Vos dernières Lectures (essais, articles de recherche, manuels...)

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Paris
Bon, j'ai un peu hésité entre cette section et la section "Livres" pour lancer cette discussion, mais finalement la rubrique "Culture Générale" me semble plus appropriée (dans la mesure où dans "Livres" on ne parle presque exclusivement que d'oeuvres de fiction...).

Bref. L'idée, ce serait de partager ici nos lectures, hm... "scientifiques", c'est-à-dire les essais, articles de recherche, manuels scolaires, dossiers parus dans la presse, etc. qui sont passés entre nos mains. On pourra ainsi donner les références du papier, mais aussi pourquoi pas en faire un petit résumé avec les choses qu'on a découvertes et/ou qu'on a trouvées intéressantes, donner notre avis, des infos sur le ou les auteurs, etc.
Bien évidemment, aucune restriction sur les sujets et disciplines abordés (:

Pour ma part, je suis en train de m'attaquer à Repenser l'Etat : pour une social-démocratie de l'innovation, de Philippe Aghion et Alexandra Roulet. Je vous en parlerai la prochaine fois, et dans la foulée j'essaierai de préparer une petite fiche sur La société des égaux, de Pierre Rosanvallon.

Voilà (: (et pardon si je ne suis pas dans la bonne rubrique)


EDIT; sorry pour les fautes, je fatigue ce soir (:
 
20 Septembre 2011
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Malaussène;2824718 a dit :
Pour ma part, je suis en train de m'attaquer à Repenser l'Etat : pour une social-démocratie de l'innovation, de Philippe Aghion et Alexandra Roulet. Je vous en parlerai la prochaine fois, et dans la foulée j'essaierai de préparer une petite fiche sur La société des égaux, de Pierre Rosanvallon.

C'est pas trop dans le sujet mais il y a deux ans j'ai assisté à quelques cours de Pierre Rosanvallon au Collège de France, c'était ardu mais très intéressant, je vais noter cette référence que tu donnes :)
 

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Bon, j'ai pas encore fini mon bouquin, mais historie de ne pas faire de ce topic un topic mort-né, je triche un peu et vais vous parler d'un livre que j'ai lu il y a quelques temps. Il s'agit de Le temps des riches : anatomie d'une sécession de Thierry Pech (directeur de la rédaction d'Alternatives économiques).

9782021041095.jpg


La première partie de l'ouvrage, "Comment les riches sont devenus un problème ?" est, comme le veut l'usage, assez descriptive : qui sont ces "riches" ? Combien gagnent-ils ? Que détiennent-ils ? Comment font-ils croître leur fortune ? Comment se constituent les grandes "dynasties familiales" ?
Descriptive, certes, mais loin d'être inintéressante, d'autant que le sujet est complexe. Je retiendrai deux idées essentielles : tout d'abord, l'euphémisation systématique de la richesse dans notre société. "La pauvreté s'avoue, la richesse s'euphémise". Sans compter la part importante de relativité dans l'évaluation des situations : on est toujours le riche de quelqu'un d'autre, et on trouvera toujours plus riche que nous. Le riche, c'est toujours l'autre, au-dessus.
La deuxième idée importante concerne la déconnection entre la croissance de la fortune de ces "très riches" et les cycles économiques de la société. Pour faire court : c'est en période de crise que les plus riches creusent l'écart avec le reste de la population. Ca fait réfléchir...

Dans une seconde partie, "Pourquoi les riches ne sont pas des êtres hors du monde ?" l'auteur tord le cou, à travers l'étude de la formation des rémunérations de différents acteurs (artistes, chefs d'entreprise, stars du football, experts de la finance...) à l'idéologie consistant à ne voir dans les grandes fortune que le résultat du mérite et de compétences exceptionnelles. "Car il n'y a pas d'autonomie économique de la riche des personnes physiques : en dernière analyse, ce sont bien les sociétés qui la produisent et la rendent possible, y compris dans les domaines a priori les plus étroitement liés aux talents des individus"
Il montre ainsi en quoi ce qu'il nomme "la sécession des riches" (c'est-à-dire leur déconnexion d'avec la société en raison tant de leur fortune exceptionnelle que de leur capacité à échapper aux exigences de solidarité et de "vivre ensemble" de cette société) est une remise en cause profonde du pacte républicain et des promesses d'égalité et de méritocratie.

Enfin, la troisième partie "Comment la société a autorisé la sécession des riches ?" explique en quoi cette sécession, loin d'être un accident de l'histoire, est au contraire le résultat-même du fonctionnement de nos sociétés. C'est notamment notre regard ambivalent sur la richesse, à la fois "idéal d'accomplissement personnel et scandaleuse négation de l'égalité" qui a permis cet état de fait.


