(Je te cite, @clémence, tant bien que mal, je n'ai pas trop compris la manipulation ^^)
Merci pour vos réactions ! Je constate que vous manifestez surtout (pour certaines
) votre opposition à la réforme portée par la ministre, or je suis plus intéressée, personnellement, pour entendre (ou plutôt lire) ce que VOUS, vous feriez à sa place, si vous aviez les commandes ; si possible, essayez de raisonner dans un budget contraint (la ministre annonce + 4000 postes, essayez de proposer un projet de réforme sur la même base, pas en comptant 400 000 postes...
)
Dans l'ordre logique des choses, il faudrait commencer par présenter la réforme dans tout ce qu'elle implique. Parce qu'avec ta seule présentation (sincère et documentée, je le répète), il manque tout un pan du projet, que le ministère se garde bien de développer, tant il est contestable.
Expliquer précisément ce qui nous attendrait en 2016 est la base essentielle pour commencer à discuter de ce projet, non, sinon à quoi bon ? Sinon, il suffit de lire la communication du gouvernement et trouver ça formidable, parce que c'est vrai que sur le papier ça a l'air fantastique.
Je suis sincère en vous posant cette question ; je m'attendais à ce que des professionnelles viennent réagir ici, et je suis avide de vos retours d'expérience de terrain. Je suis plus intéressée par les réalités quotidiennes de votre métier que par la critique de
la réforme (qui, de mon avis de journaliste, est essentiellement tournée vers le futur : c'est surtout l'application pratique de la réforme qui est critiquée, et pas son ambition. Or, sur ce point, j'attends donc de voir ce qu'il en sera en pratique.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire dans la partie que j'ai mise en gras : une réforme sur le papier est inutile, c'est surtout son application qu'il faut considérer pour savoir si l'on va dans une bonne direction, donc son application future. Par conséquent, il faut envisager le futur dès à présent, si on veut comprendre cette réforme.
Quant à son ambition, comment la comprendre si on n' en expose pas tous les tenants et aboutissants ? Evidemment qu'on ne peut pas s'en tenir à la communication ministérielle, qui est d'une démagogie à faire pleurer, et qui cherche à maintenir "le Français moyen" dans l'ignorance, tout en méprisant allègrement la contestation des enseignants, pourtant censés mettre en place une réforme qu'ils refusent.
Comptez sur moi pour monter au créneau en septembre 2016 si le latin a disparu des collèges...)
Tu peux monter au créneau dès 2015, parce qu'après il sera trop tard. Avec une ministre qui fait passer le décret de la réforme la nuit suivant une journée de manifestations, je ne suis pas très optimiste quant à sa capacité d'écoute.
Cet article ne porte pas mon avis
(j'ai bien compris ) , il explique simplement aux madmoiZelles le projet de réforme de la ministre
(justement sur ce point il est très incomplet); et je ne souhaite pas le modifier dans le sens où je ne vais pas opposer aux intentions de la ministre,
des spéculations (là tu es justement subjective : ce ne sont pas des spéculations, ou alors tu sous-entends que les enseignants ne sont pas capables de mesurer les enjeux et les conséquences directes de ce projet...Ah ben tiens, c'est également ce que dit la ministre. On doit vraiment être des incapables...) sur la mise en application pratique de la réforme. Comme je viens de le dire, rendez-vous est pris pour septembre 2016, où je suivrai avec attention ce que deviendra, en pratique, cette réforme.
Mais je suis venue vous lire avec attention ; je sais qu'il y a des opposant•es à cette réforme, ce qui m'intéresse, c'est de lire des alternatives.
Comment réformer le collège ? Vous êtes d'accord qu'il faut réformer la manière dont on enseigne ? C'est une vraie question, parce que quand je lis ça :
Il faut absolument réformer le collège, mais cela ne signifie pas accepter la première réforme qui tombe, sans aucune consultation réelle de ceux qui sont sur le terrain, tous les jours, à savoir les enseignants. Nous ne sommes même pas écoutés par notre propre "maison", et je te conseille d'aller regarder qui sont les rédacteurs du projet : oh tiens, quasi aucun professeur en activité ! Étonnant, non ?
Je me pose aussi des questions ; on est d'accord qu'il ne s'agit pas de distraire les élèves, mais on parle bien de les éduquer (pas de les instruire, d'ailleurs ! On est bien passé de l'instruction publique à l'éducation nationale, non ?! Et comment éduquer les élèves sans les intéresser aux matières ?
Le terme d'éducation n'est pas forcément inadapté : ex-ducere signifie "conduire hors de" , donc guider l'élève vers une élévation intellectuelle. (Je rappelle au passage que le latin permet de comprendre les mots que nous employons aujourd'hui, et de leur rendre toute leur force évocatrice.) Le problème est que, petit à petit, on nous demande de les éduquer dans des domaines qui ne relèvent pas de notre métier : on est tour à tour professeur, assistante sociale, oreille attentive et compatissante, voire parent de substitution. C'est trop, et c'est un rapport dangereux ! Les parents, la société toute entière ne cesse de nous critiquer, mais se décharge en même temps de ses responsabilités en les balançant sur nos épaules. L"'éducation nationale" ne devrait être qu'intellectuelle et civique, mais là, elle est devenue trop importante pour nous et ne peut conduire qu'à des échecs fracassants pour la majorité. Nous devons enseigner, pas remplacer les parents.
