@Nastasja Et bien, ton message est très intéressant cependant quelques passages m'échappe un peu. Je vois où tu veux en venir, en particulier lorsque tu parles des femmes au foyer, c'est juste que, par moment, tu valide indirectement leurs discours. Ce qu'ils disent, c'est qu'ils doivent déjà en faire des tonnes pour se mettre en couple et que le célibat touche plus les couches populaires (ouvriers) que les cadres (bon là, c'est malheureusement vrai). En partant de ce postulat, ils décrivent la femme comme hypergame, désirant un homme ayant un statut social élevé. (Je suis médecin et dans le centre où je bosse, il y a pas mal de jeunes en perditions, des hommes comme des femmes, qui passent de temps en temps pour avoir des conseils. Et certains jeunes hommes se décrivent comme des MGTOW. Ce ne sont pas mes patients mais ça m'intrigue beaucoup et il m'arrive de discuter avec eux lorsque j'ai du temps libre
).
La plupart se considèrent comme des ratés. Par exemple, ça, ils le disent déjà : "
l'écrasante majorité des femmes refuserait de se mettre en couple avec un minable". En effet.
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ça leur évite tout le taf que ce serait de se mettre à un niveau supérieur pour pouvoir "pécho". Là, tu valides ce qu'ils disent. Quel taf devraient-ils faire exactement ? Qu'est-ce qu'ils ont à craindre ? Pourquoi devraient-ils faire un travail pour se mettre à un "niveau supérieur" ? Qu'est-ce qui le justifie ? Une femme pourrait tout aussi bien se mettre à un "niveau inférieur", non ? Ce sont des vrais questions.
C'est ça qui est paradoxale, on dirait qu'ils ont quelque chose à craindre, genre "ils réaliserons qu'ils devront être à la hauteur" et c'est exactement ce qu'ils disent... une bourgeoise ne regardera jamais un ouvrier en gros. Si c'est faux (ce que je pense, enfin, plus ou moins) et bien parler de "niveau" ne mène à rien.
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Ces hommes sont des rageux médiocres, et paresseux" Ce sont des prolos pour une grande majorité d'entre eux et cette situation explique pas mal de chose (sans pour autant les excuser). D'ailleurs c'est à partir de cette situation que les études se font. Par exemple, de part ce statut social, ils pensent qu'aucune femme ne s’intéressera à eux et ils se replient sur eux-mêmes. Il y a justement cette idée qu'il faut être au "niveau supérieur" pour séduire une femme, hors, ils sont pauvre (ouvrier, RSA/AAH, descolarisé, étudiant fauché, whatever) ou bien malade (dépressif, phobique social, autiste, invalide, etc...) ou simplement à des années lumières des critères masculins (petit, obèse, "corps de lâche", imberbe, "no life", etc...). Pour faire simple, ce sont des jeunes qui en ont marre d'avoir une vie de m*rde et qui, comme toutes personnes impuissantes face à une situation non-voulue, ragent et développent du ressentiment. Par exemple, pour parler d'impuissance et de critères de beautés, le sacro-saint critère de la taille revient souvent. Et je dois dire que même si au début j'étais sceptique (après tout des critères de beautés bizarres, il y en a plein...) après réflexion, j'me suis souvenue de ces femmes qui reprochaient à des hommes d'être trop petit (1m70/1m75) alors qu'elles-même mesuraient à peine 1m60... là, on est sur une division 0
Enfin, ils ne sont pas paresseux, plutôt démoralisés et ont aucune confiance en eux. Je dirais même que beaucoup sont inoffensif et ne cherchent pas à draguer, ils veulent même plus faire cet effort (injonction à faire le premier pas et tout ce que ça implique). Cette idée de faire face à des femmes ne leurs traverse pas l'esprit, ils ont largement expérimenté le rejet, la frayeur en question est relativement inexistante, peu importe la position qu'une femme peut occuper, ils savent qu'ils ne sont pas à la hauteur.
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Une femme qui gagne sa vie (surtout si elle la gagne vraiment bien et occupe un poste de pouvoir), qui est indépendante financièrement, sera toujours plus difficile à utiliser, manipuler, exploiter , rabaisser à son niveau qu'une femme qui ne peut pas supporter son propre entretien." C'est une idée reçue. Je gagne très bien ma vie et ça ne m'a pas rendue moins vulnérable. Et je dirais même qu'associer la "puissance" au salaire est une idée quelque peu viriliste. On reste dans un raisonnement toxique. L'argent et le pouvoir qui en découle, ça concerne les politiques et leurs immunités, ainsi que les patrons de grands groupes. Monsieur et Madame tout le monde ne font pas partie de l'équation, ce n'est pas avec 3000e par mois qu'on devient puissant (et pourtant, ça reste un bon salaire).
Enfin les femmes au travail, ça a été expérimenté en long et en large dans les pays scandinaves et les conclusions sont positives pour les femmes mais pas spécialement pour les idées féministes. Ont peut aussi dire que les hommes n'ont jamais été aussi performant (inventeur de Skype, Spotify entre autres entreprises Suédoises majeures). De plus, la notion de pouvoir sur le lieu de travail est à relativiser, non pas à cause des hommes mais à cause de notre système politique et économique. Dans une société capitaliste, le/la salarié(e) est ce qu'il y a de plus vulnérable, en ce sens il/elle ne peut être puissant(e) et il/elle ne l'a jamais été.