Bref. Un bouquin passionnant , et qui arrive à éviter l'écueil de la caricature, du jugement moral ou de la condamnation idéologique de la richesse, au profit d'une analyse ancrée dans le concret. Un raisonnement bien déroulé, des arguments clairs et convaincants, une écriture fluide et agréable : j'ai grave kiffé ce bouquin.

Et une dernière petite citation pour la route en guise de conclusion (j'aime les citations, ça m'émpêche de dire trop de conneries) :

L'un des paradoxes apparent de la société contemporaine est en effet de reposer sur un tissu de solidarités et une division du travail qui n'ont jamais été aussi étendus et développés, tout en entretenant la croyance dans les pouvoirs parfaitement contingents de la volonté et de la liberté des individus, voire dans la vertu des inégalités nées d'une formidable compétition entre tous. De fait, la philosophie sociale qui avait permis d'atteindre un certain équilibre est aujourd'hui menacée. Un individualisme sans attaches a progressivement accrédité l'illusion d'une autoréalisation de chacun. C'est ce dont témoignent l'essor et la sécession actuelle des riches.


(le bouquin, paru en octobre 2011 est édité chez Seuil, et coûte 15?)
 

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Je vais faire plus court cette fois-ci, parce que bon, très visiblement... Enfin bref.

J'ai fini Repenser l'Etat : pour une social-démocratie de l'innovation, de Philippe Aghion et Alexandra Roulet.

9782021054293.jpg

Bon bouquin, pour ceux qui connaissent déjà les fondements de la social-démocratie (et adhèrent à ces idées, ou en tout cas n'y sont pas trop réticents). En effet, l'objectif du livre est selon moi de donner des pistes pour rapprocher la France du modèle social-démocrate, plus que de démontrer, de façon rigoureuse, en quoi ce modèle serait le meilleur. L'argumentation est en effet assez sommaire, ce qui était en somme assez prévisible quand on voit le nombre (et la densité) des sujets à aborder en 120 petites pages.

En effet, les auteurs se proposent, à travers l'analyse de 4 grands domaines (investissements, protection sociale, fiscalité, démocratie), de "penser l'Etat autrement", c'est-à-dire un "Etat qui investit dans l'innovation, un Etat qui protège face aux nouveaux risques, un Etat garant du contrat social, un Etat impartial". Et c'est là à mon sens que réside tout l'intérêt de ce petit livre : mettre en cohérence les différents axes des politiques publiques, et les orienter vers un objectif unique : la reprise de la croissance et le redressement économique de la France. En d'autres termes, il pose un cadre. Libre au lecteur, ensuite, de creuser par la suite les thèmes qui l'intéressent.
 
10 Janvier 2012
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La hestre
Mes dernière Lectures sont Eric Emmanuel Smith La femme au miroir
Je le recommande à toutes les femmes quo cherche un peu de philo à mettre dans leurs vies !
Et dans les essais document Indigniez- vous de Stefen Hessel : je crois que c 'est un livre qu'il faut avoir lu
 

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Iaoranamoana : ben justement, puisque tu parles de la République des Idées...

Je viens de finir La peur du déclassement, de Eric Maurin. En fait, je cherchais son dernier bouquin (sur les classes moyennes) mais impossible de mettre la main dessus. Tant mieux, finalement, car je n'ai pas du tout regretté ma lecture.

9782021002409.jpg

En revanche, je manque un peu de temps (et de motiv') pour le commenter, donc je vais faire ma grosse lâche et me planquer derrière Alternatives Economiques. Cela dit, il est probable que vous y gagniez au change (:
La critique d'Alter Eco, donc, dispo ici.

Déclassement ? Allons, allons, nous dit Eric Maurin dans ce petit livre détonnant, regardons-y à deux fois: il y a bien plus d'imaginaire que de réel, bien plus de craintes que de faits avérés. Les salariés qui occupent des emplois stables ne sont guère plus menacés de perdre leur emploi aujourd'hui qu'hier, et si l'on compare deux récessions, celle de 1993 et celle de 2008, on ne voit pas d'accentuation notable des licenciements comme cause d'entrée au chômage. Parmi les jeunes sortis de l'école depuis moins de cinq ans, par exemple, 7% des diplômés du supérieur étaient au chômage en 2008, pas plus qu'en 1981 et plutôt moins qu'en 1987 (10%). Et ceci bien, qu'entre-temps, leur nombre ait presque triplé, suite à la démocratisation de l'accès aux études supérieures.

Tout faux
Certes, mais ils occupent des emplois plus précaires et de moindres niveaux que ceux que les générations antérieures ont occupés à diplôme similaire, répondrez-vous? Eh bien, une fois de plus, vous aurez tout faux. Car 15% d'entre eux occupaient un emploi d'ouvrier ou d'employé en 2005, la même proportion qu'au début des années 1980, et presque toujours ces emplois étaient en contrat à durée indéterminée (CDI), comme dans les années 1980 (le contrat à durée déterminée n'a été autorisé qu'en 1979).

