Je reviens ce matin sur ce poste, et je m’inscris sur le forum parce que j’ai tourné et retourné l’idée de cet article dans ma tête toute la nuit (team insomniaque) et je constate une chose : je ne suis pas d’accord et je suis déçue. Je lis Madmoizelle depuis un certain temps, parce que le site, en plus d’être souvent drôle et pertinent, permet de diffuser des idées féministes sans en faire des tonnes, et vulgarise le sujet pour qu’il soit accessible à tous. J’applaudis et j’aime d’amour ce site depuis presque 3 ans maintenant, mais je n’avais jamais ressenti un tel besoin d’exprimer un hola. Je comprends bien l’idée sous-jacente à cet article : traiter Nicki Minaj de Pute, c’est du slut-shaming. Jusque là, d’accord. Défendre ce qu’elle fait à coup de ‘’elle fait ce qu’elle veut’’, bof. Il ne faut pas oublier que Nicki Minaj joue ici clairement avec les codes médiatiques du rap et de la chanson commerciale plus largement : elle se déhanche à moitié nue, comme dans les clips de mecs qui font une belle carrière dans le rap ; et comme le souligne l’article, ça fonctionne très bien ! Mais pourquoi est-ce nécessaire que son clip et sa chanson soient aussi portés sur le sexe ? Outre le fait qu’elle prend le public pour des décérébrés (non, mais son refrain c’est quand même ‘’oh mon dieu regarde son cul’’), parce que c’est ce qui se vend ! Pas parce qu’elle est libre. ‘’Oui, mais regarde, elle repousse la forme phallique’’. La belle histoire. Elle appuie juste où ça fait mal, elle entretient cette idée qui est plutôt répandue dans les médias : la femme joue à exciter l’homme pour son bon plaisir, puis le jette. Ca doit inspirer du respect à qui exactement ? Je ne me sens pas plus à l’aise en face de son contenu parce que c’est elle qui décide de s’auto-objectifier. ‘’Je suis un objet mais je décide’’, on a quand même du mal à y croire. Et enfin, ce qui me dérange au plus haut point c’est que c’est un clip de musique. Accessible sans restriction sur youtube. A n’importe quelle personne. Parce que cette musique va passer en boucle sur les radios, les enfants vont aller voir le clip et pour peu qu’ils ne soient pas parfaits bilingues, ils ne s’attendent pas à ça. Et les filtres parentaux laissent passer le clip sans soucis. ‘’Ils sont déjà surexposés à la sexualité dans les médias actuels ’’ ? Ben, justement. Est-ce que c’est normal ? Bien sûr que ça m’a dérangé quand les gamins chantaient et regardaient le clip de Robin Thicke (qui est encore plus sournois, parce que la petite mélodie n’a l’air de rien). Si vous avez des enfants et que vous êtes un tant soit peu attentifs, normalement vous évitez de les exposer à ce genre de contenus. Ca ne veut pas dire qu’ils n’y auront pas accès ; mais que ça se teinte d’une notion d’interdit ; et dans leur esprit peut-être de honteux (pas que ça le soit vraiment) qui leur permettra de comprendre petit à petit que les relations sexuelles sont intimes et privées. Là c’est tout le contraire. Que vous ayez jouer à touche-pipi quand vous étiez petits (comme je l’ai lu) n’a rien à voir : vous saviez que c’était sale et ‘’interdit’’ par les parents donc vous étiez curieux. C’est naturel, sans entrer dans des théories de psychanalyses que personne n’a envie d’entendre. Vous n’avez pas sorti à quelqu’un ‘’oh mon dieu, regarde mon cul’’. (Puis l’ironie du fait qu’on lui ait souvent fait remarquer qu’elle avait un gros cul et qu’elle le tourne à son avantage ; désolée, mais quand on me dit que j’ai des gros seins, je ne pense pas que la solution soit de les montrer). En résumé, parce que c’est trop long et que je m’emballe : ça n’est pas du féminisme, c’est du marketing. Et le défendre, c’est plutôt rabaisser le combat de la femme que l’élever.