Les âmes mortes de Nikolai Gogol. Ca ne vaut pas mes Nouvelles de Petersbourg chéries mais avoir lu les deux oeuvres offre une belle photographie sépia de la Russie d'antan: les gens de la grande ville dans l'une, les gens de la province dans l'autre, mais tous unis sous le joug du même fléau que Gogol dénonce: l'administration russe (qu'en comparaison, même obtenir un renseignement de ton centre des impôts sur quelle case cocher sur le formulaire reste une douce balade bucolique), ses chefs et ses sous-chefs et ses sur-chefs, ses illogismes et ses non-sens. Gogol tourne le tout en ridicule, avec ces âmes mortes, ces serfs décédés mais que le système considère toujours comme vivants. Le ton est sérieux comme tout classique qui se respecte et drôle tout à la fois, avec ses tournures de phrases bien senties et la caricature que Gogol fait de ses contemporains. J'avais tellement peur d'être déçue que je sens un poids en moins et que je suis motivée pour me pencher sur d'autres écrits de cet auteur.
Le fauteuil hanté de Gaston Leroux. C'est fou, les intrigues du papa de Rouletabille n'ont décidément pris que quelques rides au coin des yeux. Ca a un petit côté réconfortant de se plonger dans ces histoires d 'un autre temps qui, par leur contexte devenu désuet, deviennent sacrément originales. Leroux règle un peu ses comptes avec les Immortels de l'Académie, qui malgré leur statut tombent comme des mouches. La faute, apparemment, à un recalé de la noble institution, au nom aussi long que ses connaissances sur l'ancienne Egypte et ses malédictions... C'est assez long pour que ce soit étoffé avec de bons rebondissements et une fin inattendue, et c'est assez court pour ne pas avoir le temps de s'ennuyer.
Maintenant je vais relire Les anneaux de Bicêtre de Georges Simenon. Relire parce qu'à l'âge de 12 ans j'avais pioché ce livre dans la bibliothèque de mes parents et je ne sais pas pourquoi mais un truc m'avait parlé dans cette histoire d'un sexagénaire (ou quinqua?) cloué dans un lit d'hosto. Je ne sais pas ce que j'en avais compris à l'époque, mais ça m'avait impressionnée. Je veux voir si la "magie" (si on peut parler ainsi) opère toujours.