Je suis prête à parier, je suis faible et peureuse, je préfère prendre le risque de me planter plutôt que de courir vers une catastrophe. Mais les solutions proposées, effectivement, me semblent faire bien pâle figure. La décroissance est un voie à grande vitesse vers un appauvrissement généralisé, un fossé encore plus creusé entre les classes sociales, la disparition des classes moyennes tirées vers le bas, seule une élite financière pouvant s'offrir le luxe de vivre dans un confort avancé, le reste de la population devant régresser à un mode de vie archaïque qui, s'il avait suffit à nourrir son monde et permettre aux gens de vivre sainement, aurait sans doute été plus pérenne. Je ne crois pas à la décroissance. Ceux qui la prônent s'apparentent pour moi à des illuminés manipulateurs ou manipulés, peu importe, le résultat étant un totalitarisme n'acceptant aucun écart, réellement effrayant. Je suis pour une régulation intelligente de la consommation, toutefois. Pour moi ce n'est pas la même chose. Une régulation tend vers un équilibre, une décroissance est une direction linéaire. Une régulation se situe avant tout dans une réflexion globale, et pas sur des éléments individuels simplistes comme les solutions du type éteindre la lumière et faire son compost. Certes, surveiller sa consommation électrique, à l'échelle globale, a un réel impact, je ne le nie pas. Tant mieux, je ne suis pas contre. Je n'ai rien contre ces mesures en elles mêmes, enfin certaines - effectivement, revenir à une hygiène du XIXème et un mode de vie en autarcie me hérisse le poil, le progrès ne s'est pas fait pour rien. Ce n'est pas qu'une affaire de confort individuel, c'est que tout ce qu'on a trouvé, c'est de demander à la population de modifier radicalement son mode de vie en faisant marche arrière. Si tu ne te décides pas à retourner chier dans un trou au fond du jardin, le ciel va nous tomber sur la tête. C'est culpabilisant, un moyen de contrôle et de pression supplémentaire, et surtout c'est superficiel. Ce que je reproche, c'est que c'est tout qu'on a. On comble les fissures, on rebouche les petits trous, mais qu'en est il de la structure? La communication sur les changements profonds est trop faible, limitée à des messages à fins publicitaires. On refait la déco, mais le mode de fonctionnement global ne change pas. Et une décroissance abrupte ne me semble pas viable, allant trop à l'encontre de ces mentalités, construites sur un existant. Pour réfléchir à l'avenir, il faut tenir compte de l'existant.
Je suis pour un progrès scientifique et technologique. Le progrès souffre et souffrira encore sûrement longtemps d'une image négative, parfois enfouie, liée à une peur de l'inconnu et à ce qu'on connait des effets néfastes de nos précédentes inventions, notamment ce besoin de fournir, produire, toujours plus, toujours plus vite, une industrialisation obsolète qui reste gravée dans nos mentalités. Je pense que le progrès est avant tout d'aller vers le mieux, et faire le choix irrévocable d'une décroissance noie toute chance de grande avancée scientifique, la résignation nous dire son pessimismerendant la recherche inutile. Je vois vraiment ça d'un mauvais oeil, car je n'ai pas l'impression que ce soit réfléchi, comme tout phénomène ou théorie massivement médiatisé. Il y a sans doute de l'intelligence derrière, mais elle s'est perdue en route pour laisser place à une absurdité, porte ouverte sur un contrôle accru des populations, le même qui nous terrifie sur des questions parallèles.