Sinon, plus généralement, tu peux regarder
cette vidéo où il parle de la fatigue des policiers et militaires suite au dispositif d'état d'urgence (c'est le deuxième sujet)...
C'est très intéressant et j'ai beaucoup aimé l'angle d'empathie pour les militaires qui n'est pas si souvent utilisé. En plus, pour avoir passé pas mal de temps cette année dans une école où des militaires étaient stationnés au dernier étage, je veux bien croire qu'ils vivent dans des conditions insalubres. Les toilettes étaient cassées et fuyaient en permanence. Il n'y avait aucun personnel de ménage pour cette étage puisque les militaires sont censés eux-mêmes en assurer l'entretien. Les personnes qui partageaient l'étage avec eux m'ont assurée qu'ils faisaient très bien le ménage mais que bon, quand ça fuit on ne peut pas faire plus que ça. Et c'est vrai qu'on sentait que l'étage n'avait pas été rénové depuis longtemps. Donc j'imagine qu'il y a des endroits encore pires que cette école.
Sinon ça m'énerve de me sentir sur mes gardes par rapport aux politiques quand il y a un attentat. J'aimerais bien arrêter d'avoir peur de leur réaction pour pouvoir penser aux victimes.
J'ai regardé le discours de François Hollande en direct, ça m'a mise hors de moi qu'il commence quasiment par dire :
"
La France a été frappée le jour de sa fête nationale, le 14 juillet, symbole de la liberté, parce que les droits de l'Homme sont niés par les fanatiques, et que la France est forcément leur cible."
Jusqu'à "symbole de la liberté", pourquoi pas. C'est vrai que toute la journée, j'ai pensé à la possibilité d'un attentat parce qu'il y a plusieurs symboles politiques autour du 14 juillet. Mais FAUT ARRETER avec cette idée que c'est un combat entre les anti-droits de l'Homme et les pro-droits de l'Homme, ça devient grotesque et presque provocateur à force de l'entendre de la bouche de gens qui visiblement ont une vision limité de ce que sont les droits fondamentaux (déjà, ils disent droits de l'Homme et pas droits humains, je trouve ça un peu révélateur sur l'aspect restrictif du truc), et qui estiment que certains de ces droits fondamentaux peuvent être joyeusement bafoués "pour la bonne cause". Et puis la rengaine "les fanatiques n'aiment pas la France car c'est le pays de la liberté et de l'égalité", mais STOP! Franchement, un peu d'honnêteté!
Je sais que les interventions de Barack Obama après les fusillades américaines ont une motivation politique parce qu'il est pro-régulation des armes mais je trouve ça toujours réconfortant quand il aborde les tueries d'un angle politique en rappelant qu'elles se répèteront encore et encore tant qu'aucune mesure ne sera prise pour réguler les armes. Au lieu de ça, chez nous, on fait des discours Bisounours et abstraits sur le bien contre le mal, les méchants et les gentils, la liberté et l'obscurantisme. Mais STOP! C'est votre job de faire de la politique, alors parlez-nous de politique au lieu de vous croire dans un téléfilm américain!
Et c'était tellement pitoyable quand il a dit :
"
Aussi, j'ai décidé, sur proposition du Premier ministre et avec les ministres concernés de la Défense comme de l'Intérieur, d'abord que nous allons maintenir à un haut niveau l'opération Sentinelle".
J'avais limite l'impression qu'il a hésité à le dire, comme s'il se rendait compte du ridicule de ses propos : "J'ai décidé de continuer à faire tout pareil que depuis des mois parce que vu qu'on est déjà au plus niveau, on peut pas aller plus haut mais il faut que je donne l'air de prendre une mesure donc bon, je déclare solennellement qu'on change rien même si on n'avait pas prévu de le faire de toute façon!"
