Bon article, pour un phénomène très répandu et qui me déprime tellement.
Je vais essayer de faire un commentaire clair, mais c'est pas évident parce que le sujet est sensible, et du coup je voudrais pas blesser d'autres personnes. Donc j'espère ne pas être maladroite dans mon message.
Une fois je faisais la connaissance d'une fille, l'un des premier trucs qu'elle me dit c'est "moi je m'entends mieux avec les garçons". J'étais
Je trouve que dans cette posture, il y a surtout un rejet violent de ce que la société impose au genre féminin. De ce que la société impose aux femmes.
Et quelque part c'est très compréhensible : c'est une souffrance physique de devoir s'épiler. C'est une souffrance morale, de pas être écoutée autant que ses frères, ou que ceux qu'on voyait comme des égaux, par la société. De faire le service pendant que les hommes restent à table pour discuter, tout ça parce que toutes les autres femmes de la famille le font, et que si on le fait pas, ça va faire bizarre (la fille toute seule entourée de plusieurs hommes, tandis que toutes les autres travaillent : y a que moi qui ait du mal à résister à ce genre de pression ?)
Et de l'autre côté les activités genrées féminines sont dévalorisées : chercher à bien s'habiller, ça rapporte pas tellement, socialement. Ou alors c'est aléatoire (au goût de ceux qui ont le vrai pouvoir, les hommes, et qui forcément varie selon la personne en face).
Mais pourtant c'est très important pour les femmes, parce que ne pas le faire entraîne vite une sanction sociale (plus ou moins forte selon l'âge, et si on a la chance de correspondre au moule standardisé actuel de la femme blanche et mince).
Donc les activités dites féminines sont des activités ambigues : socialement nulles (j'ai pas dit que c'était nul en soi, prendre soin de l'esthétique des genTes je trouve ça pas nul, perso, mais socialement c'est pas valorisé), mais à la fois socialement essentielles pour les femmes. Du coup je comprends que certaines ne veulent pas s'adonner à des activités "dévalorisées" socialement.
Du coup, ça peut donner l'impression que, si on rejette les loisirs qui sont genrées "féminins" (comme faire les magasins) et qu'on traîne avec les jeunes hommes, qu'on fait des activités genrées "masculines" (manger des pizzas en buvant de la bière et en rotant, bref copier le cliché de l'homme "viril" version Omer Simpson, et les jeux vidéos, dans l'imaginaire collectif c'est plutôt un truc de garçons (y a qu'à voir les vidéos sur you tube qui parlent de jeux vidéo)), et qu'on arrive à avoir l'étiquette "pas comme les autres filles", on va pouvoir échapper au traitement que subissent les autres femmes.
Bref, ce qui attend les femmes est tellement déprimant que je comprends tout à fait que certaines jeunes femmes cherchent à y échapper par n'importe quel moyen.
Mais pour moi, elles le font au détriment des autres femmes. Pas par méchanceté, ou consciemment. Mais c'est le résultat de cette méthode : ça n'aidera ni elles, ni les autres femmes.
Déjà parce que c'est souvent vu comme une fierté, de "pas être une vraie fille". C'est même socialement "mignon" pour les jeunes femmes, mais c'est sanctionné socialement pour les femmes plus âgées (enfin j'ai l'impression : les garçonnes manquées de 15 ans sont valorisées, mais les "camionneuses" sont socialement souvent mal vues, de mon expérience.).
Donc une femme qui dévalorise le genre féminin, c'est socialement valorisé. En bref : la collaboration c'est valorisé. Mais attention, c'est limité : c'est valorisé tant qu'elle est vue comme jeune et en réalité, pas dangereuse. Dès qu'elle prend du pouvoir (travail par exemple), d'un coup c'est moins valorisé, sauf si c'est juste une posture (si la femme reste mince et bien coiffée, elle se conformera quand même à la violence de genre, et du coup son message "officiel" sera contre-balancé par son message "visuel").
Bref, si on le voit à l'échelle individuelle : je comprends l'idée.
Mais à l'échelle collective des femmes : c'est pas la bonne méthode pour s'en sortir, à terme, à mon avis. Je dis pas que toutes les femmes doivent se battre pour émanciper les femmes, hein. On peut avoir d'autres priorités. Mais comme de toute façon ça ne fonctionne pas non plus individuellement, au bout de quelques années, ça me déprime aussi.
Attention, je suis bien sûre que certaines filles adoptent ce comportement par nécessité, et parce que c'est parfois le seul qu'elles arrivent à prendre, et qui est un peu valorisé, socialement, pour une jeune fille. Clairement, passer pour une fille-qui-refuse-le-féminin, c'est plus mignon que passer pour la jeune femme qui ne sait pas se maquiller ou marcher avec des talons. Mais ça s'est parce que, en tant que femme, on a pas le choix.