Veille Permanente Classisme

31 Juillet 2014
773
6 795
3 294
24
Bonjour, personne en prépa ici!

Je sais pas trop où me classer niveau milieu social, disons que l'argent a toujours été un problème chez moi mais que mes parents sont la première génération dans ma famille à galérer autant, donc j'imagine qu'on pourrait dire que j'ai un capital culturel de classe moyenne (moins ce qui n'est pas accessible sans argent, genre sport d'hiver, activités extra-scolaires plus coûteuses etc) avec des moyens très limités (si quelqu'un a le lien du site où on peut mesurer dans quel pourcentage de la population on est je le veux bien, ça peut être intéressant).

En arrivant en prépa, pas d'énorme décalage au début. D'après ce qu j'ai pu observer (donc 0 valeur statistique, juste un témoignage de ce qu'on peut trouver dans ma prépa, qui est moyenne):
- beaucoup, vraiment beaucoup d'enfants de profs.
- pas mal d'enfants de CSP+ (je suis pas tout à fait sûre de ce que recouvre le terme, en gros je parle de cadres, médecins, notaires etc)
- une poignée de gens moins favorisés (enfants d'ouvriers, "de cité" etc)

Au départ, je n'ai pas vraiment senti de différence. J'ai eu la chance d'aller dans un "bon" lycée de centre-ville, et j'ai été prise à 13 de moyenne (mais mon lycée est connu pour être sévère niveau notes donc ça a pu jouer). Les principales différences entre mes camarades et moi étaient que j'avais pas grand-chose à raconter quand ils parlaient ski ou équitation.

La seule matière où il y a vraiment un gros souci, c'est la géographie. Le principe de l'épreuve, c'est qu'on a une carte, une problématique, et qu'on doit en dire le plus sur la région à partir de la carte et de nos connaissances. Clairement, plus tu as voyagé en france, plus tu es avantagé. A ma première kholle, le prof m'a limite reproché de ne jamais être allée en Alsace, "parce que c'est très typique et important quand même". Et on est censés connaître les vins de chaque région. On n'apprend pas ça en cours, évidemment, c'est de la "culture générale".

Une de mes camarades a eu des soucis d'argent pendant sa prépa, et a du travailler. Ça l'a complètement mise dans la merde niveau scolaire, et même si ça va mieux depuis il est peu probable qu'elle rattrape son retard et aie une école. Il y a très clairement une barrière à ce niveau-là, c'est 2 à 3 ans où il faut être sûr que papa-maman ou les diverses aides puissent suffire à tous tes besoins.
 
1 Août 2015
162
1 807
3 024
Je me rendais pas du tout compte que la prépa était classiste à ce point (perso, "petite" prépa des DOM-TOM ou ils prenaient assez facilement avec l'internat à 1500 euros l'année.. donc on pouvait s'en sortir avec la bourse). En fait, pour moi la prépa était un bon ascenseur social car il permettait d'atteindre l'élite (les grandes écoles) avec des petits moyens. Mais en fait ces grandes écoles élitistes sont une spécificité très française. On peut clairement s'interroger sur le bien fondé de leur existence. Et je dis ça en ayant intégré une grande école. Quand je compare mes locaux avec ceux de la fac de la même ville, ça fait réfléchir à comment sont gérer les financements publics.

Bref, sinon je suis hyper choqué des madz à qui on a pas parler de la prépa alors que c'est un grand pan des formations disponibles après le bac général ... C'est n'importe quoi !
 
25 Août 2016
452
1 989
1 714
Ancienne de prépa ici.
Je dirais que je viens de la classe moyenne et que la prépa aucun prof ni aucun conseiller ou conseillère d'orientation m'en a parlé. C'était DUT ou université. Bon, il y a bien mention des grandes écoles lors de la présentation générale des différents cursus dispo mais c'est pour "les meilleurs élèves" je ne m'y suis pas reconnue. C'est lorsqu'une meuf de ma classe a fait son voeu dans APB (à l'époque) que je me suis dis "hé pourquoi pas moi, du coup ? J'ai pas tant de différences avec elle !". Donc j'en ai parlé à ma conseillère d'orientation et elle a fait "Pourquoi pas, vous ne perderez rien à mettre un voeu sélectif" (tous mes autres voeux étaient des licences puisqu'elle m'avait parlé que de ça). Bha merci l'enthousiasme ! Donc j'ai postulé et j'ai été prise. Mais sans ça, j'y allais pas parce que je ne connaissais pas. Donc pas merci à la conseillère d'orientation !
Après, dans la prépa où j'étais, on n'était pas trié par le fric (moi, j'étais en internat et ça coûtait quasi rien à mes parents, dans le sens où ils avaient que les repas à payer) par contre, il y avait quand même eu un tri parce que comme il a été dit, beaucoup d'enfants de prof ou de CSP+. Je pense que tout ce joue sur l'information à propos de ces filières. Si tu n'as pas accès au bouche à oreille, tu ne sais pas que tu peux postuler en prépa.
 