Et les députés, encore plus ridicule et subtils dans leur proposition :
Olivier Falorni : "
Je crois qu'aujourd'hui, il faut acter le fait que l'état d'urgence dans ce pays ne peut plus être un état d'exception et qu'il doit devenir un état permanent tant que nous aurons une guerre à mener"
Eric Ciotti : "
Chaque fois, personnellement, j'ai demandé que l'état d'urgence soit prolongé. Nous devons être dans un état d'urgence permanent parce que la menace, elle est permanente, elle est maximale."
Non mais c'est clair, brillante idée les gars. On est en état d'urgence depuis des mois, c'est vachement efficace. Donc on va prendre une mesure trop utile : on va le rendre permanent! Je suis sûre qu'on verra la différence niveau sécurité... Je ne comprends vraiment pas en quoi leurs propos sont pertinents.
Et François Fillon, Monsieur Plus Vague tu Meurs : "
Il faut utiliser tous les instruments de notre droit, et en particulier de notre Code pénal, pour prévenir au maximum des attentats comme celui qui vient d'être commis." Heureusement qu'il est là pour nous suggérer d'utiliser tous les moyens juridiques contre les attentats, je suis sûre que le gouvernement n'y avait pas pensé...
On a aussi les politiques qui se prennent pour Donald Trump comme Henri Guaino : "
Il suffit de mettre à l'entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquettes et il arrêtera le camion".
Ceux qui font une soupe de tous les sujets polémiques comme le député Jacques Myard qui propose comme mesure pour prévenir les attentats "
d'expulser tous les binationaux en voie de radicalisation" et "
d'appliquer partout sur le territoire national l'interdiction du voile"
Et pendant ce temps-là, les vrais spécialistes de Daech répètent depuis des mois dans les médias que tout fonctionne comme prévu pour Daech vu que les responsables sont suffisamment débiles pour mordre à pleines dents à leurs hameçons. Mais visiblement ils parlent dans le vide puisque les personnalités politiques ne semblent absolument pas avoir envie de les écouter. Gilles Kepel rappelle
sur France Inter :
"L
e logiciel de ce terrorisme-là n'a toujours pas été compris par le pouvoir politique, quel qu'il soit (...) On est dans une autre dimension, il ne s'agit pas de dire qu'on va faire appel à la réserve, tout le monde sait que les forces de l'armée et de la police sont épuisées. Et c'est du reste l'objectif des textes mis en ligne depuis 2005 par ce djihadisme de troisième génération : il faut épuiser les forces de l'ordre et il faut faire en sorte que la société, qui est totalement déboussolée, se prépare à une logique de guerre civile entre enclaves de confessions différentes".
Franchement, je sais pas trop quoi faire car j'ai l'impression que les partis politiques ressentent vachement moins la pression des ONG qu'avant. Il fut un temps où les prises de position des grandes associations pesaient sur le débat car les gouvernements flippaient d'être vus comme anti-démocratiques mais maintenant c'est le FN qui semble exercer cette pression de contrôle. Donc ce n'est pas forcément du côté du travail associatif qu'on pourra faire bouger les politiques je crains...
Malgré tout, je me dis que peut-être, c'est le moment où je devrais adhérer à un parti. Je repense à un interview d'Anne Hidalgo où elle racontait qu'elle a adhéré au PS à une époque de grande débâcle politique alors qu'elle avait déjà une carrière. En voyant la gauche péricliter, elle s'est dit que peut-être qu'elle devait prendre les choses en main et s'engager pour aider à remettre la gauche sur les rails. Elle a quand même fini par devenir Maire de Paris donc son engagement a compté.
Et même s'il est attaqué de toutes parts en ce moment, ça a aussi été la démarche du leader de l'Opposition britannique, Jeremy Corbyn qui est très à gauche. A force de voir des personnalités politiques décevantes porter le message du parti, il a décidé de se présenter pour en devenir le leader et contre toute attente, il a gagné à l'écrasante majorité. Et il a pu gagner parce que plein de militants de base se sont mobilisés pour le changement.
C'est pas que je veux devenir leader politique, mais finalement, peut-être qu'au lieu d'être dégoûtée de la politique, il faut se retrousser les manches et essayer d'y mettre sa marque. Enfin, bon, il faut déjà trouver quel parti...