est pas supprimé mais il a l'air d'etre une option d'une autre option -_-
Perso, j'ai adoré le latin, il m'a été d'une grande aide dans la conjugaison et la grammaire! J'adore l'histoire et les cours sur la mythologie, c'etait le pieds ^^
 
19 Avril 2010
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on est d'accord qu'il ne s'agit pas de distraire les élèves, mais on parle bien de les éduquer (pas de les instruire, d'ailleurs ! On est bien passé de l'instruction publique à l'éducation nationale, non ?! Et comment éduquer les élèves sans les intéresser aux matières ?

J'ai bien réfléchi au mot que je voulais employer, et c'est bien "instruire" que je voulais utiliser.

"On est bien passé de l'instruction publique à l'éducation nationale, non ?!"

> Oui, et c'est peut-être là que tout a commencé à merder... L'éducation est le rôle des parents. Évidemment que nous avons un rôle à jouer dans leur éducation puisque la vie en communauté à l'école suppose une éducation pour vivre ensemble. Le problème est que tout le monde se décharge sur l'école qui doit transmettre des savoirs mais aussi des valeurs,...etc. J'ai déjà entendu de la part de parents d'un élève à problèmes que c'était à nous de régler ça parce qu'il passe plus de temps à l'école qu'à la maison... Mais où va-t-on... Si chacun s'occupait convenablement de son rôle, on n'en serait peut-être pas là ! Le temps qu'on perd sur les heures de cours avec les interventions en tous genres... (la sexualité, le harcèlement, la prévention routière, les dangers d'internet, l'hygiène, l'alimentation...) Enfin bref, on s'écarte du sujet.

"Et comment éduquer les élèves sans les intéresser aux matières ? "

> Ce n'est que mon avis mais je pense qu'on a vraiment fait une belle boulette en voulant mettre l'élève au centre de l'école (je vous invite à lire cet article). Il se place dans une attitude consumériste préoccupante vis-à-vis des matières enseignées et c'est dommage car on perd de vue l'essentiel : transmettre des choses. Il ne faut pas se voiler la face : pour certains élèves, rien ne les intéressera. C'est triste, mais c'est comme ça, changer la méthode en essayant des activités ludiques ne les intéressera pas plus. Alors comment j'essaie d'intéresser les élèves ? C'est simple, j'essaie de leur parler de ce qui peut les toucher : l'amour passionnel mais interdit entre Tristan et Iseut, la révolte et la détermination envers et contre tout d'Antigone, la folie qui touche les hommes dans le fantastique, les rêves d'aventures et d'évasion en poésie, les mythes qui traversent les siècles...
 
