@elyon pas fan non plus de ce recueil de Murakami...
J'ai lu Bérénice de Racine.
Titus et Bérénice s'aiment. Mais Titus décide de mettre un terme à leur relation pour se montrer digne de sa nouvelle fonction d'empereur, en respectant les lois dont il devient le garant. Pas de sang, pas de folie destructrice. Juste la raison d'état opposée à l'amour.
Plus mélancolique que déchirant, plus psychologique que fougueux, c'est beau mais ça manque d'ardeur et de tirades enflammées à mon goût.
Du coup par un enchaînement logique^^, j'ai lu Aurélien de Louis Aragon dont j'ai découvert la poésie l'an dernier.
Aurélien est un ancien combattant de la Grande Guerre, pas vraiment réadapté à la vie civile. Il tombe amoureux de Bérénice, l'épouse d'un pharmacien de province.
Leur rencontre n'est pas qu'une rencontre amoureuse entre 2 êtres désoeuvrés, c'est comme une reconnaissance réciproque : l'irrésolution et l'oisiveté dépressive d'Aurélien faisant écho à la nature insaisissable et fuyante de Bérénice.
Dans un style qui n'a rien à envier à celui de sa poésie, Aragon fait revivre le Paris des années folles.
Il décrit hommes et femmes avec un même talent. Les 2 héros : Bérénice et son goût de l'absolu, Aurélien qui n'a plus goût à rien. Mais aussi le prototype du pervers narcissique, l'actrice vieillissante...
Il décline le sentiment amoureux : la prise de conscience sidérée, l'anticipation, mais surtout les actes manqués.
Car c'est une histoire d'amour
"manquée", mais magnifiée par ces rendez-vous manqués. Un amour idéalisé car inabouti.
Il y aurait encore beaucoup à dire notamment sur la vision du couple qui transparaît à travers les couples établis et les autres (vision éclairée par la préface).
Il y aurait encore beaucoup à dire car c'est un grand livre, dont le chapitre 36 vaut à lui seul le détour.
Le bémol pour moi : la récurrence du mot nègre.