J'ai vu passer ça ce matin :
http://www.slate.fr/story/93883/grosse-araignee-monde
N'ayez pas peur du titre, en fait il s'agit d'un scientifique qui a trouvé la plus grosse araignée du monde (alerte, il y a une photo en haut de l'article, mais pour le coup elle a presque l'air choupette la bestiole, avec tout ses poils
) du coup en bon scientifique il l'a tuée, et l'a ramenée dans un musée. Tollé sur la toile (attention, jeu de mot hilarant!
) et il ne comprend pas pourquoi.
D'un côté je peux comprendre l'intérêt scientifique d'étudier un animal, de l'autre le principe de "oh chouette je le connais pas celui-là, allez hop! je le zigouille, et je le dissèque" j'ai un peu du mal...
En tant que scientifique, c'est justement ça qui m’écœure dans mon (ex)domaine, la biologie. Nous disposons de moyens modernes permettant d'étudier sans tuer, et pourtant, c'est toujours la vieille école qui prime, avec les dissections, vivisections et cie. D'un côté parce que c'est sur que ça coûte moins cher et c'est plus "pratique", mais aussi pour la bonne raison que la plupart des biologistes sont spécistes, et ne voient dans l'animal, aussi étonnant soit-il, qu'un sujet d'étude (voire pire, juste un moyen), et non un être vivant à respecter.
Je trouve les propos du chercheur dans l'article très symptomatiques de cet état de pensée. Il est parfaitement certain d'avoir bien agi, et ne réalise pas du tout le problème de tuer son sujet d'étude.
Et prétendre que le blâmer équivaudrait à bruler toutes les collections des musées, c'est un faux argument. La plupart de ces collections ont été constituées il y a des décennies, quand d'une part, on avait peu d'autre moyen de conservation, et surtout quand la notion de respect de l'animal n'était même pas une ébauche d'idée chez la plupart des scientifiques. On peut donc les tolérer, et les conserver, car effectivement, maintenant qu'elles sont là, en soi, autant qu'elles soient utiles. Mais continuer à faire la même bêtise alors que désormais on peut l'éviter est un non sens !
Surtout que l'intérêt hautement scientifique d'avoir un "animal naturalisé" est assez limité, puisqu'on ne conserve que l'aspect extérieur, la peau ou l'exosquelette dans ce cas. Tous les organes, toute l'architecture interne sont perdus et remplacés par du rembourrage ! Donc hormis pour des analyses cutanées, ou d'adn rétrospectivement (et encore, la conservation n'est pas très bonne sur le long terme), on ne va pas très loin. Faire passer un IRM dynamique à un animal bien vivant est bien plus instructif !
On peut fort bien se contenter de reproductions synthétiques dans les musées, ou conserver les animaux qui sont uniquement morts naturellement (et il y en a plusieurs dans ce cas au Muséum d'HN de Paris par exemple, comme une certaine girafe qui avait été offerte à un de nos rois, qui a vécu un certain temps et qui a été naturalisée après sa mort naturelle).
Bref