Pirates du genre: non-binaires, genderqueers, agenré.e, genderfluid and Co

[Some-old-Guy]

@Etp Hey ! Congrat's pour le fait d'enseigner =p
Perso je trouve que c'est bien déjà ce que tu penses utiliser...
Par rapport à la matière, je sais pas, mais genre j'aurais adoré qu'on me présente des personnes trans dans l'histoire. Je sais que c'est compliqué peut-être à aborder ou à discuter de ça... Donc je sais pas. Mais je pense que déjà, pour les personnes trans/nb, ce sera beaucoup ce que tu fais. :3 Super prof !

@Awdrey Tu sais c'est pas parce que ton expression de genre est considérée comme féminine par la société que tu n'es pas ton genre !
Pour les milieux Queer, je sais pas trop trop, c'est vrai que sur internet ça peut arriver je pense car beaucoup se disent que si t'as "l'air cis" alors c'est que tu l'es...... Y'a aussi une peur "d'invasion" toussa, c'est très toxique. Mais je l'ai encore jamais vu dans des associations IRL, et même si tu vas dans les milieux Queer et que tu dis que tu es en questionnement... Personne va te dire quelque chose, je pense. ^^ Mais tu es valide dans ton genre, peu importe comment tu t'habilles ! ♥

@Abricotine_ Pour ce qui est du CO, si c'est important pour toi, tu peux le faire. On a pas besoin de subir de discriminations pour être valide dans son genre !

 

[Growing Entish]

@Etp : Merci d'avoir posté!! Je passe mon capes d'anglais cette année et je me pose les mêmes questions. Je me pose aussi la question, malheureusement, de "comment ça va être pris par les parents", parce que c'est très certainement quelque chose qui risque de poser problème... Déjà je me sens un peu illégitime parce que je ne sais pas si "j'oserai" être out moi-même devant les élèves, j'ai l'impression que ça fait beaucoup d'angoisse pour une première année d'enseignement. Je crois que j'ai peur d'être outé.e dans une situation où je ne serais pas à l'aise, si je sors trop du "cadre" normal... C'est lâche mais j'en suis là
Je me disais surtout que je ferais des séquences à certains des moments de l'année, sur Thanksgiving (sans ressasser les clichés habituels), sur le Black History Month et sur les luttes LGBT en juin, entre autres. Je ne sais pas si ce sera faisable mais j'aimerais bien, et je me dis que les personnes concernées seront déjà contentes qu'on ait parlé de ça en classe. Je me dis que toi aussi tu dois pouvoir faire des trucs comme ça, même si moins axés sur le monde anglo-saxon?

@Awdrey @Abricotine_ : Vous êtes légitimes! Je sais que c'est facile à dire, et qu'effectivement il y a une pression, même inconsciente, à être androgyne ou masculin.e dans les milieux trans AFAB, mais le genre ne dépend pas de nos apparences. Je me permets d'enfoncer des portes ouvertes comme ça parce que c'est quelque chose que je me "force" un peu à redécouvrir moi-même : dans cette quête sans fin au fameux "passing", je me suis mis.e à détester faire les boutiques, et à ne plus aimer m'habiller, je n'ose plus porter que des choses "masculines" de peur de perdre toute crédibilité en tant que nonbi - et, spoiler, j'aime pas les fringues de mec en vrai. C'est dur mais j'essaie de renouer avec ma part de féminité du coup (merci d'ailleurs à ton topic sur le maquillage @Awdrey ), mais c'est vraiment pas facile... Donc courage à vous deux, dans tous les cas vous êtes nonbis, habillez-vous comme vous le sentez!

 

[Etp]

Une personne enseignant dans des établissements dits difficiles m'a envoyé un message soulevant un point intéressant, concernant le nom de famille. Elle me parle de plusieurs cas, dont celui d'un élève dont les difficultés familiales étaient telles que pour certaines raisons on avait changé son nom de famille contre son gré et il ne pouvait pas entendre son nom de famille administratif sans se mettre dans des états terribles.

Je lui ai répondu : "(...) Je ne me vois pas appeler certaines personnes par leur nom de famille et d'autres non, du coup dans ce cas peut-être demander simplement "quel est le prénom que vous utilisez ?" sur la fiche de renseignements... en espérant qu'iels osent répondre. Nan, en ayant mis ça à l'écrit je réalise que je n'aurais jamais répondu à une telle question par peur de l'outing général et de rajouter ça au harcèlement que je subissais déjà ; le nom de famille me parait être la bonne solution mais bien entendu je peux rajouter une question du type "Y a-t-il quoi que ce soit que vous souhaitez ajouter ?" ; en précisant à l'oral "par exemple sur votre nom de famille". Cela reste assez général pour que les personnes dont le nom ne se prononce pas comme il se lit (mon cas) se sentent concernées ; ainsi que les personnes dont les parents ont ajouté un nom de famille composé qu'elles ne reconnaissent pas (ma meilleure amie portait le nom de sa mère mais son père avait insisté pour que son propre nom soit ajouté à l'école, nom qu'elle-meme n'employait pas lorsqu'elle se présentait) ; ou encore les personnes comme celles que tu décris."

