Vivre avec le RSA, ça fait quoi ?

[Luna-mad]

Attention, soyons précis: je ne refuse pas de travailler, je refuse les offres qu'on me fait actuellement qui sont moins intéressante pour moi que de rester au chômage. C'est pour dire si les offres qu'on me fait sont vraiment pourries! D'où le fait que non, je n'ai pas le courage de perdre temps, argent et santé pour travailler. Travailler pour travailler? C'est bête mais quand je me tape 9h de téléprospection dans une journée, je compte au moins pouvoir faire un bénéfice côté salaire. Si c'est pour perdre de l'argent, là, j'ai plus de mal.

PAR CONTRE: je profite des aides parce qu'en parallèle je cherche vraiment un emploi, je ne me tourne pas les pouces toute la journée. A l'époque où je ne pouvais pas travailler parce que je m'occupais de mon fils, je ne profitais pas des aides, ni chômage, ni RSA, parce que j'aurai pas trouvé ça honnête. Aujourd'hui, je peux travailler, donc je prends les aides qu'on me donne, et je continuerais à refuser les offres qu'on me fait qui consiste à téléphoner de 17h30 à 21h à des particuliers pour leur vendre des panneaux solaires pour un smic minoré, et en devant payer essence et péage. ( ouais, c'est une des dernières propositions en date). Désolée, mais je gagne plus en me tournant les pouces.

C'est drôle parce que justement, quand tu t'occupes d'un enfant, je peux comprendre qu'on touche des aides (je l'avais justement marqué dans ma première réflexion puis, comme c'était un peu hors-sujet, je l'ai enlevé). Être maman, je pense (sans en avoir l'expérience) que c'est un boulot à plein temps et qu'au final, le prix de la crèche revient presque à un salaire, alors tant qu'à faire, autant rester près de son bébé, d'autant plus si l'on y trouve un épanouissement personnel.

Mais c'est vrai, c'est compréhensible que tu refuses ses offres un peu inintéressantes - bien que ce ne serait sans doute pas mon choix personnel, mais le fait que tu donnes pour excuse que tu ne veux pas perdre de la santé pour rester dans la course m'a un peu choqué. Et puis, j'ai interprété ça comme un "pas envie de bosser, ça me fatigue". On a donc du mal se comprendre. Si tu continues à chercher, c'est encore différent.

Cela dit, je trouve complètement absurde qu'on puisse gagner plus d'argent en ne faisant "rien" (je veux dire, sans avoir un emploi rémunéré) qu'avec un travail. Mais là, le problème est dans le système à la base. Pas dans le sens où il faudrait "baisser le niveau des aides" mais où il faudrait trouver une solution pour que des situations pareilles ne se produisent plus et que tout boulot rapporte plus que l'aide minimale. Ça me semble logique, en fait.

 

[Roulie]

Je note qu'Annelise est, ou a été, au RSA alors qu'elle signe régulièrement les articles de Madmoizelle.

Enfin, dans une boîte d'hôtesses évènementiel, on m'a bien dit "Journalisme? Ah oui oui, on en a deux autres ici qui ont fait ça".


....

 

[Roulie]

Je ne voudrais pas faire d'assertions, mais le journalisme est un secteur très en crise. De plus, ce job fait malgré tout rêver pas mal de gens. Résultat: il y a "beaucoup d'appelés et pas tant d'élus que ça", un peu comme dans le domaine artistique.

Ce secteur étant en crise, la plupart des "petites" rédactions n'ont guère les moyen d'offrir des piges royales à leurs pigistes. Le prix moyen de la pige baisse vertigineusement dans les usages, faute de finances.
Parfois, les pigistes sont tout simplement bénévoles.