31 Juillet 2014
773
6 795
3 294
24
@HeavyMetalAngel

Si tu as des liens sur le sujet je serai très intéressée! Je vois à peu pres le cote classiste etc du truc mais j'ai du mal à mettre le doigt exactement dessus, après mon seul exemple perso c'est des proches âgés/handicapes donc pas forcement la même situation que des bourgeois qui veulent juste pas nettoyer leur crasse.
 
20 Janvier 2013
456
1 654
4 794
Je viens de lire l'article sur embaucher une femme de ménage (pas encore les commentaires) et il m'a mis mal à l'aise.... Je sais pas, mais j'ai trouvé le titre mal venue par rapport au propos, le fait qu'on parle du dilemme de la femme et du féminisme mais en fait c'est juste la répartition des tâches dans un couple de riche..alors que je pensais que ça parlerait plus du fait que justement les femmes de ménage sont des femmes et non pas des hommes (pour les travaux ménager à domicile) et que c'est souvent mal payé.

@La Simili-Tortue je vois un peu le côté classiste dans le sens où le ménage est une tâche déprécié, mal vu. De mémoire dans le livre de Mona Chollet "Chez soi" elle en parle, faire le ménage est relégué à la femme. Pour le métier, c'est mal payé, et on a l'image de la femme immigré ou qui n'a pas fait d'étude, donc c'est un métier pour les classes populaires. Elle parle aussi de l'image de la bonne.
Je fais un bref résumé et en plus cela fait un moment que j'ai lu le livre.
 
25 Août 2016
452
1 989
1 714
D'ailleurs il y avait un épisode de Marie kondo que Netflix où un couple a recours à une femme de ménage aussi, le mec est en mode " Bah chérie si ça te soulage et qu'on s'engueule moins à cause du ménage ou est le souci" et la meuf se sent en échec, de n'avoir pas réussi à tenir sa maison, et essaie de faire comprendre au mec que le souci de ménage aurait pu être résolu par une meilleure répartition au lieu de payer quelqu'un
C'est exactement ce qu'a décrit Nancy Fraser sur France Culture hier. @Trémazane a partagé cette émission sur un autre topic (ECM Féminisme ? Je ne sais plus). Elle a précisément dit que l'emploi d'une femme de ménage permettait de déplacer le conflit homme-femme à propos du ménage, qui est au sein du couple, vers un rapport de force femme-femme qui va être classiste et potentiellement raciste et où, cette fois-ci, la femme qui a recours à ce moyen, va être dominante. D'où le fait que Nancy Fraser prône un féminisme des 99% pour ne pas laisser des femmes sur le carreau dans cette montée du féminisme qu'elle considère comme un féminisme des élites.
 
22 Octobre 2013
112
374
4 714
Merci beaucoup pour l'émission avec Nancy Fraser, @Annaïck , ça a l’air super intéressant !

J’ai aussi vu passer l’article sur Rockie concernant le travail domestique. J’ai trouvé le titre assez mal choisi (“Le dilemme de la femme de ménage”) parce qu’il me semble que ça place d'emblée la problématique sur un plan psychologique (on envisage la question exclusivement depuis le point de vue d’une femme économiquement privilégiée, et du problème de cohérence que cela peut lui poser de recourir à une femme de ménage). Mais finalement, j’ai trouvé que le témoignage était plutôt intéressant, le problème de la précarité des femmes de ménage et du déplacement de l’exploitation est abordé (même si c’est de façon un peu rapide, on comprend quand même que l’intention de la personne qui témoigne est de briser une forme de consensus dans les milieux privilégiés selon lequel “prendre une femme de ménage est un excellent choix puisque cela permet de mener des projets personnels/de consacrer du temps à sa vie de couple ou familiale”). Je trouve que ça a au moins le mérite de soulever le caractère problématique du fait de déléguer des tâches de “care” à d’autres femmes plus précaires/souvent racisées, alors que j’ai l’impression que dans les milieux de personnes entrepreneur.e.s/free-lance (souvent valorisés sur madmoizelle ou Rockie), le fait de recourir à une femme de ménage est univoquement présenté comme quelque chose de positif, qui contribue à l'épanouissement personnel. Le témoignage mêle cette dimension à une analyse en termes de genre, puisque la femme qui témoigne évoque le fait que c’est son compagnon qui a suggéré l'idée et que la répartition des tâches dans leur couple était inégalitaire (autrement dit, pour son compagnon, c’est comme si peu lui importait de savoir qui s’acquittera des tâches domestique tant qu’il peut les déléguer à des femmes).

