Un violeur et sa victime témoignent, ensemble, contre la culture du viol

[Cléo.]

@Mercutio, merci pour ces réponses. C'est très fort de dire que "tu iras mal toute ta vie" comme quelque chose d'immuable, d'irrémédiable. Je ne te le souhaite pas. Et, en effet, tout coupable mérite d'être puni par la justice.
Juste, ne te condamne pas à être mal alors que tu n'as commis aucune faute. Courage.

 

[Mercutio]

@Elliana J'ai dit dans mon message qu'on pouvait pardonner. Je tiens à le rappeler. Je pense sincèrement que chacune gère comme elle gère, c'est très important pour moi de ne jamais dire à une victime de viol ce qu'elle doit faire. On porte plainte ou pas, on pardonne ou pas, etc. Mais pour moi, un violeur ne mérite rien du tout.
J'ai pensé que j'avais pardonné, j'étais dans l'optique du pardon, et quand j'ai voulu ravoir des rapports avec une nouvelle personne, je me suis pris mon traumatisme en pleine gueule. Et je vois dans ma vie de tous les jours, dans mon rapport à mon corps, que je ne vais pas bien. Avoir pardonné, ça a été super confortable pour mon violeur. Pour moi ? Ça ne m'a pas aidée du tout, ça m'a juste empêchée de suivre une thérapie, et ça m'a empêchée d'ouvrir les yeux.

Par contre, il est important qu'on ne me classe pas dans la catégorie "boule de haine". Je ne me "sers pas" de la haine pour avancer. Je n'avance pas ! Je RESSENS de la haine comme CONSEQUENCE naturelle de mon viol. Je subis ma haine. Ma haine me fait du mal, comme mon viol. Ce n'est pas mon "parti pris". C'est un sentiment logique à ce qu'il m'est arrivé. Mon message n'est pas un appel à la haine, mais un message qui dit "laissez-nous ressentir notre haine, ce qui nous est arrivé est immonde et on n'en peut plus. Alors à défaut de nous avoir protégées, foutez-nous la paix maintenant que ça nous est arrivé."

 

[Mercutio]

@Mercutio, merci pour ces réponses. C'est très fort de dire que "tu iras mal toute ta vie" comme quelque chose d'immuable, d'irrémédiable. Je ne te le souhaite pas. Et, en effet, tout coupable mérite d'être puni par la justice.
Juste, ne te condamne pas à être mal alors que tu n'as commis aucune faute. Courage.

J'aimerais énormément ne pas le dire et ne pas le penser. Mais ma psy pense que ça restera en moi toute ma vie, car c'est mon histoire à présent.
Bien sûr que je ne resterai pas dans le même état de mal être, ça s'estompera, j'apprendrai à aller mieux, à me sentir plus en confiance, mais ça ne cicatrisera jamais, ce sera toujours là quelque part, douloureux et dangereux.

 

[khari]

Je tiens à préciser qu'en aucun cas je ne reproche à la victime sa façon d'avoir vécu son viol puis de l'avoir surmonté. Ce qui m'a mise hors de moi c'est le fait que c'est présenté comme une belle leçon de vie, une avancée faite à deux, pour ne pas oublier qu'avant d'être un violeur, un violeur est un humain. Vous mettez au même niveau les démarches de la victime et de son violeur alors qu'il s'agit *de base* d'une situation asymétrique.

Je ne doute pas que cet homme est un être humain. Mais c'est également un violeur. Et on a déjà assez de mal à faire entendre la réalité des viols et d'utiliser les mots de viol et violeur (cf. l'affaire Théo, violence partout, quelques "viols présumés" par là) pour commencer, ah non pardon, CONTINUER, à dire "mais c'est avant tout un être humain". (D'ailleurs concernant le sportif qui avait violé une fille sur un campus américain, je ne crois pas que votre parti-pris était d'expliquer que c'était un humain avant d'être un violeur ?!? )

edit : voici un autre traitement de cette même conférence http://tempsreel.nouvelobs.com/rue8...tps://t.co/CwSW2jMZfM#https://t.co/CwSW2jMZfM Comme quoi, la façon de présenter les choses peut être extrêmement différente.

 

[Amanda0]

Merci...juste merci, cet article m'enlève un poids des épaules. Je me sentais tellement anormale de lui parler toujours, de n'avoir jamais réussi à le détester...même si je n'ai jamais compris pourquoi çà au bout de 2 ans et demi ensemble
Mais bref cet article m'a démontré que je ne suis pas une aberration

 

[Biscottine]