Personnellement, je peux comprendre qu'on ne puisse pas rémunérer. Le (gros) souci, à mon sens, ce sont les rédactions qui pourraient le faire, mais estiment qu'elles nous offrent déjà une chance inouïe de signer les articles, donc, ben, si t'es pas contente, y'en a plein qui rêveraient de le faire gracieusement.
Quand je vois un magazine qui fait du profit, même peu, et n'emploie de pigistes que bénévolement (en leur demandant parfois un volume de travail plutôt conséquent, impliquant déplacements, recherches etc), ça me met en rage puisqu'on peut être certains que les graphistes, commerciaux, etc... sont, eux, payés.
Au-delà de l'aspect purement financier (heu, mais, le saviez-vous? mon corps a besoin de nourriture pour fonctionner, et pour écrire aussi d'ailleurs), c'est TRES plombant pour le moral de s'entendre dire, finalement : toi, ton travail n'a pas de valeur - c'est presque du fun.

Le pire, c'est que ça commence à passer complètement dans les esprits. Quand tes propres amis te disent "ben quoi, trois articles en deux jours, recherches, reportages et photos comprises, gratuitement? Bah ouais mais faut bien faire ses preuves"... là tu comprends ta douleur.

Attention, je ne dis pas que c'est le cas de Madmoizelle, et quand bien même: comme je l'ai dit, souvent les rédactions n'ont tout simplement pas les moyens de payer leurs collaborateurs. Et entre faire tourner la machine même sans un sou, et ne rien faire en attendant d'être riches, je préfère encore la première option.

Mais bon, y'a pas mal de CV "journalistes" sur les bureaux de Paul E. ....

 

[Sonea]

Sinon, pour le pseudo stage, c'était très certainement une EMT ( évaluation en milieu de travail), une sorte de stage en entreprise, pour au choix "voir comment ça marche", ou se faire tester par l'entreprise. D'ailleurs celle ci est payé pendant que t'y es (très très peu, mais tout de même). Ca peut être plus ou moins utile selon les circonstances, mais parfois c'est juste un "je sais pas où vous caser mais faudrait que je vous prescrive un truc sinon on va pas s'en sortir".

Oui c'était peut être ça, tout ce que je sais c'est qu'on lui a proposé un truc non rémunéré pendant genre un mois, sachant qu'il a besoin d'argent pour vivre parce que ses parents ne peuvent pas l'aider,ba c'était vite vu. MacDo recrute. Quand on sort des études et qu'on a pas le droit aux aides, on peut pas forcément accepter ce genre d'offre au bénéfice douteux, étant donné qu'on lui avait clairement fait comprendre qu'on ne lui proposerait rien, pcq il était jeune, et donc pas prioritaire.

 

[Nasty Wasp]

Quand on s'inscrit au pôle emploi, ils nous fournissent des annonces auxquelles postuler. En théorie, ces annonces sont censées correspondre à notre projet professionnel. En pratique, 90% du temps il n'y a pas d'annonces réellement correctes, ils sont extrêmement mauvais comme gestionnaire d'offres d'emploi. Donc on se retrouve à devoir postuler à des annonces totalement irréaliste, parce qu'au bout d'un moment, si on ne le fait pas, on est radié ( donc plus d'allocations chômage.). Heureusement qu'il y a plein d'autres endroits pour trouver des offres et postuler bien sûr, mais bon, c'est censée être l'endroit privilégié pour le faire normalement...

C'est d'autant plus dégoûtant que le chômage est une assurance pour laquelle on cotise. Donc en gros, t'as cotisé assez longtemps pour y avoir droit, tu tombes sur un conseiller un peu moyen (90% des conseillers donc) et tu te fais radié rapidement pour une connerie.
Ils ont trouvé la même parade pour le RSA, ils poussent volontairement la personne à la faute, sachant que la radiation est devenu de plus en plus facile (une absence même justifiée peut entrainer une radiation maintenant, la seule justification acceptée d'emblé étant un certificat médical ou un décès d'un proche prouvé par un certificat, pour le reste, peu importe ton excuse, c'est au bon vouloir du conseiller). Et si t'es pas inscrit à l'anpe ou que tu t'es fait radié, tu perds ton RSA.

