Chère Diglee, si tu me lis, bravo et merci pour ce beau témoignage. Je me suis souvent pris le bec avec des illustrateurs qui refusent d'admettre, ne serait-ce qu'un peu, qu'ils participent à l'oppression des femmes par les images délirantes des corps féminins qu'ils représentent. J'espère que ton témoignage permettra d'ouvrir les yeux à quelques dessinateurs, et peut-être même à quelques éditeurs et clients.
Ado, quand je dessinais, je faisais comme Diglee et comme beaucoup d'ados : des images ultra érotisées de femmes, pas d'hommes. J'en garde le souvenir d'une fascination très similaire à la fascination pour le morbide et le monstrueux. Je crois qu'ado, on ressent beaucoup d'anxiété par rapport aux modèles féminins qu'on voit un peu partout. Le dessin peut être un peu cathartique à ce niveau.
"Juste raboter" les hanches d'un perso, "juste allonger ses jambes", c'est "juste" encourager l'anorexie et les troubles de l'image de soi que l'on sait dévastateurs. Allez salut et vive la diversité.
edit : pour l'argument du "faut bien bouffer", bien sûr, mais ça n'empêche pas d'ouvrir sa gueule un minimum, comme dans n'importe quel taf. Si tu es serveuse et que ton boss te dit "ah par contre on sert pas les Noirs !", tu ne vas pas lui obéir, même si tu es précaire. A la différence que là, les clients qui te demandent de dessiner des canons ou des images dégradantes sont dans leur bon droit - c'est peut-être là que se situe le principal problème.