En revanche, comme vous, j’ai été assez interpellée par les nombreux commentaires sous l’article dans lesquels il est dit que c’est un service absolument équivalent à n’importe quel autre, que le rapport marchand fait qu’il n’y a pas d’exploitation…

Comme piste de réflexion sur le sujet, je vous conseille, si vous avez l’occasion de le voir, un documentaire de la réalisatrice Inès Rabadan qui s'appelle Karaoké domestique. La réalisatrice a interrogé six femmes, trois femmes de ménage et leur trois employeuses, au sujet de leur quotidien et du rapport qu’elles entretiennent l’une à l’autre (elles abordent la question des tâches ménagères, de la hiérarchie, du statut social, de leurs aspirations et de leurs rêves…) À partir de ces paroles, elle s’est mise en scène dans un dispositif où elle ré-incarne ces femmes en entretien, habillée à chaque fois de la même manière devant un fond neutre, avec un travail de "lipping" (c’est-à-dire de synchronisation entre les paroles de ces femmes et ses propres lèvres et gestes). Dans une interview, elle explique que le dispositif a été une manière pour elle d’explorer notamment la contingence de ces positions sociales (pourquoi telle femme est-elle en position de faire les tâches ménagères d’une autre, et pourquoi telle autre est-elle en position de les faire accomplir par quelqu’un d’autre). Les femmes interrogées abordent aussi bien sûr la question du genre, les dynamiques de répartition des tâches au sein du couple… Je vous mets un lien vers l'interview que j’ai trouvée passionnante !
 
Dernière édition :
10 Août 2014
865
8 426
3 264
41
dameandine.eklablog.com
Je vous lis avec intérêt. J'ai été des deux côtés de la barrière... J'ai fait des ménages lorsque j'étais étudiante. Selon les situations je l'ai bien ou mal vécu... D'un côté, la baraque de 3 étages à nettoyer totalement alors que les locataires partaient (et avaient laissé des trucs moisir dans le frigo débranché :sick:) et où la meuf s'étonne qu'il me faille autant de temps. De l'autre, la femme seule en burn out, qui reprend le travail et a besoin d'aide pour ne pas s'effondrer, et qui bosse avec moi alors qu'on discute ensemble... C'est le même job mais c'est tellement différent.
Et puis il y a près de 2 ans, après des travaux, c'est moi qui n'arrivais pas à reprendre le dessus. Je rame tjs pour la gestion des tâches domestiques... mais là je coulais, j'y arrivais pas. Et donc appeler qqun qui au contraire de moi était super méthodique ça a été un soulagement. (je parvenais à être méthodique chez les autres mais probablement précisément parce que ce n'est pas chez moi.)
Par contre j'ai été incapable de prolonger l'expérience. J'avais l'impression de faire faire mon job par qqun d'autre, de tricher, etc.
Je suis partagée quand je vous lis... En vrac...
- pourquoi ça serait plus problématique que plein d'autres jobs pas fun ? que plein d'autres jobs dont chacun-e pourrait faire sa part ?
- certain-e-s ne peuvent faire leur ménage (handicap/vieillesse/...) donc ce job a du sens.
- j'ai l'impression que l'attitude de la personne qui embauche est déterminante : entre "j'ai des domestiques pour les regarder bosser et heureusement que je suis là pour leur donner du taf" et "j'ai besoin de vous et de votre compétence" c'est super différent.
- je me souviens d'un débat avec une amie sur les différences salariales / types de métiers, diplômes etc. j'avais un problème avec le fait que le ménage soit si peu valorisé, alors qu'on sait que c'est impossible de faire un temps-plein. Et qu'il faut vivre. Donc si physiquement ça n'est possible de travailler que 20h / semaine par exemple, ces 20h doivent valoir un temps-plein puisque c'est le maximum gérable. Et donc davantage rémunérées.
 