Sinon, pour le pseudo stage, c'était très certainement une EMT ( évaluation en milieu de travail), une sorte de stage en entreprise, pour au choix "voir comment ça marche", ou se faire tester par l'entreprise. D'ailleurs celle ci est payé pendant que t'y es (très très peu, mais tout de même).

J'en fait une EMT y'a 3 ans, un plein temps pendant 10 jours, sans être payée un centime (ça a peut-être changé depuis). L'EMT a pour seul but de "tester" la boîte (ou l'employé) pendant une courte période, sans s'engager sur un contrat ni payer. Le but étant de ramasser le contrat derrière, tu donnes le maximum pour pas un rond. Moi j'ai été prise, une autre non. Elle est repartie avec le sentiment de s'être faite entubée (surtout qu'on nous avait jamais dit qu'on était mise en concurrence et qu'une seule serait prise). Une idée sympa à la base dont abusent pas mal de patrons sans trop de scrupules.

 

[Annelise]

Roulie et Alecto : je ne suis pas au RSA, j'ai 22 ans. Dans l'article je parle de ma mère qui est dans cette situation, et je le dis aussi en commentaire. J'ai donc testé le RSA par le biais de ma mère et étant considérée comme célibataire sans enfants depuis que j'ai 18 ans (puisque j'ai quitté le foyer pour faire mes études), je l'ai vue et la vois encore actuellement vivre avec un peu plus de 400?. Alors non, techniquement ce n'est pas moi qui ait vécu avec ces 400? (j'étais l'exemple de cette fameuse étudiante boursière avec ses "gras" 466?), mais je rentrais tous les week-end chez elle, passait toutes mes vacances, et par conséquent je sais très bien quel est le quotidien de ces gens là. De plus, pendant mes années d'études, j'ai profité aussi de la CMU même si ma mère ne touchait pas plus d'argent en tant que RSA. Les brimades contre les gens au CMU, je l'ai vécu aussi. Enfin, mon copain actuel a lui aussi vécu du RSA la première année de notre relation, avec tous les soucis que ça engendre, notamment dans la recherche d'emploi. Voilà.
Et si ça peut vous rassurer, je ne suis pas pigiste chez madmoizelle, mais journaliste à temps plein, et je suis donc payée (et pas avec des cailloux).

 

[Roulie]

Okay :-)

Petite info (parce que pas beaucoup le savent): le RSA c'est aussi possible de le toucher quand on a mons de 25 ans. Il faut avoir bossé 2 ans je crois (parce que sinon ça veut dire qu'en vrai tu es entretenu par tes riches parents vu que t'es "jeune" et que tu veux gratter 400 au système). Mais, c'est possible.

Et sinon... oui, ça me "rassure". D'un autre côté en me relisant je me dis que ça fait un peu "hey! raconte-nous un peu mieux ta life, qu'on voit si ça se tient ou si y'a pas un vieux scandale derrière". Ce qui n'était pas le but, hein. Je voulais surtout mettre le doigt sur des situations, hélas courantes, ailleurs (ce qui me "rassure" c'est qu'au moins ce soit ailleurs).

Je souhaite en tous cas bon courage à ta maman. Et bravo pour ton article.
(Oui, oui, la CMU... j'avais lu quelque part qu'à Paris, un nombre indécent de médecins refusaient de prendre en charge les bénéficiaires de la CMU, de l'ordre de 40% pour les spécialistes :/ ).

Au fait, quand on fait une demande de RSA, et à n'importe quel âge, il faut répondre à une question type "Pour quelle raison n'assignez-vous pas vos parents en justice pour refus d'assistance?". Hum. Hum.

 

[Lasia]

Bon j'arrive un peu après la bataille mais je tiens à expliquer mes propos:

Je réagis à ça car je ne peux pas laisser passer ce message. Depuis mon bac j'ai toujours eu un job à côté de mes études et je n'en suis pas morte. Mes parents me payant mes études, c'était quand même la moindre des choses de ne pas me reposer sur mes lauriers et bosser un minimum. Et j'ai toujours eu de bonnes notes, je n'ai pas bâcler mes cours pour autant, et je viens d?avoir mon diplôme haut la main. Puis travailler permet aussi de se responsabiliser, c'est important je trouve.