14 Août 2013
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Rouen
Mon premier message sur Madmoizelle, et voilà que je vais parler boulot... Vous l'aurez compris, je suis prof en collège !
Ma première réaction à cet article a été une énorme déception, et une grosse colère... Quand je vois la soi-disant "désintox" du Minsitère partagée sur Madmoizelle, je ne peux que m'insurger. Je suis tout à fait d'accord avec les commentaires précédents, il s'agit de désinformation pure et dure de la part du Ministère. Maintien de la classe billangue ? C'est faux, archi-faux. Il faudrait pour cela un véritable enseignement de l'allemand en primaire, inexistant ou presque à l'heure actuelle. La classe euro, tout bonnement sacrifiée au titre de cette fameuse "égalité des chances"... Sans pour autant redistribuer les heures ainsi récupérées... Et je ne parle pas des heures d'aide "personnalisée"...en classe entière (la logique du Minsitère, un grand mystère). Ni de la suppression de l'option DP3, ni des heures enlevées à l'enseignement des langues, ni des famaux EPI pris sur les heures disciplinaires... Bref, cette réforme est une catastrophe, et approuvée par un seul syndicat enseignant : le SE-UNSA (composé en majorité de...chefs d'établissements, surprise !). Car oui, les professeurs de collège se sont mobilisés, et se mobilisent toujours. Certains parlent de boycotter les corrections du brevet, les heures de réunion syndicales se poursuivent dans beaucoup d'établissements... Nous n'avons pas perdu espoir. Pour l'exemple, 99% de mes collègues sont contre la réforme. Alors, non, ils n'ont pas tous fait grève... En même temps, notre salaire est loin d'être mirobolant et les plus anciens ont vu tellement de réforme leur passer dessus qu'ils se sont résignés.
Et pourtant, nous voulons tous d'une réforme. Elle est urgente ! Les conditions de travail ne font que se dégrader, mais ce n'est pas en diminuant les heures et en ajoutant des "gadgets" que les choses vont changer. Nous n'avons pas attendu les EPI pour travailler en interdisciplinarité !
Il suffirait de quelques mesures très simples pour améliorer les choses. Simples, mais coûteuses, c'est certain. Il n'est pas possible d'apprendre une langue vivante dans une classe de 30 élèves, au rythme de 2h30 par semaine. Pour apprendre, il faut du temps, et des classes allégées. Ce que répètent les syndicats, depuis des années... Peut-être faudrait-il également commencer par montrer un peu plus de considération envers les enseignants ! Faire 5 années d'études après le bac pour gagner une misère et se faire insulter tous les jours, ça ne donne pas vraiment envie. Et quand je parle d'insultes, je parle des élèves, pour une petite partie, mais surtout des parents d'élèves, et des médias. Quand j'entends à la radio que les profs sont contre la réforme parce que, en gros "ils vont devoir apprendre à travailler autrement et que cela leur demande beaucoup de travail", je sens la fumée me sortir par les oreilles.
 
28 Novembre 2012
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(Je te cite, @clémence, tant bien que mal, je n'ai pas trop compris la manipulation ^^)

Merci pour vos réactions ! Je constate que vous manifestez surtout (pour certaines :fleur: ) votre opposition à la réforme portée par la ministre, or je suis plus intéressée, personnellement, pour entendre (ou plutôt lire) ce que VOUS, vous feriez à sa place, si vous aviez les commandes ; si possible, essayez de raisonner dans un budget contraint (la ministre annonce + 4000 postes, essayez de proposer un projet de réforme sur la même base, pas en comptant 400 000 postes... ;) )

Dans l'ordre logique des choses, il faudrait commencer par présenter la réforme dans tout ce qu'elle implique. Parce qu'avec ta seule présentation (sincère et documentée, je le répète), il manque tout un pan du projet, que le ministère se garde bien de développer, tant il est contestable.
Expliquer précisément ce qui nous attendrait en 2016 est la base essentielle pour commencer à discuter de ce projet, non, sinon à quoi bon ? Sinon, il suffit de lire la communication du gouvernement et trouver ça formidable, parce que c'est vrai que sur le papier ça a l'air fantastique.


Je suis sincère en vous posant cette question ; je m'attendais à ce que des professionnelles viennent réagir ici, et je suis avide de vos retours d'expérience de terrain. Je suis plus intéressée par les réalités quotidiennes de votre métier que par la critique de la réforme (qui, de mon avis de journaliste, est essentiellement tournée vers le futur : c'est surtout l'application pratique de la réforme qui est critiquée, et pas son ambition. Or, sur ce point, j'attends donc de voir ce qu'il en sera en pratique.

Je ne comprends pas ce que tu veux dire dans la partie que j'ai mise en gras : une réforme sur le papier est inutile, c'est surtout son application qu'il faut considérer pour savoir si l'on va dans une bonne direction, donc son application future. Par conséquent, il faut envisager le futur dès à présent, si on veut comprendre cette réforme.
Quant à son ambition, comment la comprendre si on n' en expose pas tous les tenants et aboutissants ? Evidemment qu'on ne peut pas s'en tenir à la communication ministérielle, qui est d'une démagogie à faire pleurer, et qui cherche à maintenir "le Français moyen" dans l'ignorance, tout en méprisant allègrement la contestation des enseignants, pourtant censés mettre en place une réforme qu'ils refusent.



Comptez sur moi pour monter au créneau en septembre 2016 si le latin a disparu des collèges...)
Tu peux monter au créneau dès 2015, parce qu'après il sera trop tard. Avec une ministre qui fait passer le décret de la réforme la nuit suivant une journée de manifestations, je ne suis pas très optimiste quant à sa capacité d'écoute.


