Veille Permanente Classisme

[Rosenrot_]

@Valentina- : Je réponds rapidement avant de rattraper le topic, mais en fait je ne vois pas en quoi ce que tu me réponds contredis ce que j'ai dit. Ben sûr que le capital culturel fait partie de la classe sociale, mais il ne le définit pas, c'est tout ce que je disais. Je pense qu'on est d'accord sur la plupart de ce que tu as dit.

EDIT : En fait, seule ma première phrase de mon post précédent te répondait, le reste était une réponse plus générale au débat en cours. J'ai tendance à faire souvent ça et à pas établir une séparation claire, désolée.

 

[Dame Andine cogite]

Eh ben, j'avais de quoi rattraper .
J'ai dû louper une notification autrefois jadis .
Plusieurs choses très différentes à évoquer... Je vais faire des chapitres .

Spoiler: sujet récent

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Spoiler: anecdotes

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Spoiler: j'ai revu une amie

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[Dame Andine cogite]

J'ai eu droit à une perle aujourd'hui : venant d'un employé communal (l'équivalent d'un fonctionnaire en France je suppose) et délégué syndical.
-Nan mais en Belgique, on n'est pas attractif pour les investisseurs
-
-ben trop d'impôts... et encore heureux qu'il n'y a pas d'impôts sur la fortune sinon y en a plein qui partiraient
-euh, ben sans les impôts t'as pas de système de santé, d'éducation etc.
-oui mais on paie trop d'impôts

[juste pour situer grosso modo, en comparaison avec la France, les classes populaires et moyennes paient davantage d'impôts, et les riches moins... et en plus les grosses entreprises ont évidemment tous les tuyaux pour payer moins d'impôts...]

j'ai réalisé après coup que précisément le gars n'aurait pas de job si y avait pas d'impôts

 

[Gabelote]

@Dame Andine cogite c'est d'autant plus ironique vu de France que pas mal de personnalités riches et célèbres se sont "exilées fiscalement" en Belgique... (pas autant qu'en Suisse, mais quand même)

 

[Dame Andine cogite]

@Gabelote : oui tout à fait... et puis l'idée qu'il ne faudrait pas faire payer trop d'impôts à ceux qui gagnent le plus... euh ok... donc on finance la santé, l'éducation, les institutions, les routes sur les revenus faibles et moyens... mais oui c'est logique . Que les hauts revenus pensent ça ok... c'est pas cool mais c'est cohérent. Mais un fonctionnaire + délégué syndical... euh...?

 

[Loulalilou]

Un article de Slate intéressant sur la notion de transfuge de classe (suite aux remarques de Christine and the Queens et Kev Adams).

 

[Asilentio]

@Loulalilou
Ton article est trèsr intéressant !

Je reconnais le profil de ma mère dans celui de transfuge de classe d'ailleurs.
Son père était ouvrier.
Sa mère, adoptée, avait été obligée d'arrêter l'école en 5ème car son père adoptif voulait qu'elle travaille comm couturière... puis il a décidé de lui coller tous les marmots de la famille et de l'empêcher de continuer la couture. Elle a ensuite accompagné des femmes dans leur grossesse et pendant le jeune âge de leurs enfants pour un salaire de misère et en étant maltraitée.

Ma mère a eu la chance d'être la première de sa famille à faire des études (ses deux frères et sa soeur bien plus âgés qu'elle ont eu moins de chance : le plus âgé a arrêté avant le bac pour s'engager dans l'armée, le second a arrêté avant son brevet pour travailler dans une entreprise de peintre en bâtiment, la troisième a raté son bac et essayé de changer de classe par le mariage...), même si elle a dû choisir parmi un choix restreint par le coût des études et par son absence de mobilité. Elle s'est sortie peu à peu de la classe populaire, et son mariage avec mon père, issu de la classe moyenne supérieur, a été un tremplin. Bon,on n'est plus de la classe moyenne superieure, notre foyer gagnant bien moins que mon grand-père mais on doit être de la classe moyenne moyenne.

