Prix du livre : vers la fin d'une concurrence déloyale

[Tree Hugger]

Par contre penser que je vais maintenant devoir me farcir une conversation reloue avec un libraire qui n'y connaît rien (parce qu'un libraire s'y connaît en "petite maison d'édition qui monte" mais pas en édition juridique, bizarrement)

Je voudrais juste réagir là-dessus... C'est pas très cool de mettre TOUS les libraires dans le même panier en mode "ils n'y connaissent rien dès que c'est spécialisé"... Il existe justement des librairies spécialisées, voire des librairies générales avec un rayon dédié aux ouvrages universitaires et techniques dans lesquels les libraires savent de quoi ils parlent... Faut arrêter les clichés sur ce métier...

 

[Rhapsody]

Parfois il suffit juste de s'adresser au bon libraire : si vous vous rendez dans une librairie qui ne vend habituellement pas de livres anglophones, il y a peu de chances d'une que vous trouviez le livre que vous souhaitiez et de deux, que les délais de livraison soient courts si vous commandez. Tout simplement parce que c'est un rayon qu'il n'a pas développé.
Il faut aussi respecter les particularités de chaque librairie : n'avez-vous jamais remarqué que telle librairie ne faisait pas de livres scolaires quand une autre en fait ? Que telle librairie ne fait pas de régionalisme quand celle d'à côté en fait ?

Justement, un point soulevé par pas mal de gens qui achètent sur Amazon : tout le monde n'a pas le bon libraire à côté de chez lui.
Certaines fois, que ce soit pour nos études ou nos loisirs, on a besoin d'acheter un livre qui ne se trouve pas dans toutes les libraires - on ne peut se nourrir que de Marc Lévy, Agatha Christie ou Zola. Le cahier d'allemand de 6° pour ton petit frère ne se trouve pas forcément à côté de chez toi, ni même le Peinture et dessin du CMN, ou même des romans, moins connus et vendus qu'un Hugo, ou en langue étrangère comme l'a évoqué @maycomb.
Bien sûr, on peut commander un ouvrage chez un libraire : mais comme tu le fais remarquer, si le libraire qui à côté de chez moi ne ved que des ouvrages sur le Puy de Sancy ou les recettes traditionnelles du Cantal, je pourrais difficilement lui demander de me faire parvenir Le Dictionnaire raisonné d’architecture (blabla) de Viollet-le-Duc, ou The Cambridge Ancient History (qui, j'irais même plus loin : ne me sont même pas accessibles dans la Fnac la plus proche de chez moi, alors que ce sont de putains de références dans leur domaine : cas dans lequel Amazon m'est d'une grande aide).
Un des points forts d'amazon, c'est que l'étendue de l'offre est extrêmement large et ne se spécialise pas.


Et quant à un autre problème que tu soulevais, à propos des acheteurs qui prenaient leur temps, outre que ce que @van-kasteel t'a déjà répondu, j'ajouterais que les achats universitaires sont parfois un peu plus compliqué qu'acheter Les Fourberies de Scapin pour un élève de 3° : par exemple, ce semestre, un de mes profs nous a filé une bibliographie qui compterait selon lui 500 entrées (je ne les ai pas recomptées, mais au vu du nombre de pages, je veux bien le croire) - ce ne sont bien évidemment pas des lectures obligatoires, mais tu te doutes bien qu'il nous faut un petit plus d'une semaine avant de pouvoir prendre nos marques dans cette bibliographie et comprendre quels ouvrages seront mieux adaptés à notre propre manière d'étudier voire au domaine qui nous intéresse le plus.
C'est certes un cas très particulier (heureusement ) mais en un semestre de licence, j'ai, quoi, environ 5 UE à valider (j'ai la flemme de compter ), et qui nous proposent des bibliographies sélectives d'au minimum 15-20 ouvrages (sans compter sur le fait que parfois, elles varient entre le CM et le TD d'une même UE).
Dans ces conditions, il arrive qu'on se rende compte que tel livre est en fait notre Graal à peine une semaine avant les partiels, et que par conséquent, on se retrouve à tenter de l'acquérir très rapidement.

 

[Jules Winnfield]

Je crois que c'est la première fois de ma vie que je suis d'accord avec les idées libéralistes (et que je big-up des meufs de droite)

 

[Irideae]

@angelin : Rien à voir avec le débat mais j't'ai biguppée pour les Walking Dead en album double (eh ouais, moi aussi j'ai craqué ).

