schizophrenia;4534877 a dit :
Ok. Je vais gerber là.
Je viens de poster un statut facebook : Women make up 45% of the gaming community and 4% of the protagonists of the 25 biggest games of the year.
"Yes, but that’s still a minority! If more women played video games, there would be more reason to have female protagonists!"
Men make up 35% of the cinema audience and 84% of the protagonists of the 25 biggest movies of the year.
Un de commence à dire que ça ne représente rien vu que ces statistiques prennent en considération des supportes très différents et qu'il ne faut pas "préjuger" du sexisme dans les JV car c'est très compliqué (merci de me prendre pour une néophyte au passage). Je lui explique qu'il s'agit justement d'un problème sociétal, à grande échelle et je linke l'article de malard sur le sexisme chez les geek. Et la il ose me répondre ça :
Moi j'dis juste qu'il y a une instrumentalisation de l'évolution du gaming au profit d'une petite partie des féministes qui pensent pouvoir dicter à une communauté ses codes, ses règles, ses manières de se représenter. Je vois pas en quoi une pensée communautarisée qui ne représente qu'une partie des intérêt du féminisme aurait la moindre légitimité à imposer ses vues sur une autre communauté qu'est celle du jeu vidéo. C'est juste une attitude impérialiste. La communauté du jeu est relativement jeune, et du coup sa démocratisation récente fait penser que le reste de la société a des droits et peut imposer sa façon de voir le monde à celle-ci - je réponds que non, comme la grande majorité des joueurs. Ce n'est pas aux chercheurs qui ont étudié cet objet (ce marché ? cette communauté ? encore des termes soit économiques soit identitaire qui oublie toutes les fonctions et les contradiction du jeu vidéo) selon le prisme du féminisme ou de la théorie du genre, et encore moins aux chercheurs des sciences économiques et comportementales en rapport avec la consommation, d'avoir un discours sur le jeu vidéo orienté vers la modification de sa structure - alors même que sa structure est en pleine évolution en faveur d'une féminisation plus grande !
Militer et défendre le milieu, c'est nécessaire, mais il y a bien plus important à défendre dans ce secteur qui est avant tout artistique. Et en tout cas, ne surtout pas importer de la division, de la rancoeur, et de la frustration, habitudes si chères aux croisées du féminisme.
Ca vient de moi où il est hyper pédant ? On croirait entendre un argumentaire de beauf' sur l'utilisation du mademoiselle. Vous sauriez quoi répondre à ça ?
Voilà une bien jolie façon de dire que les féministes n'ont qu'à fermer leur gueule.
Ce que j'aime, c'est que quand les féministes soulèvent des problèmes, c'est toujours vu comme "les féministes veulent dicter leurs règles et imposer leur vision du monde". En fait, tout ce que les féministes font, c'est montrer qu'il y a un problème, et que les femmes sont artificiellement marginalisées, hein. Si vous avez l'impression qu'on a enlevé des dirigeants de boîtes de prod en leur mettant des flingues sous le nez, il faudrait voir à arrêter la drogue.
En fait, on va poser les choses simplement : par de nombreux mécanismes, conscients ou inconscients, de la part des créateurs de jeux ainsi qu'une partie des joueurs masculins, les femmes sont exclues, mises à l'écart, considérées comme inexistantes, ou bien uniquement comme des objets de fantasme sexuel. Et donc le faire remarquer, et dire que ce serait chouette que tout le monde soit accueilli dans cette communauté de façon égalitaire, c'est être
divisives ? Mais la division existe déjà ! Les féministes essayent au contraire de
réduire cette division !
"
il y a bien plus important à défendre" : comprendre que les problèmes rencontrés par 47% des personnes qui jouent aux jeux vidéos, c'est vraiment dérisoire. Pourquoi ? Ça lui ferait mal de l'avouer clairement, mais la vraie raison, c'est parce que... ce sont des femmes. Alors excusez-nous, on a des choses plus importantes à faire. Des choses avec des poils virils.
"
Je vois pas en quoi une pensée communautarisée qui ne représente qu'une partie des intérêt du féminisme aurait la moindre légitimité à imposer ses vues sur une autre communauté qu'est celle du jeu vidéo." En fait, en étudiant cette phrase, on comprend un truc : pour lui, les féministes ne jouent pas aux jeux vidéos. Les deux groupes (personnes qui jouent aux JV / personnes féministes) sont
disjoints. Donc les féministes n'ont pas leur mot à dire. C'est quand même merveilleux, on peut te balancer autant de chiffres, d'études, de témoignages que tu veux, les gens restent accrochés à leurs clichés, à leurs idées reçues. OK, toutes les joueuses ne sont pas féministes, mais elles sont toutes des femmes, donc touchées par le sexisme dans les jeux vidéos. Parce que - scoop - le sexisme ne nuit pas qu'aux féministes...
Autre phrase révélatrice : "
La communauté du jeu est relativement jeune, et du coup sa démocratisation récente fait penser que le reste de la société a des droits et peut imposer sa façon de voir le monde à celle-ci - je réponds que non, comme la grande majorité des joueurs." Question : c'est qui, dans sa phrase, "le reste" de la société ? Réponse : c'est les femmes - ou les féministes. Enfin bref, toutes ces personnes de genre féminin qui n'ont rien à voir avec le jeu vidéo et qui voudraient en discuter (les sottes). Et donc, c'est qui "
la grande majorité des joueurs" ? BINGO, ce sont les hommes !... Mais, on n'a pas dit au début que 47% des personnes qui jouent sont des femmes ?! Mar_Lard, Anita Sarkeesian, il faut qu'elles répètent combien de fois qu'ELLES SONT DES GAMEUSES ?!!
Bref. Tout ce que je lis là-dedans, c'est un mépris absolu du féminisme sans savoir de quoi on parle, et un refus d'admettre qu'il y a autre chose que des gros machos dans la communauté du JV. D'ailleurs,
heureusement que sa vision étriquée du JV est fausse.
@pliplou : attention, la question du voile, c'est une formidable intersection entre sexisme et islamophobie. Je n'ai plus le temps de m'étaler sur la question, mais dire à une femme musulmane qui a choisi de porter le voile de le brûler, c'est aussi oppressif que de dire à une femme qui met un décolleté de mettre un pull à col roulé. C'est même PLUS oppressif, car tu rajoutes au sexisme une couche d'islamophobie. En gros, sous couvert de "sauver" les femmes musulmanes du sexisme, on leur fait porter la responsabilité de l'islamophobie qu'elles subissent.

Et c'est un peu l'inverse des objectifs du féminisme...
EDIT : deux bons liens sur le sujet, un
de Crêpe Georgette, et un autre
sur un livre au titre explicite : "Les filles voilées parlent".