Je tiens vraiment à préciser, insister sur ce point : je ne suis pas en train de défendre la réforme contre les contestataires : je présente la réforme à celles qui n'ont pas suivi les débats des dernières semaines.
(cf. au-dessus)
Pour ce qui est de la contestation, je suis plus intéressée par les alternatives à proposer, que par la critique de la future mise en application.
- Pourquoi détruire ce qui fonctionnait bien jusque là et ne faisait de mal à personne ? --> le latin, les bilangues, un large éventail de langues vivantes, la 6e SEGPA, la DP3 (Découverte professionnelle 3 heures) ?
- Pourquoi cette haine des options, qui pour moi ressemble malheureusement à une haine de la culture. La culture est purement gratuite, elle est inutile, mais au sens noble du terme : c'est parce qu'elle ne peut pas être employée à des fins utilitaristes qu'elle est essentielle. Mais voilà, pour la conserver, il faut des moyens : des livres, des professeurs, des heures de cours à payer, des sorties à financer... Impossible dans une société où il faut aller au plus rapide, au plus immédiat.
Et pour finir sur ce point, un nouveau détour par le latin : culture vient de "colo", qui signifie "honorer" : se cultiver, c'est s'honorer soi-même, travailler son esprit pour lui faire produire du fruit. C'est ça, ou rester en friche, voire pire, infertile.
- les professeurs demandent des créations de postes, qui ne viendront pas, malgré les 4000 postes promis : ces 4000 postes proviendront en grande partie de la suppression de nombreux postes en lettres classiques (car plus d'heures allouées au latin), en italien, allemand (car grosse diminution des heures, voire disparition des sections). Coucou les économies !
Un exemple significatif : NVB parle d'aide individualisée, comme si ça n'existait pas actuellement en collège. Or, cela existe, mais le plus souvent, seulement en 6e, car les établissements n'ont pas les moyens suffisants pour offrir une ou deux heures d'aide dans les autres niveaux.
En 2016, 2 heures seraient consacrées à l'aide individualisée. Sur le papier : c'est super ! Enfin ! Mais c'est là qu'il faut s'interroger sur l'application du projet : dans la réalité, ces heures sont à prendre sur les autres disciplines, et se feront en classe entière ! Où est l'individualisation ? En quoi est-ce une aide, si d'un autre côté on diminue les heures de cours de français ou de maths traditionnelles ?
je me permets de vous re-poser ces questions :
Quel est le rôle de l’école ? De donner à tous les élèves un socle de savoir-faire (lecture, écriture, mathématiques usuelles),
--> évidemment, mais avec des horaires revus à la hausse, et un programme moins lourd. Bien sûr, ça coûterait cher, mais à un moment, il faut savoir prendre les décisions qui s'imposent et faire passer l'instruction de sa jeunesse avant les préoccupations économiques. D'autant que quand on est capable de mettre des milliards sur la table pour organiser les Jeux Olympiques, on peut bien miser l'argent de l'Etat sur l'avenir de sa jeunesse. Une jeunesse instruite, éduquée, avec un travail conjoint de l"école, de la famille et de la société.
Ce travail des bases doit surtout se faire en primaire, parce qu'au collège, c'est déjà trop tard. Les EPI ne sont que des pansements sur une jambe de bois. C'est hypocrite.
ou de permettre le développement personnel et l’épanouissement des enfants, à travers l’apprentissage des savoirs ?
Pourquoi présentes-tu ces deux propositions comme incompatibles ? Apprendre des bases, apprendre à lire, écrire, réfléchir, n'est-ce pas s'épanouir ? Est-ce qu'on n'ouvre pas les yeux sur le monde autrement quand on dispose des outils essentiels pour le comprendre ? Est-ce que le véritable épanouissement n'est pas là, dans les savoirs ?
Une fois qu’on sait lire, écrire et compter, qu’est-ce qui est plus important ?Qu’est-ce qui devrait constituer « le socle commun » indispensable à tous ? Est-ce une notion pertinente ?
Peut-on s’épanouir à l’école ? Dans quelles conditions ?
S'épanouir à l'école, c'est déjà comprendre que le savoir est essentiel pour s'élever personnellement et atteindre une indépendance d'esprit. Si déjà la société arrêtait de cracher sur l'école et sur la culture, certains élèves ne s'y présenteraient pas avec cette attitude arrogante, voire incivile. Certes, apprendre est difficile, c'est un effort, ça prend du temps, mais pour un résultat qui peut nous combler à vie ! Pour reprendre la métaphore de la culture, est-ce qu'on obtient le fruit sans travailler un minimum la terre ?
De même, est-ce qu'on peut faire travailler son imagination un minimum si on ne connaît jamais l'ennui ? L'ennui n'est pas négatif, c'est vital ! Pourquoi toujours abrutir les enfants et ados de consoles, de jeux, d'activités extra-scolaires, de stimuli permanents ? Evidemment que l'école leur paraît longue après ça, et évidemment qu'on veut pousser les professeurs à faire du ludique, du séduisant, de l'animé. Merde, qui vous dit que les enseignants sont de vieux croûtons qui ânonnent leur cours en faisant crever les élèves d'ennui ?! Evidemment qu'on essaie de capter leur attention, de les éveiller, de les "é-duquer" (les conduire, les guider) ! Pourquoi associer le savoir, les contenus à de l'ennui profond ?
Il faut réhabiliter l'école, pas la dégrader en la transformant en de l'animation au rabais !
À vous lire
Désolée pour ce pavé !