Cette personne me fait justement remarquer que jamais l'élève qu'elle décrit n'en aurait parlé si on le lui avait demandé, et que le personnel enseignant était au courant de son cas mais pas du fait de l'élève. Mais elle ajoute un point sur lequel je ne peux pas être d'accord : "Donc même si j'ai conscience que pour certains élèves le prénom peut poser problème, à côté de tout le reste la balance ne penche pas de ce côté." (elle se corrige ensuite quand je lui rappelle les statistiques du taux de suicide des ados trans en rappelant qu'on ne hiérarchise pas les souffrances et qu'il faut voir selon le cas, le milieu, son propre vécu - pour résumer).

(C'est ce que j'ai compris de cette conversation, j'ai souhaité rester suffisamment vague pour ne pas trahir l'anonymat des personnes concernées, et si cette personne me lit et trouve que je présente de manière incorrecte ses propos, qu'elle n'hésite pas à m'écrire ou à me proposer une autre formulation.)

Je pense que cette personne a raison sur certains points, à savoir que je ne peux pas invisibiliser les problèmes de classisme pour ne mettre en avant que les problèmes de transphobie. Cependant je pense que le problème du prénom est systémique et directement rattachable à la transidentité (la plupart des personnes trans ont des problèmes avec leur prénom mais pas toutes et le deadname est même un concept trans), alors que le problème du nom de famille n'est pas un cas systémique mais individuel et que j'aurais tendance à faire pencher la balance vers les cas systémiques plutôt qu'individuels. Mais comme le souligne mæ interlocuteur.ice, nous avons chacun nos vécus individuels et nous avons tendance à prioriser les problèmes qui nous concernent. C'est pour cela que je souhaiterais l'avis d'autres personnes sur ce sujet (d'ailleurs merci aux deux personnes qui ont répondu !)



@Awdrey et @Abricotine_ : J'approuve tout à fait ce que dit la personne au-dessus de moi, quelle que soit votre expression de genre votre genre et valide et d'ailleurs les vêtements n'ont pas de genre. J'ai eu le processus inverse ; tant que j'avais des insécurités quant à mon genre j'allais surjouer la masculinité ; c'est seulement depuis que j'ai compris avec certitude qui j'étais et ce que j'étais, que je suis plus à l'aise avec ma non-binarité et ma masculinité, que je m'autorise plus de souplesse dans mon expression de genre - je n'ai plus rien à prouver.
(En fait c'est pas tout à fait vrai, j'ai toujours des insécurités, mais bien moins qu'avant.)
Définissez-vous pour vous-même, vous n'avez rien à prouver à la communauté queer et trans.

 

[AngelTen Richard II]

@Awdrey @Abricotine_
Le genre est tellement structuré qu'il est excessivement facile de ne pas s'y sentir à l'aise, mais en même temps tellement rempli de pression qu'il est difficile de reconnaître ce malaise.
Je pense que ce qui relie avant tout l'ensemble des personnes non-binaires et trans (pour moi les personnes trans "binaires" sont un concept absurde d'un point de vue social, même si les personnes trans enbyphobes existent) c'est cette expérience de trouble dans le genre, de malaise, de sortie du cadre. Après certaines personnes sortent du cadre d'une manière plus flamboyante que d'autres, mais en soi la non-binarité commence presque à l'endroit où une femme se rebelle contre les codes de la féminité.

@Etp je te rejoins carrément ! A force de chercher à légitimer ma transidentité, ma masculinité et d'avoir un "passing" androgyne (pas masculin je ne suis pas forcément à l'aise avec la masculinité virile) j'avais fini par détester mon corps encore plus et par cesser de me sentir légitime dès que je ne mettais pas mon binder.
Maintenant j'en reviens, je remets même des fringues "de fille" que j'aimais bien mais que je ne mettais plus parce que trop "fille" ou des trucs comme du rouge à lèvres alors que je trouve que ça me donne un look d'enfer (surtout avec les cheveux très très courts que j'ai maintenant). Je suis une personne unique avant d'être un genre en fait, et il se trouve que cette personne que je suis se genre au masculin, mais il se trouve aussi que cette personne porte des débardeurs katy perry, et il se trouve aussi que cette personne ne veut pas vraiment transitionner même si plein de mecs trans transitionnent, et il se trouve que cette personne vous merde haha

Je pense qu'on se met beaucoup la pression : quitte à être queer autant être une personne queer "normale" qui rentre dans les flèches de sa nouvelle case. C'est le cycle de la normativité et c'est bien dommage.

