Ça devient un peu fatiguant de relire encore et encore la même inexactitude, à croire que personne n'a ne serait-ce que jeté un œil à la campagne d'OLF avant de critiquer...
(Si on m'avait dit que je me retrouverais à défendre cette association un jour !)
Donc, encore une fois :
Personne n'a parlé de supprimer le mot "mademoiselle" ou d'en interdire l'usage !
D'abord, expliquez-moi comment on "interdit" un mot. On met des petits micros partout pour être sûre que personne ne l'utilise ?
On l'ensorcelle pour que ça fasse apparaître une féministe chaque fois qu'il est prononcé, un peu comme Volde... euh, vous-savez-qui dans Harry Potter ?
Bien sûr que non. C'est un terme d'
usage, et vous êtes parfaitement libre de vous en servir et de vous faire appeler "Mademoiselle" jusqu'à la fin de vos jours si ça vous chante.
Ce qui est réclamé dans cette campagne, c'est que toutes les administrations appliquent la loi, et cessent de proposer le choix entre "Madame" et "Mademoiselle" dans le moindre formulaire à remplir.
Parce que oui, j'espère que toutes celles qui se déclarent choquée par cette campagne"extrême" et "radicale" vont s'en remettre, mais il n'y a aucune réforme à réclamer en réalité, puisque la loi ne reconnaît
déjà que deux dénominations : "Monsieur" ou "Madame", et qu'elle estime
déjà que "Mademoiselle" est discriminatoire et que faire cette distinction est attentatoire à la vie privée. Il n'y a rien, nulle part, qui dise qu'une femme non mariée doive s'appeler "mademoiselle" et une femme mariée "madame".
(De même qu'il n'y a rien, nulle part, qui dise qu'une femme doive prendre le nom de son mari en se mariant. Là encore, cela relève uniquement de l'usage).
Donc oui, cette distinction, au point de vue administratif, est sexiste et n'a pas lieu d'être, mais oui également, rien ne vous empêche de continuer à revendiquer ce terme à titre personnel.
Ensuite, pour les questions qui reviennent à l'identique au fil des commentaires :
- pourquoi garder "Madame" plutôt que "Mademoiselle" ?
Parce que "Madame" est plus respectueux. Plusieurs d'entre vous l'ont fait remarquer : par défaut, on appelle "Madame" une femme d'un certain âge ou occupant une certaine position hiérarchique. Le contraire serait considéré comme un manque de respect.
"Mademoiselle" sonne plus joli, je vous l'accorde, mais il connote la minorité, l'irresponsabilité, voire la virginité. Certaines d'entre vous trouvent que "Madame" fait trop mère de famille : à la limite, tant mieux. Encore une fois, on ne parle pas d'usage oral, mais de
formulaires administratifs ! Qui croyez-vous qu'on prend le plus au sérieux, Madame ou Mademoiselle ?
- pour celles qui estiment que c'est une question d'âge : non, c'est bien une question de statut marital, et le dragueur qui vous pose la question d'un air entendu veut bel et bien savoir si vous êtes casée ou non.
Le fait que l'appellation change avec l'âge n'est qu'une question de probabilité : plus vous êtes âgées, plus on estime que vous avez des chances d'être mariée. Et on appelle "Madame" les vieilles femmes non mariée non pas à cause de leur âge, mais parce qu'on estime inconvenant de leur renvoyer leur statut de vieille fille à la figure.
Donc rassurez-vous, non, le fait que votre banque, la Sécu, la SNCF or whatever vous appellent "Madame" ne fait pas de vous une "vieille" (honte et disgrâce suprême !)
- enfin, pour celles qui estiment que "les féministes" (comme s'il n'y avait qu'un seul féminisme...) se trompent de combat/se braquent pour des futilités/feraient mieux de s'occuper de choses vraiment graves :
Sachez qu'OLF est très doué pour créer le buzz (toutes leurs campagnes ont été âprement discutées et commentées, rappelez-vous "osez le clito"!), mais ça ne veut pas dire que pendant ce temps là, d'autres ne se battent pas AUSSI pour des choses "graves" et "sérieuses".
Pour le reste, et surtout sur l'ineptie qu'il y a à hiérarchiser les combats féministes, je vous renvoie à ce texte là :
"Mademoiselle, taisez-vous" : la réponse simpliste à la campagne d'Osez le féminisme - le Plus, parce que c'est très bien expliqué et que je commence à fatiguer un peu, là.