 

[Analinea]

Pour rejoindre plusieurs commentaires sur les bouquins universitaires, je pense juste à mon énoooorme bouquin de neuro qui m'a sauvé la vie et que je n'aurai pas eu sans internet et...que en fait vu le prix du truc j'aurai même pas pu m'acheter s'il avait été disponible en librairie...d'ailleurs tous les bouquins de la fac que j'ai, en dehors de la base de Freud qu'on trouve facilement, ben...j'ai eu la chance du monde qu'une amie a mes parents aient leur fille qui vienne de terminer les mêmes études que moi et qui me les a donnés. Sinon je n'aurais rien...ouais, même dans les villes moyennes, on a pas forcément de suuupeeeer librairies trop coool, on se contente de la fnac et de cultura, c'est cher et on y trouve pas la moitié de ce qu'on voudrait...(quand à trouver des livres d'occasion ou en langue étrangère bon courage, mais ça, ça s'éloigne un peu du débat).
Enfin désolée si c'est de la répétition mais je n'ai lu que les derniers commentaires je dois aller en cours

 

[salvia]

En gros de dire : La vente en ligne c'est bien, mais c'est pas parce qu'on est plus gros qu'on doit avoir le droit de faire payer moins cher.

S'ils proposent des prix défiant toute concurrence, c'est parce qu'ils pénalisent d'autres petits budgets : leurs employés, intérimaires payés au SMIC (à peu de choses près) qui travaillent dans des conditions très dures -constamment sous surveillance, ils sont soumis à des cadences particulièrement soutenues.

Mais est-ce que ce n'est pas là le principe même de concurrence? Les grandes surfaces utilisent exactement les même méthodes, les petits commerçants locaux boivent la tasse et le gouvernement ne fait rien pour eux. Il en est de même pour les grands enseignes, notamment du prêt-à-porter.

Alors bien sur qu'il faut lutter contre les méthodes d'Amazon mais je ne crois pas que la bonne solution soit de pénaliser les clients. Marrant quand même de voir que la culture devient de plus en plus en chère. On se demande ce que cela peut apporter au gouvernement de diriger un peuple analphabète dont la culture à été complètement orientée

 

[Elisariel]

J'enfonce le clou !!!
Totalement d'accord avec Epée et bien d'autres.
En écho à laoranamoana : Essayez de trouver une librairie (et je ne parlerai même pas des librairies spécialisées) dans le centre Finistère !
Prendre sa voiture, faire 15 bornes pour trouver un bouquin et devoir, la plupart du temps, le commander = 10 à 20 jours d'attente en moyenne et rebelote, la voiture pour aller le chercher (après avoir appeler plusieurs fois la librairie) et payer le prix fort, dire juste donc.
OUI, les éditeurs ont la main TROP lourde.
OUI, les écrivains (pas tous) ne roulent pas sur l'or.
... Moi encore moins.
Perso, le livre est mon ami intime et je l'écris sans honte aucune : Amazon est mon premier fournisseur même si je passe à la librairie du coin lointain quand j'en ai l'occasion (une fois tous les deux mois).
La loi Lang, Pfffffffffffffffffffffff

 

[Clemence Bodoc]

Compte tenu de ta consommation, tu ne devrais pas voir augmenter les prix ! L'augmentation ne concerne que les livres français, produits par les maisons d'édition française !

Ça n'impacte pas les livres étrangers.

Mais c'est n'importe quoi comme argument. Ce n'est pas parce qu'on lit des livres étrangers qu'on n'en lit pas de français. On peut commander essentiellement des bouquins écrits en anglais mais s'offusquer de cette loi concernant les livres français, quand même !

Je n'ai jamais dit le contraire ! Je répondais simplement que compte tenu de sa consommation à elle, essentiellement des livres étrangers et des ebooks, elle ne devrait pas avoir à payer plus cher dans le futur. 

Et je comprends qu'on s'offusque du prix unique ! Ce que je comprends moins, c'est qu'on s'offusque juste de cette future loi qui ne fait que renforcer l'application du prix unique. 

Après effectivement, il y a énormément de critiques à faire sur l'accès à la culture en France ; mais je pense que les problèmes que vous soulevez vont être adressés dans le futur. Pour l'instant j'ai l'impression que le gouvernement fonctionne par projets transversaux : on a attendu un an pour voir passer une loi sur l'égalité H/F qui est un projet global, un an aussi pour que sorte le projet de loi sur le logement, je pressens que la culture aura droit à son projet aussi au coeur du quinquennat... 

Et les débats vont être intéressants ; j'ai lu avec attention ce qu'a écrit @Devotchka sur le monde de la culture... et oui, une réforme s'impose. Une réforme qui prenne en compte l'évolution des modes de consommation. 

(déjà, la pauvreté de l'offre ebook en France, on en parle ?)

 

[Kiem]

Pour avoir fait un (très) bref passage chez les futurs libraires, je tiens juste à rappeller une chose. La loi Lang n'a pas juste pour vocation de protéger la petite librairie de quartier, mais aussi la diversité éditoriale et l'édition indépendante (comprendre : hors Hachette, Gallimard et compagnie.)

