Il se tenait debout devant l'entrée de l'église,il écrasa sa cigarette et entra dans l'église à l'abandon vêtu de noir ses cheveux blonds courts étaient trempés une mallette à la main. Que faisait-il là en ce matin d'hiver? Qu'est-ce qu'un jeune homme d'une vingtaine d'années pouvait bien faire là. Le jeune homme fit les cents pas quelques instants en fixant d'un air nerveux ce qui se trouvait dans la poche intérieure de sa veste.
Que font les gens en général dans une église? Ils prient,chantent,se font baptiser,se marient...Lui n'était là pour faire aucune de ces choses,il voulait se confesser ou plutôt se confier à quelqu'un sur ce qu'elle avait fait,ce dont elle avait tant honte à présent. Il s'approcha de ce qui semblait être le confessionnal d'un air résigné. Il s'assit et vit derrière le grillage se profiler la silhouette d'un homme.
-Bonjour je suis venue pour...
Il hésita avant de finir sa phrase,il baissa la tête et regarda ses mains.
-Pour vous confesser?
-Oui...Par où commencer?
-Je ne sais pas, que préférez-vous?
C'est vrai on songe à beaucoup de choses dans sa vie à tout sauf par quoi on pourrait bien commencer le jour où l'on songerait sérieusement à se confesser.
-Je ne sais pas...et bien je suis né en été enfin je crois. On dit souvent que l'abandon est un des actes les plus désespérés qui existe,moi j'ai toujours eue l'impression que le mien avait été millimitré et prémédité. On était en plein hiver lorsque ma mère m'a abandonnée j'avais trois ans devant un orphelinat emmitouflée dans un manteau hors de prix.
Je m'étais donc persuadé qu'un jour mon père et ma mère descendraient d'une magnifique limousine noire et viendrait m'arracher à ce lieu qui convenait pas à une personne de mon rang.
Ça n'est jamais arrivé...
Le prêtre l'écoutait avec une attention déconcertante il avait l'impression qu'il la fixait. A vrai dire cela la mit étonnamment mal à l'aise. Celui-ci reprit son récit,il décida de faire une ellipse inutile de parler des maltraitances qu'il avait subis durant son enfance et du mal-être qu'il avait ressenti pendant son adolescence.
A vrai dire, le temps lui manquait,le temps nous manque toujours au moment où nous en avons le plus besoin. Le jeune homme regarda sa montre d'un air de son regard froid.
-Où en étiez-vous?
-Venons-en au fait. Alors que je jonglais entre des petit boulots et mes études pour devenir avocat j'ai reçu un coup de fil.
Un certain notaire un monsieur Norton vint me rendre visite deux jours plus tard. Il me parla d'exécution testamentaire,de papiers,de compte bancaire. Je ne savais pas quoi dire,en gros il m'expliquait que ma mère était riche à millions et que j'étais son seul enfant.
-Vous deviez être heureux non?
-Non.
-Pourtant...vous alliez enfin avoir tout ce dont vous avez rêvé,le confort,le luxe...moi-même je ne dirais pas non.
Le jeune pêcheur se demanda si il avait bien devant lui un homme d'église,il n'avait pas vraiment le profil. Il avait l'air assez jeune,le peu qu'il disait sonnait faux,du moins avec le stéréotype du prêtre.
Quelquechose clochait et cela commençait à se faire de plus en plus ressentir.
-Comment ça?Vous ne diriez pas non?Les prêtres ne sont-ils pas sensés avoir fait v?u de pauvreté?
-Je l'ai donc rencontrée...elle s'était enrichie en montant sa propre maison de couture...elle était au-delà de mes espérances,élégante mais avec une très mauvaise santé. Elle voulait revoir l'enfant qu'elle avait abandonné 17 années auparavant. Nous avons passés trois semaines ensembles,les dernières de son existence.
Et un soir j'ai appris qu'elle s'était suicidée,probablement parcequ'elle ne supportait pas l'idée qu'on la voit comme ça,diminuée,malade,dépendante des autres...
Ça a fait la une des journaux. Je n'ai jamais cru à cette histoire de suicide...Non c'est un meurtre, vous comprenez?
-Je ne vois pas où est le mal dans tout ça. Vous vous êtes conduit comme le fils que toute mère aimerait avoir,dévoué et surtout désintéressé par l'argent. Ne doutez pas de vous. Un meurtre, un meurtre...C'est vite dit.
Le jeune homme se leva comme parcouru de spasmes,on aurait dit qu'il pleurait la tête entre ses mains. Non ce n'était pas ça,il était en train de rire à s'en décrocher la mâchoire. Il ne semblait pas prêt de s'arrêter de rire,en fait non. Celui-ci s'arrêta de rire au bout de quelques minutes.
-Pour tout vous dire...maintenant que vous le dites...c'est vrai je ne devrais pas douter de moi.
Vous ne lisez pas les journaux? N'est-ce pas?
Le prêtre put sentir au travers du parloir une montée d'agressivité chez son interlocuteur.
-Non effectivement.
-Vous ne savez donc pas que le hic...C'est moi le principal suspect.
(C'est un vestige du passé cette nouvelle
)