Je ne comprends pas la fin, le fait que les hommes soient sous représenté dans les discussions sur le viol, en tant que violeur donc, je vois pas le problème, enfin personne ne dit "le problème c'est que dans les discussions sur le meurtre la parole des assassins est sous représenté" ou "le problème dans les discussions sur le harcèlement c'est que la parole des harceleurs est sous représenté", c'est peut être intéressant au niveau sociologique mais de là a en avoir besoin dans des discussions publiques...
Je suis mitigée pour cet article, je trouve ça bien qu'un violeur puisse dire que oui, il a violé, qu'il n'y a pas d'excuse (mais des explications ce qui n'est pas la même chose, non), par contre... Bah effectivement il n'a pas été jugé et ça c'est un gros problème, car un viol est un crime. Le problème ce n'est pas juste des jeunes hommes qui ne savent pas ce qu'ils font, c'est aussi: un accueil déplorable lorsqu'on porte plainte, une prise en charge des victimes quasi nulle voir destructrice, des peines ridicules...
Je comprends complètement les madz en colère, c'est beaucoup trop souvent qu'on excuse les violeurs par "il n'en avait pas conscience" "c'est un humain aussi" ou "il a fait une erreur, on va pas gâcher sa vie". Même si d'un autre côté ça ne m'empêche pas de respecter cette démarche, c'est un témoignage mais dire que c'est "un message" sans préciser à quel niveau, bah effectivement je comprends que ça fasse tiqué, on peut comprendre "le message = il faut pardonner à son violeur, c'est un humain, victimes et violeurs parlons de culture du viol ensemble", mouais non.

 

[Piitchoun]

@JAK-STAT
Je dis que peu importe si ça peut intéresser des gens, si ça fait du mal aux victimes, ça devrait être out direct.

 

[Lthiz]

La partie de cet article tournant autour du pardon est complètement choquante. Non ce N'est PAS PARDONNABLE. Mettons plutôt en avant celleux qui ont la force (parce qu'il en faut beaucoup) de faire condamner leurs violeurs. Le pardon ne fait pas avancer la cause. Même si je ne me permets pas de reprocher aux victimes qui ne le font pas de ne pas le faire. Il faut dire qu'elles ne sont pas aidées. Avoir envie d'avancer, de comprendre ou de passer à autre chose n'est pas forcément pardonner.

Cependant, l'aspect "luttons contre la culture du viol" de la vidéo mérite d'être mis en avant. Oui ce sont des connards car même si certains (trop) ne savent pas mettre le mot "viol" sur leurs actes, ils sont capables de savoir que ça reste mal. Mettre un mot si fort sur le geste pourrait dissuader quelques connards de passer à l'acte et causer ce traumatisme à de potentielles victimes. C'est la même société patriarcale qui minimise la douleur des victimes et n'éduque pas ses mâles qu'il ne faut surtout pas contrarier. Ce n'est pas contradictoire de soutenir les victimes et de vouloir éduquer les coupables. Ca se passe juste à différents niveaux. Et tant que le discours va dans le bon sens, on ne peut pas cracher dessus, dire qu'on n'en a pas besoin. Maintenant il reste aussi des gens pour qui on ne peut rien et qui méritent juste d'être enfermés derrière des barreaux pour longtemps, il ne faut pas le nier.

Je parle un peu comme un teletubbies mais j'espère que l'idée est assez claire.
Enfin chacun.e réagit comme iel le sent pour se sentir mieux mais espérons quand même que le violeur de la vidéo ait un minimum de conscience et que l'argent des conférences et ventes de livres n'arrivera pas dans sa poche.

 

[Cléo.]

"J'ai pensé que j'avais pardonné, j'étais dans l'optique du pardon, et quand j'ai voulu ravoir des rapports avec une nouvelle personne, je me suis pris mon traumatisme en pleine gueule. Et je vois dans ma vie de tous les jours, dans mon rapport à mon corps, que je ne vais pas bien. Avoir pardonné, ça a été super confortable pour mon violeur. Pour moi ? Ça ne m'a pas aidée du tout, ça m'a juste empêchée de suivre une thérapie, et ça m'a empêchée d'ouvrir les yeux."

Effectivement, tu n'as pas encore pardonné dans le sens digéré, tu es dans un rejet viscéral dans le sens, les tripes, le corps parlent et refusent. Et c'est normal aussi. Tu as le droit d'être mal et d'intégrer ce qui fait désormais partie de ton histoire, à ton rythme, comme tu l'as dit dans ton dernier message. Je te souhaite que cette blessure cicatrise vraiment et qu'elle ne te fasse plus mal au bout d'un moment, à défaut de disparaître complètement.

 

[Moloko]

Petite parenthèse : je viens de faire quelques recherches et sur le site officiel du livre à paraître il est précisé "Financial gains from Tom's involvement in South of Forgiveness will be donated to Rape and Domestic Violence Services Australia", donc il ne gagnera rien sur le livre et ce sera reversé à une association contre le viol et les violences domestiques.

 

[Mukru]

Petite parenthèse : je viens de faire quelques recherches et sur le site officiel du livre à paraître il est précisé "Financial gains from Tom's involvement in South of Forgiveness will be donated to Rape and Domestic Violence Services Australia", donc il ne gagnera rien sur le livre et ce sera reversé à une association contre le viol et les violences domestiques.

Ah c'est bien.
Il peut aller se dénoncer à la police ce chien maintenant svp ?

 

[wcaro]

Mais ma psy pense que ça restera en moi toute ma vie

je pense que votre pys veut dire qu'en effet, cela est a été une expérience de votre vie et qu'on ne l'effacera pas et non "ça ne cicatrisera jamais, ce sera toujours là quelque part, douloureux et dangereux".
On cicatrise Mercutio, ce ne sera pas toujours douloureux
(parole d'une femme qui pensait que ça avait bousillé sa vie)