Je voudrais revenir sur la chanson de Giedré.
Je suis très déçue, oui, j'aime beaucoup ce qu'elle fait, même s'il y a des maladresses parfois.
J'ai pas d'enfants.
Et cette chanson me méprise parce que je ne connais pas la réalité de la maternité, parce que j'ai fait un autre choix.
C'est une chanson qui me dit que je ne suis pas légitime de me plaindre de ma vie, parce que je n'ai pas d'enfants et que je n'ai pas le droit de dire que je suis fatiguée.
Je me bats tous les jours contre mes problèmes familiaux. Je résiste de mon mieux au capitalisme qui essaie d'avoir ma peau. Je lutte contre ce foutu terrain dépressif et misanthrope qui me dit d'envoyer toulmonde péter et de ne plus parler à personne.
Bref, ça va pas toujours super dans ma tête.
Mais comme j'ai pas d'enfants, ben je sais pas ce que c'est la vraie fatigue.
C'est pas juste.
Je fais de mon mieux pour rester quelqu'un de bien. Je fais de mon mieux pour aider les gens autour de moi.
J'avais lu un bouquin que je n'avais pas aimé, La Maison. L'autrice ne se gêne pas pour juger les femmes qui n'ont pas envie de reprendre des rapports sexuels après un accouchement ou qui n'ont pas d'enfants, elles les appelle des "ombres vides".
Mais merde en fait.
J'arrive à un point où j'en ai juste marre qu'on n'ait pas le droit de traverser ses difficultés sans entendre "ah ouais, mais pour toi, c'est plus facile t'as pas d'enfants", "ah ouais, mais toi, tu as choisi d'avoir des enfants alors te plains pas" (et puis si les mecs étaient fiables sur leur part de travail, ça se saurait) (pardon, instant misandre).
Je suis misophone. Je n'aime pas le bruit, et un enfant qui pleure/hurle va me crisper et m'exaspérer comme n'importe qui, je suis pas une sainte que rien ne touche. Ben ça fait partie de la vie et de son cortège de déplaisirs quotidiens, ça passera, pas la peine d'en faire tout un plat, on fait avec.
Je voudrais juste... qu'on s'entraide quoi qu'on choisisse au lieu de se renvoyer l'éternelle baballe "t'as pas le droit de plaindre parce que tu es mère/ne l'est pas".
Je voudrais juste... qu'on vive comme on le souhaite, qu'on s'implique à la hauteur de ses moyens pour soutenir les gens qu'on a face à soi.
Et encore plus perso: je voudrais juste qu'on cesse de me considérer comme une anomalie dangereuse et malsaine parce que je n'ai pas d'enfants (coucou la famille).