Tant mieux pour toi si tu as réussi à combiner les deux, sincèrement. Mais ce n'est pas le cas de tous les étudiants.
Et si je comprends bien ton post, tu as choisi de travailler, ce qui fait une grande différence. Comme tu le dis ensuite, c'était ton argent de poche.
Trouver un boulot parce qu'on le souhaite et non pas parce qu'on est obligé sont 2 choses totalement différentes. C'est bien plus stressant de savoir que si on est dans la dèche, personne n'est là pour filer des tunes.
Et ne pas travailler pendant l'année scolaire ne veut pas dire qu'on se repose sur ses lauriers.

Et je tiens à préciser: Je n'ai jamais dit que travailler pendant ses études était mauvais pour tout le monde !! Certains y arrivent (tu en fais partie) mais ce n'est pas le cas de tous les étudiants.
Comme te l'a précisé CeNedra, je voulais dire que si on peut s'en passer tant mieux!

 

[Savon]

Je plussoie vivement l'article ; mais je nuancerais la partie concernant le handicap...
Je travaille dans une Mission handicap, et des dossiers RQTH j'aide tous les jours des gens à en instruire... Et non, il n'est pas forcément nécessaire d'être très lourdement handicapé pour y prétendre, il faut simplement que la situation de handicap (j'insiste sur le terme "situation") vécue par la personne compromette réellement ses chances d'obtenir ou conserver un emploi. J'ai déjà permis d'obtenir à des travailleurs une RQTH pour de "simples" problèmes d'allergies, certes quelques chose qui peut paraître bégnin, mais qui était incompatible avec leur activité (agent d'entretien quand on développe une allergie aux produits d'entretien, ben c'est compliqué tout de suite!).
De plus, le terme "emploi réservé" est parfaitement impropre. Il n'existe pas d'emplois réservés dans le sens où c'est parfaitement illégal, tout simplement... La loi impose 6% de travailleurs handicapés dans une entreprise ou collectivité de plus de 20 salariés, mais il est interdit de faire paraître des offres d'emplois "spéciales travailleur handicapé". Il est aussi illégal de discriminer négativement au regard d'un handicap que de discriminer positivement.
Donc il n'existe aucun taux de handicap minimal requis pour postuler en tant que travailleur handicapé, il faut simplement la RQTH. De plus, rien n'oblige de signaler son handicap lors d'une candidature, ni même après.

Voilà voilà, fin du HS mais je pensais bon de préciser.

Ahaha ! merciiii ! parce que je ne pense pas en avoir "sacrément sous le coude" mais je suis reconnue travailleuse handicapée. ça m'a fait chier de chez chier de faire la demande, à cause du regard des autres justement.. mais bon, j'ai un emploi où j'ai pu avoir un temps partiel.. et, vivre avec le RMI, pour en revenir au sujet : j'ai fait aussi et je me suis vraiment retrouvé dans cet article. Quand on te propose l'épicereie sociale alors que tu demande des sous pour payer ton loyer... je l'ai eu vraiment mauvaise ce jour-là

 

[Nevouch]

En effet, merci Anne-Lise pour ce superbe article!
Cela fait une éternité (j'ai l'impression) que je me bats contre les idées reçues concernant le RSA et le chômage.
Je suis moi-même diplômée Bac+7 et navigue depuis des années entre contrats vacataires et RSA.
Il n'y a pas plus de 3 mois, l'ANPE m'a encore gentiment proposé un poste de vendeuse en sex shop ... normal lorsqu'on recherche des annonces comme vendeuse en librairie ...
En attendant des contrats à plein-temps, je fais du bénévolat pour me sentir moins inutile.
Courage à tous ceux qui cherchent du boulot, il y a forcément un moment où la situation devra se débloquer.

