Evidemment, je ne nie pas qu'il y a beaucoup de problèmes en France en ce qui concerne l'intégration des populations d'origines immigrés et que l'assimilation n'est pas forcément un modèle qui marche (et je ne pense pas qu'il ait un jour marché en France, pays qui a toujours été multiculturel).
Je rebondis sur ce paragraphe et tout particulièrement sur "France pays qui a toujours été multiculturel" pour vous proposer ce texte signé par le vice-président de la région Bretagne, chargé de la culture et des pratiques culturelles.
Pour une République multiculturelle
On peut y lire ceci :
"La France est née d'une mosaïque de peuples. Un formidable travail a été mené tout au long du XIXe siècle pour « faire les Français », pour « inventer » ce pays. Ce travail a comporté sa part de grandeurs et de drames, sa part de mépris aussi. Mais le fait est là, la France est née, avec, en son berceau, un problème qu'elle n'a jamais pu surmonter : elle est « une », la France, elle est « indivisible », la France, et depuis deux siècles, elle persiste à confondre cette unité que personne ne conteste avec une recherche constante de l'uniformité. En France, l'unité, l'unicité, l'uniformité se confondent dans le roman national au risque de s'écarter des réalités vécues, au risque d'engendrer le ressentiment, la révolte, la contestation. On le sait en Bretagne, en Corse, au Pays Basque, on le sait en Alsace.
En quoi la reconnaissance de nos langues régionales, en 2015, en quoi le soutien affirmé par l'Etat à des pratiques culturelles singulières menacerait-il la République ? En quoi une régionalisation ambitieuse serait-elle un risque ? La République, notre République serait-elle si fragile qu'elle ne pourrait tolérer une réécriture de ce « roman national » ?
Ces réflexions enracinées dans le terreau d'une diversité hexagonale éclairent l'analyse de la tragédie du 7 janvier 2015 et de ses suites.
Car là encore, c'est le récit français qui est à reconstruire.
Un récit français qui enfin relierait, tisserait et mettrait en perspective une grande aventure collective quand certains sont aujourd'hui relégués dans les angles morts de l'histoire autant que dans les ghettos de nos villes. Le pacte républicain doit être refondé et réécrit. Non que ses valeurs soient, dans la sidération du 7 janvier, devenues obsolètes, mais au contraire parce que les 7 et 11 janvier nous obligent à en discuter les applications, tant la République ne parle pas, ne parle plus, à un grand nombre des siens. Pour certains, c'est l'exclusion, sociale et urbaine ; pour d'autres, en tant de territoires, le sentiment de déclassement. Exclusion des uns et déclassement des autres nourrissent la rancœur, la colère, le populisme. C'est l'idée même de République qui est touchée."