Parfois, on oublie un peu ses origines sociales et on faute un peu (je dois pas avoir la mémoire cellulaire ! ). Récemment, c'était au sujet du K-way de la marque K-way : Mon père : "Tout le monde ende a eu au moins un quand il était enfant" (en parlant des jeunes de son époque et de celle de ma mère), ma mère : "Pas moi, ça coûtait trop cher." P : " C'était pas cher un K-Way !", M : "Ben pour nous si"' ça devait coûter 65 francs et clairement, la famille préférait à raison mettre cet argent dans les courses ou le chauffage que dans un vêtement. D'ailleurs, la première chose que ma mère a fait quand elle a eu un peu de sou, en gagné en faisant des ménages dans des maisons quand elle était au lycée et au début de l'université, ça a été de s'acheter des vêtements car les gens se moquaient d'elle et car elle n'en avait jamais eu vraiment à elle.

 

[schizophrenia]

Je suis un transfuge de classe. Je suis la première de la famille à avoir le bac (mes grands-parents ont arrêté les études en primaire, c'était normal à l'époque), mon père n'a pas eu le brevet des collèges. J'ai quitté le village où tout le monde vie depuis des siècles pour "monter à la ville", comme on dit. Et pourtant, j'ai justement tendance à "minimiser" mon origine sociale pour me donner une légitimité. "Oui mais mon père nous laissait pas regarder TF1 et manger au McDo", "oui mais je buvais pas de coca à table". Pendant des années, j'ai du me départir de ces origines "prolétaires" en montrant bien, que moi, j'étais pas une prol comme les autres : "on avait une maison." Sans m'en rendre compte, je faisais à mon tour du classisme, en espérant que ce serait mieux accepté, et surtout pour ne pas trop dépareiller socialement. Alors que pendant ce temps là, un fils de csp+ la jouera violon et mouchoir, parce que la vie c'est difficile. Au final, je me rends compte que tout ça aura servi à rien et que, malgré trois master, je n'aurai jamais le niveau de vie de mes parents (deux smics), et que j'aurai n'importe quel boulot alimentaire. La reproduction sociale malgré tout.

 

[schizophrenia]

@Little Moi-Même ; , si tu veux bien.
En terminale, ma prof de philo a dit à une de mes amies (d'origine congolaise) : "ne fais pas des études de droit, les gens comme toi n'y parviennent pas. Tu devrais faire un IUT", alors qu'elle avec une très bonne moyenne. Préjugé basé sur sa couleur de peau et le fait qu'elle n'ait pas de "réseau". Nous étions trois autres à vouloir faire du droit, mais nous on avait un passing, donc du coup elle a validé notre voeux malgré notre moyenne assez basse.

Au final ma pote est devenue major de promo.

 

[pucieBelle]

Je viens de lire l'article Slate, super intéressant !
Moi aussi je me reconnais dans ce phénomène de transfuge et j'ai honte, parce que je m'en vante Enfin, le terme "vanter" est un peu fort mais je le revendique. En fait je suis hyper fière de moi et de mon parcours (jusqu'ici) et donc souvent (enfin surtout sur le forum et avec mon mec et ma meilleure amie mais rarement irl) je le dis : je suis fière du chemin que j'ai parcouru.

Spoiler: Perso

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Et donc, oui, quand je regarde en arrière je vois que mon chemin était long, j'étais tout en bas de l'échelle et je suis montée et je monte encore !
Je ne dénigre pas cell.eux.es qui sont restés là où moi j'étais avant, je n'oserai jamais, je connais la difficulté que c'est d'en sortir. Mais parfois j'ai honte de me sentir aussi fière de mon parcours et surtout de le revendiquer pour bien faire comprendre que oui, pour les autres ça peut être normal à difficile mais MOI j'ai tiré le modèle TRÈS difficile, et j'y suis arrivée. Mais vraiment, je ne me vante pas juste, cette année, j'ai grave évolué professionnellement et je m'en étonne encore. C'est comme à la fin d'un marathon, quand tu te dis que si tu cours au moins les premiers kms c'est suffisant, mais que tu la finis (sauf que moi, j'en suis pas à la fin de ma vie). C'est un accomplissement auquel je ne croyais pas, je suis surprise de la tournure qu'a pris ma vie, très très agréablement surprise.