 

[Eva Sélène]

Alors là! gros défouloir pour moi!!!
Je n'ai jamais été au RSA mais j'ai travaillé comme téléconseillère à la CAF. Petit rappel: c'est l'organisme qui verse le RSA mais celui ci est attribué par le conseil général, bah oui c'est tellement plus simple!

Je trouve HONTEUX (et le mot est faible!!!) les pratiques du CG et de la CAF par rapport à cette allocation!

Il faut savoir que les organismes SUSPENDENT le RSA pour un oui ou pour un non et SANS PREVENIR l'allocataire!!
Dès qu'il y a une suspicion d'informations cachées ou juste un oubli d'info de la part de l'allocataire (par exemple on le suspecte de s’être remis en couple ou de toucher du chômage, d'avoir travaillé.. mais sans preuve réelle) hop! on suspend le RSA et on attend qu'il appelle pour lui demander de donner des justificatifs de sa bonne foi!!!!

Ha oui, on lui retire de l'argent s'il ne s'est pas pointé à un rendez vous: 80€/mois pendant 4 mois, s'il recommence on suspend la totalité "jusqu'à nouvel ordre".

C'est tout bonnement hallucinant, j'ai été outrée de voir des cas comme ça à longueur de journée! C'est traiter les gens comme de la merde, on leur enlève toute dignité!! Et vous savez quoi? la plupart d'entre eux sont tellement résignés qu'ils ne gueulent même pas!
Ils ne vont pas pouvoir payer leur loyer, manger... jusqu'à ce qu'ils envois des justificatifs et que ceux ci soient vérifiés (c'est à dire au mieux 1 semaine, au pire 3 semaines)!!!

J'ai par exemple eu le cas d'un homme qui était bénéficiaire du RSA. En avril 2011 on lui a suspendu car la CAF a reçu un courrier d'un organisme Suisse indiquant qu'il percevait une allocation là bas. Ce courrier a suffit, pas de vérification par rapport à un éventuel homonyme.. Depuis avril 2011 il n'a plus de RSA! j'ai travaillé jusqu'à avril 2012 à la CAF, je verifiais régulièrement son dossier et rien n'avait été fait!! Il avait envoyé plusieurs courriers pour contester et cela a été classé sans suite! Il ne savait plus quoi faire! En plus, je ne pouvais pas transférer les appels, on devait faire des notes pour que les techniciens rappellent et à chaque note que j'ai fait à été classée sans suite!! Cet homme n'avait aucune possibilité de rentrer en contact, de s'expliquer, il était totalement impuissant face à la situation!!

C'est le cas qui m'a le plus marqué mais il y a beaucoup d'erreur de calcul des techniciens, de suspensions en attendant un controle physique qui peut prendre un mois + le temps de traitement, dans les papiers qui lancent les contrôles on peut parfois lire "ne plus verser le RSA et voir s'il y a réaction" WTF!!!

C'est complètement fou, et je ne souhaite à personne de vivre au RSA, être au RSA c'est n'avoir aucun pouvoir, aucun contrôle sur sa vie...

Bon, j'espère que je ne vais pas me faire tuer par des hommes en noir maintenant que j'ai balancé! souhaitez moi bonne chance!!

 

[Chouchanna]

Je me sens encore plus minable en lisant les témoignages des autres MadZ à ce sujet :
en ce qui me concerne, je ne touche rien pour le moment, j'ai 24 ans, aucun diplôme et surtout, je n'ai encore jamais travaillé de ma vie. J'ai déjà fait des petits boulots, mais leur importance est tellement insignifiante qu'on peut considérer que je n'ai rien fichu de ma vie. Et pourtant, ça n'est pas faute d'avoir essayé de trouver un taf (en été, toute l'année.... pfeuuuh, personne ne m'aime).