Cet article ne porte pas mon avis (j'ai bien compris :fleur: ) , il explique simplement aux madmoiZelles le projet de réforme de la ministre (justement sur ce point il est très incomplet); et je ne souhaite pas le modifier dans le sens où je ne vais pas opposer aux intentions de la ministre, des spéculations (là tu es justement subjective : ce ne sont pas des spéculations, ou alors tu sous-entends que les enseignants ne sont pas capables de mesurer les enjeux et les conséquences directes de ce projet...Ah ben tiens, c'est également ce que dit la ministre. On doit vraiment être des incapables...) sur la mise en application pratique de la réforme. Comme je viens de le dire, rendez-vous est pris pour septembre 2016, où je suivrai avec attention ce que deviendra, en pratique, cette réforme.

Mais je suis venue vous lire avec attention ; je sais qu'il y a des opposant•es à cette réforme, ce qui m'intéresse, c'est de lire des alternatives.

Comment réformer le collège ? Vous êtes d'accord qu'il faut réformer la manière dont on enseigne ? C'est une vraie question, parce que quand je lis ça :
Il faut absolument réformer le collège, mais cela ne signifie pas accepter la première réforme qui tombe, sans aucune consultation réelle de ceux qui sont sur le terrain, tous les jours, à savoir les enseignants. Nous ne sommes même pas écoutés par notre propre "maison", et je te conseille d'aller regarder qui sont les rédacteurs du projet : oh tiens, quasi aucun professeur en activité ! Étonnant, non ?


Je me pose aussi des questions ; on est d'accord qu'il ne s'agit pas de distraire les élèves, mais on parle bien de les éduquer (pas de les instruire, d'ailleurs ! On est bien passé de l'instruction publique à l'éducation nationale, non ?! Et comment éduquer les élèves sans les intéresser aux matières ?
Le terme d'éducation n'est pas forcément inadapté : ex-ducere signifie "conduire hors de" , donc guider l'élève vers une élévation intellectuelle. (Je rappelle au passage que le latin permet de comprendre les mots que nous employons aujourd'hui, et de leur rendre toute leur force évocatrice.) Le problème est que, petit à petit, on nous demande de les éduquer dans des domaines qui ne relèvent pas de notre métier : on est tour à tour professeur, assistante sociale, oreille attentive et compatissante, voire parent de substitution. C'est trop, et c'est un rapport dangereux ! Les parents, la société toute entière ne cesse de nous critiquer, mais se décharge en même temps de ses responsabilités en les balançant sur nos épaules. L"'éducation nationale" ne devrait être qu'intellectuelle et civique, mais là, elle est devenue trop importante pour nous et ne peut conduire qu'à des échecs fracassants pour la majorité. Nous devons enseigner, pas remplacer les parents.

Je tiens vraiment à préciser, insister sur ce point : je ne suis pas en train de défendre la réforme contre les contestataires : je présente la réforme à celles qui n'ont pas suivi les débats des dernières semaines. (cf. au-dessus)

Pour ce qui est de la contestation, je suis plus intéressée par les alternatives à proposer, que par la critique de la future mise en application. :fleur:
- Pourquoi détruire ce qui fonctionnait bien jusque là et ne faisait de mal à personne ? --> le latin, les bilangues, un large éventail de langues vivantes, la 6e SEGPA, la DP3 (Découverte professionnelle 3 heures) ?

- Pourquoi cette haine des options, qui pour moi ressemble malheureusement à une haine de la culture. La culture est purement gratuite, elle est inutile, mais au sens noble du terme : c'est parce qu'elle ne peut pas être employée à des fins utilitaristes qu'elle est essentielle. Mais voilà, pour la conserver, il faut des moyens : des livres, des professeurs, des heures de cours à payer, des sorties à financer... Impossible dans une société où il faut aller au plus rapide, au plus immédiat.
Et pour finir sur ce point, un nouveau détour par le latin : culture vient de "colo", qui signifie "honorer" : se cultiver, c'est s'honorer soi-même, travailler son esprit pour lui faire produire du fruit. C'est ça, ou rester en friche, voire pire, infertile.