A un moment elle dit que l'ascenseur social était bloqué et je suis tombée sur ce commentaire qui m'a mis une claque : " L'ascenseur social n'est pas bloqué du tout, les mecs qui ont élaborés les plans l'ont construit comme ça, les 4% ne sont pas une réussite du système mais un échec."

Bon, je viens pas de réaliser que l'égalité des chances est un leurre républicain hein, mais j'ai des exemples proches de réussite autour de moi (genre ma soeur géniale qui est cadre sup aisée alors qu'elle a eu une enfant super jeune et que c'est une jeune femme noire qui a grandit avec une mère femme de ménage célibataire et analphabète whoop whoop) et dès qu'une personne est à fond dans le déterminisme social bourdieusien machin, honnêtement, je roule des yeux parce que ce genre de discours "fatalistes" me soulent ET me pèsent. Et en plus ça ne fait pas partie de ma petite réalité proche. Mais c'est ça la réalité que j'ai du mal à entendre. C'est que ma soeur et d'autres ne sont que des erreurs d'un système qui n'était pas destiné originellement à les faire réussir. Ce sont les 4% qui confirment la règle. (Et encore, ma soeur a même pas de bac+5 ce qui est d'autant plus impressionnant. :puppyeyes:)

Je suis de la même team que celle dans la vidéo : "on est pas condamné à l'échec", fuck le déterminisme social et j'espère que ce système continuera d'en produire plein plein plein, des échecs.

[Minute cynisme : Que des enfants d'ouvriers n'aient pas pas accès à des études en BAC+5, c'est préoccupant mais limite je trouve ça pire d'avoir un BAC+5, que tes parents ou que ta mère ait trimé pour que tu puisses faire les études que tu désires ... pour être chômage ou faire un taf alimentaire parce qu'on a nous a pas JUSTE vendu l'égalité des chances mais aussi le "BAC+5 comme gage d'emploi".]

D'ailleurs, on m'a toujours poussé dans les études longues et pour moi ça a toujours été une alternative par défaut. J'ai toujours adoré l'idée d'être à mon compte, l'idée de n'avoir aucun supérieur à qui rendre des compte, j'ai aussi toujours eu l'impression que les études longues ce n'était pas fait pour moi (malheureusement, j'ai trouvé une de mes vocation et ça requiert des études longues pff) Si, j'étais pas si peu manuelle (et maladroite), j'aurai fais une formation courte en serrurerie ou un truc comme ça. Oh et si j'avais pas eu la désagréable sensation que ma mère avait fait tous ces sacrifices pour que je fasse un métier juste un peu moins merdique socialement que le sien. Bref :rolleyes:
 
Dernière édition :

Les Immanquables du forum

Participe au magazine !
Une info qu'on devrait traiter sur madmoiZelle ?
 
Nouvelle ou perdue ?
Pas de panique, on t'aime déjà !

La charte de respect du forum
Le guide technique &
le guide culturel du forum
Viens te présenter !
Un problème technique ?
Topic d'entraide sur l'orthographe et la grammaire
 
La chefferie vous informe
Les annonces de l'équipe concernant le forum et madmoiZelle
Rendre visite à madmoiZelle
Le médiateur du forum
Soutiens madmoiZelle financièrement
Topic dédié à la pub sur mad
Si vous aimez madmoiZelle, désactivez AdBlock !

Les immanquables
Les topics de blabla
En ce moment... !

Mode - Beauté - Ciné - Musique - Séries - Littérature - Jeux Vidéo - Etudes - Ecriture - Cuisine - People - Télévision

Envie de rencontrer des MadZ ?
Viens trouver le forum de ta ville !

Mode
Le pire de la mode
Ces vêtements qui te font envie
Ta tenue du jour
La tenue qui plaît
Tes derniers achats de fringues

Beauté
Astuces,bons plans économies & dupes
Le topic des vernis
Questions beauté en tout genre
 
Culture
Le meilleur des images du net
L'aide aux devoirs
Tu écoutes quoi ?
Quelle est ta série du moment ?
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Le dernier film que vous avez vu à la maison
Le topic philosophique
 
Société
Topic des gens qui cherchent du travail
Voyager seule : conseils et témoignages
Trucs nuls de la vie d'adulte : CAF, Banque, Mutuelle, Logement etc...
 
Les topics universels
Je ne supporte pas
Je ne comprends pas
Ca me perturbe
Je me demande
J'adore...
Je m'en veux de penser ça mais...

Cupidon
Le topic des amoureuses
Le topic des polyamoureuses
Les Célibattantes