En effet, les sites en ligne n'ont pas vraiment d'outils de conseil de livres. Et s'il y en a, c'est généralement des livres connus qui se vendent bien et vite. Or les livres dont la vente et plus étalée dans le temps, et ceux tirés à peu d'exemplaire ou venant de petites maisons d'édition ont très peu de visibilité sur ces sites. C'est en librairie que ces livres là se vendent.

Si on permet la libre concurrence sur le livre, il n'y a pas que les "petites librairies de quartier" qui vont disparaître, mais aussi une bonne partie de l'offre de livres. Et surtout, toute l'offre éditoriale viendra de quelques groupes (Hachette, Editis, Gallimard, Seuil et quelques autres). Et il y a beaucoup de choses qui en prendraient du plomb dans l'aile. Rien que la poésie actuelle, vu comme ça se vend et vu les faibles tirages, je pense pas qu'Amazon en fasse beaucoup la promotion.

La vente en ligne est un truc génial qui facilite beaucoup la vie, simplement le prix unique n'a pas juste pour vocation de diaboliser Internet ou Amazon. Ca protège tout un pan de la production de livres.

Après, je suis d'accord qu'il y ait un problème avec le prix du livre, mais ça vient plutôt de la mauvaise gestion des éditeurs qui se casse un peu la gueule.

 

[Elisariel]

Bon, je me trompe peut-être (au vu des messages de certains, très au courant de la loi Lang et de ses arguties pointues ) mais cette proposition de loi pue littéralement, c'est le cas de l'écrire, la politique politicienne dans le but non avoué de caresser dans le sens du poil des secteurs d'activités spécifiques et leurs puissants syndicats compris, tout en jouant à taper sur les Méchants-trop-gros-et-trop-Libéraux.
A l'approche d'élections diverses et  (a)variées, on n'est pas au bout de nos surprises...
Ma bibliothèque personnelle est une ogresse : Pour la faire vivre, faut la nourrir !
Et comme dit plus haut, habitant dans un coin reculé de notre bonne France où les loups viennent manger dans les poubelles à la nuit tombée, tout ceci me met au banc des futures victimes ! 

 

[adita]

Je ne vois pas pourquoi le livre est autant sacralisé en France, qu'est-ce que ça m'énerve... Quand je vois un livre de poche tout ce qu'il y a de plus simple, qu'est-ce qui justifie qu'on puisse le considérer comme un bien de consommation différent ? En quoi ? Pourquoi ?

Mais c'est l'exception cultureeeelle mâdame!

Spoiler

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Le pire c'est que oui, c'est au nom de cette sacro-sainte exception culturelle française que les énarques parisiens de l'assemblée défendrons jusqu'à la mort.

Les syndicats des libraires et des éditeurs sont peut être puissant, mais de mon point de vue, c'est vraiment cette "exception culturelle française" qui sclérose un peu le marché de la culture en France.

Il y a plein de belles choses dans la culture française mais je pense qu'il faudrait aussi que les politiques françaises portant sur la culture regarde un peu l'avenir au lieu de ressasser la grandeur passée.

 

[Tourterelle]

Eh bien moi je suis ravie de cette loi.

J'aurais préféré qu'on oblige Amazon à payer ses impôts en France et que les frais de port puissent rester gratuits, mais on ne peut pas tout avoir...

Pour info, Amazon ne paye pas d'impôts à l'État français, touche des subventions des collectivités locales françaises, et se fait un max de blé avec vos infos de navigation qu'ils revendent à des publicitaires en ligne. Vous vous êtes jamais demandé d'où venait la pub pour le dernier tome de Game of Thrones qui s'affiche quand vous vous baladez sur un site de musique ? Amazon a repéré que vous êtes allé consulter le prix du bouquin et a vendu l'info. Vie privée ? Connais pas. Impôts ? C'est quoi ce truc ?

Pour les parisiennes, j'aimerais conseiller cette excellente alternative. J'achète tous mes livres dans des librairies indépendantes depuis que je la connais : http://www.parislibrairies.fr/

Pour les autres, franchement, faut arrêter de délirer. Vous pourrez toujours avoir les frais de port offerts, simplement le livre sera 5% plus cher. C'est rien 5%. Et profiter du marché de l'occasion n'est pas un crime, au contraire. D'ailleurs, il faut profiter de l'occasion tant qu'elle est légale. Je dis ça parce qu'à chaque projet de loi Hadopi, Loppsi, Acta etc, on a entendu de plus en plus fort les lobbyistes de l'industrie du divertissement glisser au détour d'un argument que l'occasion s'apparentait à du piratage. Et les politiques, qui sont arrêtent de réfléchir dès qu'on leur brandit le mot "croissance", commencent tout doucement à se laisser influencer. À croire que l'occasion tue la croissance, donc que l'occasion devrait être interdite. Je ne plaisante pas, ça nous pend au nez. Donc profitons-en tant que c'est possible !