- les professeurs demandent des créations de postes, qui ne viendront pas, malgré les 4000 postes promis : ces 4000 postes proviendront en grande partie de la suppression de nombreux postes en lettres classiques (car plus d'heures allouées au latin), en italien, allemand (car grosse diminution des heures, voire disparition des sections). Coucou les économies !
Un exemple significatif : NVB parle d'aide individualisée, comme si ça n'existait pas actuellement en collège. Or, cela existe, mais le plus souvent, seulement en 6e, car les établissements n'ont pas les moyens suffisants pour offrir une ou deux heures d'aide dans les autres niveaux.
En 2016, 2 heures seraient consacrées à l'aide individualisée. Sur le papier : c'est super ! Enfin ! Mais c'est là qu'il faut s'interroger sur l'application du projet : dans la réalité, ces heures sont à prendre sur les autres disciplines, et se feront en classe entière ! Où est l'individualisation ? En quoi est-ce une aide, si d'un autre côté on diminue les heures de cours de français ou de maths traditionnelles ?


je me permets de vous re-poser ces questions :

Quel est le rôle de l’école ? De donner à tous les élèves un socle de savoir-faire (lecture, écriture, mathématiques usuelles), --> évidemment, mais avec des horaires revus à la hausse, et un programme moins lourd. Bien sûr, ça coûterait cher, mais à un moment, il faut savoir prendre les décisions qui s'imposent et faire passer l'instruction de sa jeunesse avant les préoccupations économiques. D'autant que quand on est capable de mettre des milliards sur la table pour organiser les Jeux Olympiques, on peut bien miser l'argent de l'Etat sur l'avenir de sa jeunesse. Une jeunesse instruite, éduquée, avec un travail conjoint de l"école, de la famille et de la société.
Ce travail des bases doit surtout se faire en primaire, parce qu'au collège, c'est déjà trop tard. Les EPI ne sont que des pansements sur une jambe de bois. C'est hypocrite.

ou de permettre le développement personnel et l’épanouissement des enfants, à travers l’apprentissage des savoirs ?
Pourquoi présentes-tu ces deux propositions comme incompatibles ? Apprendre des bases, apprendre à lire, écrire, réfléchir, n'est-ce pas s'épanouir ? Est-ce qu'on n'ouvre pas les yeux sur le monde autrement quand on dispose des outils essentiels pour le comprendre ? Est-ce que le véritable épanouissement n'est pas là, dans les savoirs ?
Une fois qu’on sait lire, écrire et compter, qu’est-ce qui est plus important ?Qu’est-ce qui devrait constituer « le socle commun » indispensable à tous ? Est-ce une notion pertinente ?

Peut-on s’épanouir à l’école ? Dans quelles conditions ?
S'épanouir à l'école, c'est déjà comprendre que le savoir est essentiel pour s'élever personnellement et atteindre une indépendance d'esprit. Si déjà la société arrêtait de cracher sur l'école et sur la culture, certains élèves ne s'y présenteraient pas avec cette attitude arrogante, voire incivile. Certes, apprendre est difficile, c'est un effort, ça prend du temps, mais pour un résultat qui peut nous combler à vie ! Pour reprendre la métaphore de la culture, est-ce qu'on obtient le fruit sans travailler un minimum la terre ?
De même, est-ce qu'on peut faire travailler son imagination un minimum si on ne connaît jamais l'ennui ? L'ennui n'est pas négatif, c'est vital ! Pourquoi toujours abrutir les enfants et ados de consoles, de jeux, d'activités extra-scolaires, de stimuli permanents ? Evidemment que l'école leur paraît longue après ça, et évidemment qu'on veut pousser les professeurs à faire du ludique, du séduisant, de l'animé. Merde, qui vous dit que les enseignants sont de vieux croûtons qui ânonnent leur cours en faisant crever les élèves d'ennui ?! Evidemment qu'on essaie de capter leur attention, de les éveiller, de les "é-duquer" (les conduire, les guider) ! Pourquoi associer le savoir, les contenus à de l'ennui profond ?
Il faut réhabiliter l'école, pas la dégrader en la transformant en de l'animation au rabais !


