Alors.
Coucou, c'est moi. Amélie, askip.
En vrai je suis heureuse d'avoir témoigné grâce à Anouk (merci tu es géniale
), c'était une expérience assez empouvoirante et chouette, et j'apprécie le fait d'analyser ma vie, de prendre du recul, de la résumer, de partager mon expérience.
Merci donc à tout.e.s celle.eux qui ont apprécié lire l'article, qui se sont reconnu.e.s ou non, qui liront les témoignages suivants avec curiosité et bienveillance. La forme a des défauts, j'en ai parlé avec Anouk et je ne m'étendrais pas dessus. Le premier article de la série aura essuyé les pots cassés et les prochains seront encore meilleurs.
Je voulais m'expliquer ici pour apporter des détails et répondre à des questions intéressantes qui ont été posées. Je tenterai aussi de répondre aux rageux des commentaires facebook mais je doute que ça en vaille la peine.
J'ai une vie sexuelle hors de la norme, mais pas débridée. Je comprends que certain.e.s puissent ressentir une sorte de pression sociale de "performance" sexuelle, de sexualité toujours plus open, toujours plus loin. Mon témoignage vise le contraire, et j'espère que les prochains témoignages de la série sauront montrer tout le spectre si chouette et immense des sexualités (et asexualités !). Mon mode de couple polyamoureux me permet personnellement d'échapper aux exigences du "toujours plus" de sexe, de pouvoir moduler ma sexualité à l'envi, et je trouve ma liberté là-dedans.
Concernant la perte de ma virginité, je pense que beaucoup de femmes ici comprendront aisément la pression sociale de devoir la "perdre". A posteriori, effectivement, c'était clairement nul de penser ça. Mais je ne me suis pas adressée au premier venu, j'ai trouvé quelqu'un en qui j'avais entièrement confiance sans pour autant avoir de sentiments pour lui - à l'époque. Je lis des commentaires facebook disant que mon futur mari n'appréciera pas un passé aussi sulfureux... Mon "futur mari", je le connais déjà, il s'agit de mon bien-aimé, celui qui a été ma première fois. C'était il y a 5 ans et son passé et son présent sont tout aussi "sulfureux" que le mien. Notre histoire est tout aussi niaise et romantique qu'elle est atypique et déviante. Nous avons trouvé notre équilibre, ce qui n'a pas été facile. Ecrire sur notre couple libre prendrait des heures et ce n'est pas le sujet
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Mon témoignage parle d'une jeune fille pathologiquement timide et mal dans sa peau, toujours prête à tout pour être "dans la norme", qui s'est émancipée et s'est trouvée elle-même au travers de la découverte de son corps. Au terme d'un long chemin, et malgré ma dépression actuelle (et non, ce n'est pas lié, merci ^^), j'aime mon corps, ma vie et j'ai la chance d'être entourée par des personnes incroyables. J'ai appris à respecter mes envies, à explorer ma bisexualité, à aimer de tant de façons différentes.
Oui, l'article touche à tout sans vraiment rien approfondir, oui il ne parle pas vraiment de mon "ressenti" et de mes "émotions", mais ce n'était pas le but. Le but était bel et bien un "portrait cul", un portrait de moi à poil sans tabou, pour parler de mon expérience unique. Rien n'est évidemment inventé et Anouk a très bien su transcrire ce que je lui avais décrit. Un portrait plus profond et plus personnel aurait pris bien plus de place et de temps, et même ce post est déjà beaucoup trop long
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Concernant mon viol. Lorsque le sujet est arrivé dans la conversation avec Anouk, je n'ai pas voulu m'étendre car c'est un épisode de ma vie dont je n'aime pas vraiment parler, et j'ai donc dévié la conversation de manière légère. Pour autant, le sujet n'est absolument pas à prendre à la légère, d'autant plus qu'il a été très difficile pour moi d'accepter cet épisode de ma vie. Il est aujourd'hui parti intégrante de moi-même et de mon parcours. Mon violeur, comme je l'ai constaté récemment, est toujours présent sur les sites de rencontre, toujours impuni grâce à ce merveilleux policier ayant refusé de prendre ma plainte.
Les commentaires sur facebook sont un joli panel de slut-shaming et de psychologie de comptoir, j'y répondrais donc vaguement ici : l'article utilise le mot "baiser" assez souvent ; il est hypocrite et culpabilisant de distinguer le fait de baiser et de faire l'amour, et je dis moi-même que je "baise". Pour autant, vous pouvez cesser de remettre en question mon amour et mon couple, qui est un des piliers de ma vie. Je "baise" aussi avec mes meilleurs amis parce que ce sont des personnes formidables que j'aime et qui m'apportent tant.
Je ne souhaite pas avoir d'enfants, et continuerai avec ce mode de vie tant qu'il me rend épanouie et satisfaite. La sexualité n'a pas d'âge et il n'est pas question pour moi de me ""ranger"" afin de suivre un parcours de vie plus normé.
Pour finir, ma sexualité n'est PAS, mais alors pas du tout un moyen factice d'être heureuse ou de me voiler la face. Malgré ma neuro-atypicité, je suis aujourd'hui heureuse ; il est nécessaire de cesser de voir la sexualité comme une activité destructrice et malsaine, cachant forcément un mal-être. Sans mon parcours sexuel (entre autres), je serais tout aussi misérable et malheureuse qu'il y a 5 ans, détestant mon corps et effrayée de tout. Je ne suis pas un objet, je ne suis pas un bout de viande, je suis forte et empouvoirée par mon travail de déconstruction sociale. Je suis CrimsonGabrielle.