Elmeir;2647361 a dit :
J'arrive comme un cheveu sur la soupe mais, au lieu de se concentrer uniquement sur ces histoires de Madame/mademoiselle, pourquoi ne pas penser à une réhabilitation de "mondamoiseau" ?
(j'en connais qui serait prêt à militer pour ça alors ça ne me semble pas si incongrue ^^)
Parce qu'on ne met pas fin à une discrimination en en créant une autre équivalente.
Et comme le féminisme ce n'est pas seulement une défense du droit des femmes (même si étant les plus discriminées, elles sont l'enjeu prioritaire de la lutte féministe), c'est également une défense du droit des hommes justement. Parce que ça part notamment beaucoup d'une réflexion sur les stéréotypes de genre qui concerne absolument tout le monde.
Donc, nous n'allons pas créer une discrimination à l'égard des hommes pour tenter de mettre un terme à une discrimination envers les femmes, c'est aussi simple que ça.
Pour ce qui est de l'importance de ce combat ou non, je ne vais pas y revenir, on en a assez parlé ailleurs et je ne vais pas m'amuser à republier 50 fois les mêmes posts de 15 km de long.
Donc pour résumer disons que quand on lutte contre une forme d'oppression, on lutte contre toutes les formes de cette oppression, pas contre tel ou tel aspect en hiérarchisant. Pour moi la lutte qui se rapproche le plus du féminisme / antisexisme, c'est la lutte contre le racisme. En règle générale, on ne reproche pas à un militant anti-raciste qui fait campagne contre l'esclavage moderne de s'insurger aussi contre l'emploi de mots tels que "négro" ou "bougnoule".
Eh bien voilà, "mademoiselle", c'est un terme discriminant, donc il doit être aboli, c'est tout. Au moins administrativement. Après, dans la vie quotidienne, chacune fait ce qu'elle veut, tolère d'être considérée d'un point de vue discriminant ou pas. Mais il n'est pas admissible qu'une discrimination soit employée administrativement dans une société démocratique alors même qu'elle est reconnue légalement discriminante. (8 circulaires étatiques sont parues sur ce point, insistant sur le fait que la distinction ne devait pas apparaître dans l'administration, je tiens à le rappeler)
Et comme nous les féministes, femmes, hommes (oui oui il y en a aussi dans les assos, et qui nous soutiennent, fort heureusement), sommes des êtres humains polyvalent-e-s, organiser des campagnes pour abolir une forme de langage sexiste ne nous empêche pas de nous mobiliser AUSSI au quotidien pour l'égalité des salaires / professionnelle en général, le droit à la contraception, à l'avortement, le congé parental, le débat sur le genre / la sexualité féminine, etc.
Dans les assos féministes, on ne manque vraiment pas de boulot, et toutes les personnes ayant à cœur de s'investir pour telle ou telle cause sont les bienvenues. Donc au lieu de perdre du temps à hiérarchiser les combats, ce serait plus intéressant de venir proposer des idées et des moyens d'action.
Pour ce qui est des "féministes qui en font trop"... Désolée mais ce type de réflexion me hérisse. L'égalité des droits, ce n'est pas en restant tranquillement à rien faire qu'on l'obtiendra. Il y a beaucoup à faire et sur tous les plans, notamment en ce qui concerne le langage parce qu'on ne peut pas penser une société égalitaire avec un langage sexiste / discriminant.
Donc les féministes sont obligé-e-s d'être partout, de se faire entendre. Comment ferait-on bouger les choses autrement ? Ça ne va pas nous tomber tout cuit dans le bec.
Et vu le nombre de discriminations sexistes qu'on peut constater en une seule journée, je crois que malheureusement on est même loin d'avoir les moyens d'en faire assez.