Et l'ascenseur social, ce fameux ascenseur dont on nous dit qu'il est en panne, il fonctionne toujours: "Tant du point de vue de l'exposition au chômage d'insertion que de l'accès aux emplois très qualifiés en début de carrière, tous les milieux sociaux ont vu la situation de leurs enfants s'améliorer par rapport au début des années 1980."

La peur pour tous
Le livre pourrait s'arrêter là. Les libéraux pourraient alors se réjouir et les chantres du déclassement contester les chiffres. Mais heureusement, Eric Maurin n'est pas adepte du "tout va très bien, Madame la Marquise". Si le déclassement - ce "phénomène de rupture qui conduit un individu à perdre sa position sociale" - n'est objectivement pas plus important aujourd'hui qu'il ne l'était il y a trente ans, la peur du déclassement, elle, a considérablement progressé. Car, bien que le risque ne se soit pas accru, ou à peine, les conséquences entraînées lorsqu'il survient se sont fortement aggravées. Celui qui perd son emploi stable risque fort de stagner dans le chômage ou de devoir renoncer à un emploi de qualité. Ceux qui sont en emploi temporaire sont confrontés à la précarité et supportent l'essentiel des ajustements, tandis que ceux qui arrivent sur le marché du travail jouent les paratonnerres ou les supplétifs, surtout s'ils ne sont pas pourvus en diplômes.

Aussi, chacun cherche à obtenir ce statut protecteur ou tremble de le perdre. Les travailleurs ont peur de perdre leur emploi, les jeunes ont peur de ne pas en trouver, les familles ont peur que leurs rejetons ne décrochent pas le diplôme qui leur ouvrira les portes du marché du travail, les couches aisées ont peur de la concurrence des couches sociales moins favorisées dans la course aux titres scolaires. Même les jeunes fonctionnaires, souvent surdiplômés car s'étant rabattus sur des emplois publics quand le privé n'embauchait plus, ont peur de voir les avantages statutaires rognés et de subir ainsi une double peine.

La peur du déclassement est donc le prix à payer dans une société qui privilégie les statuts protecteurs. Comment la réduire? Certainement pas en supprimant ces derniers, mais en réduisant les inégalités qu'ils engendrent. Ce livre, en croisant politologie - on lira avec intérêt les développements sur le "syndicalisme de résistance" ou les rapprochements avec 1930 -, sociologie et économie, est passionnant. Son éloge de la flexsécurité irritera sans doute et on pourra lui reprocher d'avoir minimisé la question des licenciements en ne prenant pas en compte les préretraites ou le sort des travailleurs âgés. Reste qu'il pose un vrai problème: protéger l'emploi plus que les parcours est source de profondes inégalités. Et il le pose en termes convaincants.
 
11 Avril 2011
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Je découvre tout juste ce topic! C'est dommage j'aurai bien pu l'alimenter avec toutes mes lectures de prépa... Mais finalement c'est aussi cool parce que maintenant que je suis libre je lis des trucs plus intéressants finalement.

Je suis à la moitié de La peur des barbares - Au delà du choc des civilisations de Tzvetan Todorov et c'est très chouette! Il explique de façon très claire pourquoi le ministre de l'Identité nationale c'était puant et pourquoi c'est puant de dire que "toutes les civilisations ne se valent pas" (dans la première moitié en tout cas, je crois que pour la suite il élargit son cadre de référence, en parlant de la lutte contre le terrorisme notamment). C'est pas non plus transcendant mais je trouve ça très réjouissant à lire après tant de relents xénophobes... C'est un peu le bouquin qu'il faudrait faire lire à tout le monde, pour bien mettre les points sur les i. Et c'est en poche, donc pas très cher (7€ à peu près)
Edit: bon la deuxième moitié est carrément trop bien! Il y a des passages trèèèèès instructifs sur l'usage de la torture par les USA et sur l'affaire des dessins danois, c'est vraiment stylé.

Et sinon je vais me remettre à Jihad - Expansion et déclin de l'islamisme de Gilles Kepel, que j'avais déjà lu en partie l'an dernier pour un exposé d'histoire et qui a été une grosse révélation, je crois que ça restera dans le top 5 des découvertes de folie en prépa. Je reviendrai en parler donc!
Et après je lirai enfin Les banlieues de la République du même Gilles Kepel qui me fait envie depuis sa sortie. (Pour celle que ça intéresse j'ai un article du même auteur qui s'appelle Musulmans et prolétaires qui traîne dans mon ordi depuis des lustres et qui est sûrement très intéressant - j'ai pas encore eu le temps de le lire).

Voilà. Sur ce je vais arrêter de faire ma meuf cultivée et faire en sorte de l'être vraiment :lunette:
 

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