Cet article me parle beaucoup, parce que je me retrouve dans le non-désir d'enfant (c'est marrant qu'on parle en terme d'absence de désir, et pas de choix, enfin je m'égare).
J'ai dans mon entourage une ex-collègue, une amie, qui a 31 ans a senti son horloge biologique s'affoler. Elle a fait un enfant, et aujourd'hui, quand elle m'en parle, c'est limite si elle me dit pas "je regrette". Elle a tellement galéré qu'elle est totalement allergique à l'idée d'un deuxième. Aujourd'hui elle se sent "en prison", et même si elle n'ose pas le verbaliser, elle me lance beaucoup de sous-entendus. Elle aime son petit garçon, mais ça me fait de la peine, car jamais je ne l'avais vu aussi soucieuse, aussi... "résignée".
Une autre de mes anciennes collègue a fait une petite fille, assez jeune, style 22 ans. Je n'ai jamais vu une maman, un papa et une petite fille aussi souriants. Sur les photos qu'elle poste sur facebook, ils n'arrêtent jamais de sourire : la petite n'a même pas 6 mois, et c'est un rayon de soleil tellement elle a l'air heureuse, et aimée. Les parents eux aussi rayonnent de bonheur.
Je suis frappée par la différence entre cette petiote rayon de soleil, et le petit garçon de mon ami, qui vit dans une ambiance beaucoup plus tendue. Tout ça pour dire que "faire un enfant" (ce qui est à la portée de tout être humain pubère venu) et "vouloir un enfant", c'est pas du tout la même chose.
Je me demande comment, encore aujourd'hui, on peut douter des répercussions que ça peut avoir sur l'enfant, pour ne parler que de lui.
Mais bref, ceci est un autre sujet.
Collégienne, j'avais une amie dont la mère avait dit à elle et sa soeur "si vous étiez à refaire, je ne le referais pas". Bim, mange-toi ça. Ca m'avait affreusement choquée.
La question que je me pose toujours, c'est que disent les parents à leurs enfants, quand ces derniers n'ont pas été désiré ? On lui dit quoi, à ce petit, qui à l'âge des questions existentielles, demande à ses parents "pourquoi je suis sur Terre" ? Un enfant n'a jamais demandé à naître, et pour moi un "faire un" sans le vouloir c'est courir le risque de lui faire payer un jour, alors qu'il n'y est pour rien.
Quid du plus égoïste donc, celui qui fait un enfant sans se connaître, sans sonder ce qu'il a tout au fond de lui, sans faire état des lieux de ce qu'il a à offrir à un petit, ou celui qui "renonce", par peur de mal faire ?
Depuis petite, je ne veux pas d'enfants.
Jusqu'à l'adolescence, on me laissait à peu près tranquille. Mais non, maintenant que j'ai 23 ans, j'ai moi aussi droit aux répliques "tu verras, tu changerais d'avis", "tu peux pas lutter contre les hormones". Quand j'entends ça, j'ai le poil qui se hérisse, parce que j'ai l'impression qu'on veut me soumettre. Comme si on essayait de "me mater" (pas reluquer hein ^^) via mon système reproducteur.
J'ai autre chose à offrir à la société qu'un enfant. Ma contribution ne se fera pas QUE (si jamais je viens à changer d'avis, sait-on jamais) sous la forme d'un bambin de 3.7kg.
C'est quand qu'on se mettra dans la tête que tout le monde n'est pas fait pour avoir des enfants ? Que même si on a toutes les qualités pour devenir un bon parent, LA VOLONTE de ne pas en avoir devrait être un argument suffisant par totalement contre-indiqué à l'amour qu'un enfant a besoin pour vivre, se construire ?
J'avais lu un jour (sur le forum il me semble) qu'il était dommage que des femmes aussi instruites et "avancées" que nous ne fassent pas des enfants, car ces derniers pourraient faire avancer le monde (grosso modo hein). Donc c'est ça, il faut qu'on rentabilise notre savoir, notre éthique, sous la forme d'un enfant ? Enfant qui du coup, est condamné à être un produit fini semblable à sa mère, mais en mieux (pour le bien de l'humanité mon petit, pour le bien de l'humanité). Et son individualité à cet enfant ? A ses rêves ?
J'ai trop de respect pour la vie pour faire n'importe quoi avec.
Alors oui, il paraît que les arguments écologiques, altruistes, ne sont que des déguisements d'une peur (lu aussi par ici). La peur ne pourrait-elle pas s'avérer utile ? Est-ce qu'il serait pas temps, au XXIème siècle, de ralentir la course au bébé pour se poser, se sonder, et faire ses choix en conscience ?
Bref, tout ça pour dire que je ne suis plus du tout disposée à me laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit (familles, amis, autres) sous prétexte que je n'ai pour l'instant pas envie que mon utérus soit occupé.
EDIT : @Arrrum : mon dieu mais c'est tout à fait ça, les gens ont peur du vide ! Peur de se retrouver face à soi-même...Un enfant ça occupe tellement, ça évite de se poser certaines questions difficiles !
Merci d'avoir mis des mots sur ce que je ressentais