L'autre : Chercher du mal quand y'en a aucune volonté, chercher le racisme pour s'en plaindre en quelque sorte ou ne pas lutter.
Je me demande où est le sens des priorités sur un article qui témoigne du racisme à l'encontre de son auteure, après des comms qui témoignent du racisme à leur encontre, en expliquant bien les contextes, les ressentis, en comparant les situations, etc, quand la première chose dite c'est "attention à l'extrémisme : des racisés se victimisent et même en inventent du racisme pour se faire plaindre".
Alors certes, le discours que tu tiens est ultra mainstream (les plaintes contre la "rhétorique victimaire des racisés" et "des racisés qui inventent du racisme pour se faire plaindre", il est très présent dans les comms du Monde, du Figaro, au bistrot du coin et à la machine à café) mais suite à des témoignages personnels de victimes de racisme, est-ce bien pertinent de mettre sur le même plan le racisme et ses effets et "des racisés inventent du racisme pour se victimiser"?
De même, en mettant toujours l'accent sur la personne "qui ne pense pas à mal" j'ai un peu l'impression de lire un mec qui s'est fait renvoyé bouler après après fait une gentille remarque polie dans la rue à une fille : bah oui il pensait pas à mal et il est surement pas sexiste... par contre je pense qu'il faut sortir du "moi je moi je" pour les choses qui ne nous concernent pas (par exemple sur le sujet du racisme quand on est pas soi-même victime de racisme) en essayant un peu de prendre en compte le contexte, de se mettre dans les chaussures de l'autre : où est l'empathie? Où est la compréhension des mécanismes de discrimination?
La meuf qui renvoit bouler une remarque gentille d'un mec qui "pensait pas à mal" c'est peut-être parce qu'elle a eu avant des tas de remarques "moins" gentilles, du sexisme et du harcèlement de rue par tartines, et qu'elle aimerait bien que cette problématique soit prise en compte (et qu'on lui lâche la grappe) et qu'elle a pas spécialement le temps / l'envie / la capacité de donner "le bénéfice du doute" pour chaque remarque dans un contexte d'accumulation de micro aggressions (voire aggressions tout court) sexistes envers elle (comme on dit : l'accumulation fait le harcèlement, et c'est pareil je trouve dans certains mécanismes du racisme, vu en plus que y'a clairement une différence, quand on lit les témoignages, dans la fréquence et le ton des "tu viens d'où?" reçues pour certaines personnes par rapport à d'autres).
Et du coup, en prenant l'exemple du sexisme il faut se dire à mon sens que c'est peut-être (surement) pareil pour "les racisés qui inventent du racisme" (j'ai d'ailleurs pas vu d'exemples cités de cet "extrémisme"?): de même que je pense qu'une meuf victime de sexisme aimerait moyen qu'on compare ses réactions peut-être parfois un peu parano envers des mecs dans certains contextes au sexisme tout court en qualifiant les deux "d'extrémisme" comme si c'était équivalent, j'ai l'impression que pour les racisés c'est pareil.
J'ai aussi l'impression que ça a pour but de faire taire les victimes en disant "ils cherchent le racisme pour s'en plaindre en quelque sorte ou ne pas lutter" : comme si les gens étaient obligés de lutter contre le racisme pour avoir le droit de s'en plaindre?
Ils peuvent pas juste en avoir marre?
Et témoigner (comme le fait Kalindi sur Madz qui est un média très lu et d'autres madz dans les comms), est-ce que c'est pas une manière de lutter contre le racisme d'informer les gens qui "ne pensent pas à mal" ou "ne savaient pas" ce que cette petite question peut impliquer à des gens qui l'entendent tout le temps, et rarement dans le sens "de quelle ville?" et voient bien que leurs potes blancs aux noms "français" n'en ont pas autant, et/ou pas sur le même ton?
Bref tout ça pour dire que ramener la "rhétorique victimaire" dans les commentaires comme première réaction comme si c'était vital après des témoignages de victimes de racisme de dire que "attention il y a des racisés qui inventent du racisme" et "certains cherchent du racisme pour se faire plaindre" ça me semble assez indélicat, ou tout du moins, un curieux sens des priorités.
Surtout que le #notallpersonnesquidemandenttuviensd'où? il a déjà eu droit ici à des développements exemplifiés, des remises en contexte, etc (et aussi deux paragraphes dans l'article de Kalindi pour rappel...) pour nuancer justement, remettre en contexte, expliquer les sous-entendus, etc, donc attaquer cette problématique ("je ne pense pas à mal en disant ça") directement sous l'angle de "y'a des racisés qui se victimisent en inventant du racisme et c'est aussi grave que le racisme" (ce qui est en substance ce que disent tes posts je trouve
) c'est normal je pense que ça amène des réactions perplexes à tes posts...