À vous lire :fleur:
Désolée pour ce pavé !
 
Dernière édition :
13 Janvier 2011
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Lille
Je ne dirai rien sur la réforme en elle-même, les autres l'ont très bien fait. Juste sur la partie "La réforme est discutée avec les partenaires depuis longtemps" mais laissez-moi rire :lol:, l'article est clairement pro-réforme alors ça ne m'étonne pas, mais vraiment je suis (très) bien placée pour savoir que oui, le ministère discute avec les syndicats, mais il ne les écoute pas. Quand la ministre arrive avec 4h de retard à un rdv, sans aucune explication ni vraiment d'excuse (ne pas citez cette partie ni l'évoquer dans vos posts, merci), ça ne montre pas franchement une volonté de prendre en compte l'avis des syndicats. Ils font passer en force la réforme, sans écouter les avis des professionnels de l'enseignement. Parce que pardon mais Najat Vallaud Belkacem elle y connait pas grand chose à l'enseignement.
 
21 Mars 2014
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Merci pour ton pavé @ElizaBennet, je suis globalement d'accord avec tout ce que tu as écrit.
Les économies, on pourrait également les faire en arrêtant de distribuer des gadgets comme les tablettes numériques (qui n'ont que l'avantage du poids, au niveau du coup, le renouvellement des licences pour les manuels coûte aussi cher que les versions papier) et ça évite le gâchis (de temps, pour les professeurs qui se sont investis dans l'utilisation des tablettes en classe, et d'argent) comme on a pu en faire l'expérience dans le Jura (voir http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/06/10/01016-20150610ARTFIG00378-dans-le-jura-les-tablettes-distribuees-aux-collegiens-vont-etre-reprises.php ). On pourrait payer plein de profs avec ce budget.

Ensuite, je ne serais pas contre que l'EN soit renommée Instruction Publique ou Nationale. Je veux bien que les professeurs soient des interlocuteurs privilégiés pour les élèves, mais il faudrait que nous puissions les diriger vers des personnes compétentes. En dehors de reconversions ou d'études spécifiques, on est rarement qualifiés pour être prof + psy + assistante sociale + agent de police + super nanny. Pouvoir trouver un rendez-vous avec la personne compétente à un élève peut relever du parcours du combattant ! On veut introduire de plus en plus de sujets de société à l'école, ce qui n'est pas une mauvaise idée, mais c'est à sens unique : l'école devrait résoudre tous les problèmes qui lui sont extérieurs alors qu'elle est délaissée par la société. On lui demande d'intégrer les élèves handicapés sauf que le délai pour avoir l'auxiliaire dont ils ont besoin pour suivre peut être très long. Oui, les écoles spécialisées coûtent cher mais à un moment, il faut aussi évaluer le coût humain, ce que ne fait pas du tout cette réforme (apparemment, à un moment, on discutait de supprimer les SEGPA, je ne sais pas où ça en est mais l'idée est terrible, à la fois pour les élèves qui y sont scolarisées et pour leurs futurs camarades).

Et je pense aussi qu'on peut s'épanouir en apprenant. Mais dans des classes surchargées avec des élèves dont les niveaux peuvent être très hétérogènes, c'est difficile. Donc au lieu de donner des subventions au CG du Jura, tenter au moins de dédoubler les classes en français et en maths pour que les élèves qui en ont besoin puissent être aidés, en plus d'une véritable aide personnalisée. Personne n'aime être pris pour un imbécile, et les élèves sentent qu'ils ne sont pas respectés lorsqu'on les laisse passer de classe en classe avec des lacunes impressionnantes (je ne comprends toujours pas comment on peut juger convenable de laisser jusqu'au CM2 à un élève pour apprendre à lire), leur donner des programmes dignes de ce nom et pas des animations rigolotes comme les EPI. Mes meilleurs profs et ceux qui étaient les plus respectés dans mon collège de ZEP, ce n'était pas les plus sévères en termes de discipline et de tenue de classe, c'étaient ceux qui étaient exigeants avec nous en termes de savoirs et d'apprentissages. D'ailleurs, j'ai l'impression que plus la matière est perçue comme "gadget", plus c'est difficile d'avoir l'attention des élèves (mais je peux me tromper, j'ai le sentiment qu'il est plus difficile de se faire respecter quand on est prof d'arts plastiques que quand on est prof d'anglais - mais ça va aussi avec la dévalorisation des métiers manuels et techniques dans notre pays).