 

[Awdrey]

Merci à tout.e.s pour vos messages/retours sur ma publication. (et soutien x1000 @Abricotine_ )

Je ne supporte plus mes cheveux longs et mon style qui n'est pas assez "neutre" à mon goût. Heureusement, demain j'aurai une autre coiffure beaucoup moins genrée (des nattes collées) qui donne moins de pression à mon sens car cheveux longs = méga méga genrés. Je me sens totalement déguisée. J'adore la mode et j'achète déjà des pièces sophistiquées mais franchement je ne sais pas, je ne me sens pas bien dans mon corps. J'aimerais que tous les habits soient vus individuellement et qui ne soient pas rattachés à un genre particulier. Quand je porte certains habits je me sens tellement vulnérable et mal car je sais qu'on me regardera "comme une femme" et je trouve ça juste horrible d'être prise pour "cette fille" etc. NON, juste non. Mais après je pense que c'est davantage un problème personnel car j'ai baigné comme toutes les autres personnes non-binaires dans un univers hypersexualisé et cisgenré et le fait de se savoir en dehors de cette binarité stricte nous fait totalement se questionner quant à notre perception d'objets, d'actes qui seraient genrés et je pense que se réapproprier certaines choses et les adapter à nos identités doit sûrement prendre du temps.

Et normalement si tout va bien je vais me percer aujourd'hui donc ça me rend beaucoup plus confiante et ça me permet de me réapproprier mon corps et de ne pas ressembler à la "fille de la porte d'à côté".

 

[Awdrey]

Désolée du double post mais j'aurai besoin d'un petit éclaircissement : en fait avant je me définissais comme bigenre : demi-fille et neutrois mais en fait ce qui me dérange énormément est le terme de "demi-fille" appliqué dans mon cas : c'est qu'il y a le terme fille alors que moi je ne me sens pas fille mais juste dans le spectre féminin sans pour autant me sentir femme. Et y'a aucun mot parmi tout le lexique non binaire qui arrive à définir mon ressenti...j'avais vu le terme "transféminin.e" mais au final j'ai vu qu'une personne AFAB ne pouvait pas se définir ainsi mais uniquement les personnes AMAB. Du coup je ne sais pas quel mot utiliser ! Demi-féminin.e ? Ou même Nano-féminin.e ? Je sais que le genre c'est très divers mais j'ai juste l'impression que si je crée mon propre mot il n'aura aucune légitimité.

 

[AngelTen Richard II]

@Awdrey
Déjà si tu inventes ton propre mot ça ne pose aucun problème. Tous les mots ont au départ été inventés. Et puis "nano-fille" je trouve ça très cool, on comprend bien ce que tu veux dire, et ça fait un peu nom de super hero-ine scientifique

Ensuite il me semble que le terme "juxera" existe et à un sens très proche de ce que tu dis. Je dois avoir un lien vers des listes de termes déjà inventés, je te retrouve ça et je te le passe

 

[Awdrey]

Je viens de lire un article de l'Obs sur une personne qui s'identifie comme neutrois (comme moi) -> je regarde les commentaires -> je vois qu'il y a encore tellement de haine envers les personnes NB et je me dis que j'ai tellement de chance de fréquenter des milieux safes.

 

[Growing Entish]

@Awdrey : on a des genres plutôt proches! je t'orienterais aussi vers le terme "juxera" (dans ma signature) qui est l'un de mes genres et que je vis pas mal comme ce que tu décris.

 

[Awdrey]

@Growing Entish J'ai cherché et vu la définition du terme Juxera et il ne me convient pas vraiment. En gros ils disent que c'est un genre féminin proche du genre "femme" mais qui est séparé du terme de femme... En fait moi je ne considère pas globalement mon genre comme étant féminin et encore moins "presque pareil" que le genre femme.

En gros je suis une personne agenre/neutre qui a seulement une connexion à la féminité et qui n'a pas de genre + qui n'a pas de genre dans le spectre féminin. Je dirai donc que ma féminité (au niveau de l'identité) est périphérique au genre féminin (sans parler de l'expression de genre comme tu dois bien le savoir, donc tu vois la galère aha).
Mais heureusement que j'ai pu faire des recherches et trouver un terme qui correspond (en grande partie) à mon ressenti : libraféminin.e ! = personne agenre/neutre avant tout qui a cette fameuse connexion avec la féminité ou pour d'autres personnes carrément avec le genre femme (ici je distingue bien femme et féminin.e car il y a une nuance) donc voilà je crois que ça me va

(Enfin...il me reste juste le pronom et les accords )

 

[Melydo]

@Awdrey J'allais venir crier "librageeeeeeeeenre" et en fait tu as trouvé le mot entre temps
Je suis libragenre aussi mais avec une connexion à la masculinité en revanche (et 0% à la féminité)

 

[Growing Entish]

@Awdrey content.e que tu aies trouvé un mot qui te convient! Pour info je ne vois pas du tout mon genre féminin comme "presque pareil" que le genre "femme" (au contraire il faut que je relise cette définition!), je vois ça plutôt comme un genre similaire mais différent en nature du genre femme, et du coup plus "féminin" que "femme". Ton image de périphérie me plait bien, moi j'utilise en général l'image d'un reflet un peu troublé du genre "femme", comme quand tu te regardes dans de l'eau trouble par exemple. Là où je ne ressens pas les choses de la même façon c'est que je n'ai pas la notion d'absence de genre ou de neutralité.

(je ne suis pas embêté.e du tout que le terme ne t'ait pas convenu, je précise au cas où, mais je voulais préciser du coup, vu que c'est un genre auquel je m'identifie et que je n'ai pas du tout la même définition que celle que tu sembles avoir comprise, alors qu'on a lu la même définition)