 

[schizophrenia]

@pucieBelle : Je trouve qu'il n'y a aucune honte à être fière de son parcours, bien on contraire.
___
Moi ce qui me gène, c'est plus les transfuges de classes qui utilisent ça pour jouer sur la corde misérabiliste. Comme Edouard Louis qui dans son premier livre décrit une famille dégénérée et abrutie, une existence digne des misérables. Tout la critique littéraire s'enflame pour au final se rendre compte que comme il s'agit d'une autofiction et que ce qu'il écrit n'est pas vrai. J'ai eu exactement le même frisson d'horreur en lisant le livre "mon père est femme de ménage" (mon père est femme de ménage) parce que tout était hyper cliché. Ca me heurte quand les transfuges glorifient la précarité ou l'absence d'érudition de leur famille d'origine pour être mieux acceptés dans un milieu social différent parce que 1) ça fait très bête de foire 2) ça renforce les clichés qu'on peut avoir.
On me prend souvent pour une petite bourgeoise, et quand je dis par exemple "mon frère est chauffeur poids-lourd" on me dit "olalala mais pourquoi tu en as pas parlé, tu devrais écrire un article là-dessus/faire un documentaire". Bah non en fait, parce qu'avant d'être un chauffeur poids-lourd, mon frère est une personne, distincte de la mienne, pas un faire-valoir.
Moi je suis hyper fière des valeurs qu'on m'a transmise et de ma famille. Et je peux pas m'empêcher d'écraser une larme quand j'écoute La Montagne de Jean Ferrat. Peut être qu'ils avaient pas l'argumentaire politique et sociologique, mais ils avaient les valeurs.

Spoiler: HS

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[schizophrenia]

@Elliana : non, j'ai juste une licence de droit. J'ai deux masters (dont un en cours) d'un domaine bien moins porteur et un master d'IEP. Donc si je suis bien un transfuge de classe. Sauf que, comme certaines madz l'ont évoqué, j'ai choisi un domaine très peu porteur. Il n'y a quasiment aucun emploi en CDI et malgré ma mention très bien et "la meilleure école" du domaine la rémunération ne dépasse pas le Smic. Les rares postes attractifs sont majoritairement reservés à des gens avec un meilleur réseau. Donc j'ai le choix entre essayer de vivre de ma passion ou trouver un emploi plus rémunérateur mais non qualifié. Donc je risque de bosser en tant qu'hôtesse de caisse en grande distribution. C'est ce qui s'appelle le paradoxe d'Anderson : j'ai fait de meilleures études que mes parents, sauf qu'au final ça revient au même. Pardon de l'abus de langage.
HS : j'ai d'ailleurs fait un boulot dans mon domaine, avec un recrutement bac+5 et 250 postulants. Au final, je gagnais mieux ma vie quand j'étais hôtesse de caisse en travaillant moitié moins (bosser 12 heures par jours, tous les weekends), en faisant un truc tout aussi épanouissant et surtout en ayant du temps pour pouvoir me cultiver à côté.

EDIT : J'estime que ma situation est distincte de mon mec, parce que je n'ai pas envie de reproduire un schéma social (qui a un nom en sociologie) où l'homme à un niveau de revenu plus élevé que celui de sa partenaire. Même si dans les faits c'est le cas : j'ai de la chance de pouvoir vivre chez lui et qu'il prenne en charge une partie des dépenses, pour que je puisse pousser mes études et prendre le temps de me soigner et de respirer. Mais pour moi c'est une situation, je l'espère, temporaire.

EDIT EDIT : J'ai pas du tout une situation à plaindre par ailleurs. Désolée si mes messages le laissent entendre.