Alors au lieu d'essayer de suréquiper en matériel informatique qui ne marche pas / qui est récupéré au bout d'un an / qui n'est pas un nombre suffisant, au lieu de créer des observatoires de jenesaispastropquoi qui confirment ce que les professeurs constatent au quotidien, je garderais l'argent pour faire des classes moins nombreuses, proposer plus de dédoublements possibles, organiser de véritables heures d'AP (avec une formation spécifique pour les enseignants qui en auraient besoin, ce n'est pas pareil de faire une séquence pour une classe que d'aider un élève qui a des besoins spécifiques), ouvrir des options (bilangues, latin, grec, que sais-je encore) s'il y a une demande à ce propos et une augmentation de nos salaires s'il reste de l'argent. Et il faudrait trouver un moyen d'obtenir plus de places et de classes dans les filières professionnelles pour ceux qui en ont ras le bol de l'école mais je n'y connais rien. :fear:
 
21 Décembre 2013
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Montpellier
ceceworldinmyhead.blogspot.fr
Ma réforme idéale ?

Le choix. Tout simplement. Au lieu de forcer les connaissances vers les élèves, ON LEUR DONNE LE CHOIX. Au lieu de vouloir ABSOLUMENT que les enfants soient au même niveau dans toutes les matières ce qui est impossible, on met en place des GROUPES de niveaux. Anglais, litté, maths etc.
On DONNE LE CHOIX. LE PUTAIN DE CHOIX du collège au lycée. ON arrête aussi de mettre le manuel face au théorique ! On le fait marcher ensemble ! Un tronc commun solide, et du choix à la carte pour les matières dites secondaires ( langues, sciences).

ON CREE UNE COHESION DE GROUPE. Une classe dédiée au groupe, pour pouvoir la personnaliser et créer du soutien entre les élèves.

On fait des accords entre les associations sportives et artistiques pour donner LE CHOIX. On arrête l'EPS, l'art plastiques, la musique et les cours de flûte QUI n'ont AUCUN SENS, et on impose une option sport ou artistique. On met en place un budget et les accords donc pour que TOUS LES ENFANTS et ce dès LE PRIMAIRE ou au moins la sixième ait la possibilité de pratiquer un instrument, ou un sport ou les DEUX ! On leur apprend à se gérer SEULS, à être indépendants ! A créer des projets !

On fait aussi des cours qui ne sont pas traditionnels, comme je sais pas moi des cours de management, comment créer un projet ( car le TPE c'est une blague) comment mettre en place un projet...! Des masterclasses une fois par mois au lycée sur des sujets divers comme les métiers pour savoir que le monde est grand et ne s'arrête pas aux barrières du lycée ! Des projets en commun avec les lycées et collèges d'une ville ! des compétitions sportives, artistiques etc...

J'ai conscience que c'est difficile à mettre en place. Faudrait l'argent mais aussi des COMPROMIS ce que ce pays ne sait manifestement pas faire. Il faut arrêter de formater les jeunes, et leur donner la possibilité de cultiver leur différence et de se CONCENTRER sur leurs points forts aux lieu de les descendre sur leurs points faibles. Ecoutez, y'en a qui sont des littéraires, d'autres des scientifiques, d'autres des artistes. Il faut la base c'est clair, mais après leur lâcher la grappe. t''es fort en maths ? Alors va en maths renforcé avec des élèves de classes différentes et pousse ton potentiel au max.

Je vois pas en quoi c'est compliqué, mais là on touche au confort des profs...-_-
 

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