@meg.b Je ne pense pas qu'il y ait de problème dans ta façon de t'exprimer, mais n'hésite pas à me reprendre si jamais j'ai mal compris.
Pour le coup, je t'avoue que je ne peux donner entièrement raison ni à une position ni à une autre. je pense que ça va vraiment relever d'une question de sensibilité personnelle, et probablement d'un jugement au cas par cas. Autant certaines expressions peuvent me blesser personnellement, autant je suis d'accord que "stériliser" totalement son langage serait aussi quelque chose de très dommageable.
Dans le cas du monsieur de l'article par exemple, comme l'a dit
@chloevollmerlo un peu avant, il ne fait pas référence à une situation intrinsèquement violente : il n'est victime d'aucun abus ni physique ni moral et dans ce cas-là, l'analogie me semble sentir méchamment le formol.
Alors que je serais plus encline à me ranger du côté de la comparaison avec la loi travail dont tu as parlé, parce qu'elle fait référence d'une part à une vraie violation du code du travail et d'autre part à une violence ressentie pour les salariés qui est réelle.
Je ne sais pas si j'arrive à exprimer cette nuance qui pour moi est cruciale.
Et je sais bien que tout cela relève de subjectivités et de ressentis de toute part donc on ne peut de toute façon pas en tirer de lois absolues ; et c'est en ça que je pense que ce sont des limites que chacun peut se poser à soi-même en toute connaissance de cause. À la réflexion, je suis parfaitement d'accord avec toi quand tu dis qu'on peut parfaitement défendre utiliser ce genre d'analogies quand on veut souligner la violence de quelque chose mais je pense qu'il serait alors plus judicieux de ne pas dénaturer la violence de ses expressions en banalisant leur utilisation dans un contexte courant (comme dans le cas de quelqu'un qui dit s'être fait violé en perdant une partie de lol). J'ai peur de l'escalade, en fait. Qu'à force d'utiliser des expressions violentes pour exprimer des choses qui ne le sont finalement pas tellement, on en arrive à essayer de trouver des termes de plus en plus forts pour arriver à vraiment exprimer la violence de quelque chose et ainsi de suite... Je sais pas vraiment si je suis claire dans mon propos.
Après (et je pense que c'est ma faute, pour ne pas avoir suffisamment développé dans mon premier message) je suis absolument contre le fait de faire du mot viol un tabou en soi. Je pense qu'en faisant de l'éducation, en aidant les uns et les autres à se déconstruire sur la culture du viol et le slut-shaming, on peut entrer dans un cercle vertueux en détachant le sentiment de honte pour les victimes qui est associé au viol et (mais c'est mon côté bisounours qui parle) avec une société moins sexiste, diminuer le nombre de viols donc le nombre de victimes donc youpi.
Mais, dans le cas de notre monsieur dans le métro, ce qui me fait vomir c'est que cet homme qui doit juste apprendre à gérer une situation somme toute normale peut se dire violé dans le calme général alors qu'une victime de viol se prend des tomates pourries dans la figure dès qu'elle ose s'exprimer. C'est ce double standard qui me dérange, et qui à mes yeux rend le cas du viol un peu spécial en comparaison avec le meurtre par exemple, parce que les meurtriers sont globalement universellement condamnés, mais qu'on persiste à trouver des excuses aux violeurs.
@mido C'est pareil pour moi au final : dans un cadre privé, j'ai pas de problème à entendre des blagues sur le genre, le racisme, le viol, quand je sais qu'elles sont faites par des gens qui condamnent ces actions et tant qu'elles ne visent pas à moquer les victimes. Mais (anecdote véridique) quand le vague ami d'un ami passe un repas entier à faire des soit-disant blagues sur à quel point Adolf Hitler est un mec bien, je pense qu'on m'excuseras de pas chercher à connaître le fond de sa pensée.
J'arrive pas à mettre des mots sur ce qui me remue tant avec le viol en fait, parce que ton exemple sur la guerre ne me pose pas de problème en soi, alors que le viol va vraiment me prendre aux tripes.
Je pense que ça tient au fait que nos contemporains dans les sociétés occidentales n'ont pour la plupart pas vécu le traumatisme de la guerre, alors que le viol c'est toujours (malheureusement) très courant, et aussi que l'analogie est pertinente d'un certain point de vue (les gens dans les transports, tout un poème) alors qu'on va souvent utiliser le mot viol pour des choses un peu banales, et que d'une certaine façon ça "met au même niveau" les vrais viols et que du coup ça les minimise ?
Je sais pas si j'arrive très bien à m'exprimer mais bon.
@Korbac C'est un peu HS, mais en soi je suis d'accord avec toi. La nuance que je trouve importante, c'est que j'ai aucun problème avec ce qu'on rie d'Hitler, mais quand on se moque des victimes, ça me fait tout de suite un peu plus grincer des dents.
Mais j'approuve + + la partie sur l'éducation, et je suis complètement contre l'idée de censurer qui que ce soit : mon but est, au final, de souligner que faire preuve d'intelligence et de sensibilité quand on s'exprime est bien plus sympa pour tout le monde.