Je vis dans un village vraiment paumé et où il n y a qu'un seul tout petit supermarché (dans lequel j'ai postulé, sans succès), et où les commerces n'engagent que très rarement. Je suis obligée de prendre le bus pour rejoindre les villes voisines afin de postuler dans d'autres commerces, et notamment les fast food, mais rien n'y fait. Et oui, le bus, car à 24 ans, je n'ai même pas mon permis (oui, je vois l'étiquette tire au flanc au dessus de ma tête).
Quand je vois toutes ces MadZ qui se démènent pour essayer de vivre décemment et que je vois ma situation, ça me fait encore plus mal au cœur pour elles.

Effectivement, on pourrait me qualifier, comme dans les clichés cités dans l'article, de fainéante qui ne veut pas travailler (et pourtant...). Et pourtant, je me languis d'avoir enfin 25 ans pour faire une demande d'attribution du RSA: je pourrais enfin passer mon permis, me débrouiller seule et ne pas attendre que ma gentille maman puisse enfin me donner quelques euros pour que je puisse à nouveau faire des photocopies et continuer de plus belle dans l'envoi de CV à droite et à gauche, puis aider ma mère financièrement qui rame déjà assez pour payer toutes nos factures alors que moi je ne fais rien de mes journée, à part le ménage dans ma propre maison (car oui, le ménage chez les particuliers, tout comme la garde d'enfant, rien n'y fait, j'ai beau insister, poster des annonces partout, on ne veut décidément pas de moi )

Mais je suis une trouillarde: quelqu'un qui était absolument incapable de se débrouiller seule, de chercher toute seule comment orienter sa vie, d'aller voir une assistante sociale qui pourrait m'aider à trouver ma voie. Dépression sur dépression, il a fallut l'arrivée d'une amie qui m'aide enfin à me remuer le derrière, car ma mère n'avait pas le temps de s'occuper de moi (d'ailleurs, elle sait à peine tenir tête aux propriétaires de notre maison qui la relancent continuellement pour des loyers/autres factures impayées alors que tout est réglé... misère , et ça ne fait que quelques années que je réussis à lui prêter main forte, n'y connaissant rien avant...) : elle m'a montré à qui m'adresser (par exemple, je ne savais même pas ce que c'était que la "Mission Locale" avant mes 22 ans...), m'a aidé à prendre confiance en moi pour démarcher auprès des commerçants, m'a hébergé pendant une certaine période dans son appartement dans une grande ville où j'avais plus de chances de trouver un job, m'a payé des vêtements pour les entretiens d'embauche. Mais rien n'y a fait, personne n'a encore voulut de moi.

Et vivre toutes ces années sans revenus, obligée de demander un peu d'argent à des amis pour pouvoir sortir avec eux en weekend sans quoi, je pouvais rester chez moi à regarder des épisodes des Experts ou d'une autre série allakon pour oublier que j'ai une vie de merde, grassement hébergée par une mère qui bosse toute l'année, c'est vraiment pas la joie, croyez-moi: glander, surtout autant d'année, ça n'est pas gratifiant.

Alors non, les individus qui critiquent les gens touchant le RSA, vous n'avez AUCUN droit de les accabler, d'autant que beaucoup de personnes on bien plus de raisons que moi pour faire cette démarche pour pouvoir vivre décemment. Oui, je n'ai rien foutu après le lycée parce que je ne savais absolument pas quoi faire et que personne ne m'a aidé, mais je trouve cette tendance de juger ceux qui perçoivent le RSA vraiment abjecte et malsaine, absolument accablante pour des personnes qui sont déjà au fond du trou et qui n'ont aucune aide quelconque. Oui, il y en a qui doivent en profiter, mais il y a aussi beaucoup de personnes mal à l'aise qui sont obligés de faire une demande pour, paradoxalement, garder un semblant de dignité.

Désolée pour mon témoignage absolument inutile qui n'intéressera surement personne, mais je dois avouer que en lisant cet article, j'ignorais encore tout du RSA et des personnes qui pouvaient en bénéficier (dont moi visiblement, ce qui me donne une lueur d'espoir pour mon avenir à vraie dire)

En tout cas, je suis de tout ♥ avec les MadZ qui peuvent se sentir accablées

Bref, encore désolée pour mon histoire ennuyeuse et du pavé en conséquence