Fin d'une histoire d'amour entre deux protagonistes, Adam et Olivia, qui se sont aimés difficilement.
Adam s?en souvient.
Il se souvient de cette seconde où, après tant de mois, Olivia et lui parvenaient à être des enfants devant l?incertitude de leur avenir, la peur de perdre l?autre et de se retrouver seul. Olivia l?avait alors serré contre elle avant de lui murmurer qu?elle l?aimait. Et qu?elle ne partirait jamais. Ce n?était pas une promesse, c?était une prise de conscience si limpide sur elle-même qu?il n?y avait pas de doutes. Pour la première fois, tout était clair et limpide. Olivia dans ses bras, Adam ne voyait aucune autre chose. Ni même l?éphémère. Peut-être est-ce pour cela?
- M. Otherwood, il faut rentrer maintenant.
Peut-être est-ce pour cela qu?il pensait tant à elle. Peut-être est-ce pour cela qu?il n?avait pas vu le temps s?abattre sur eux comme un vent glacial.
- Encore un moment, demanda le vieil homme, le souffle court.
Avec les années, Olivia et lui avaient vécu tant et si bien que, lorsque la mort frappa la jeune femme avant lui, Adam comprit qu?ils avaient vieillis. Il était un vieil homme maintenant, passant ses journées sur la terrasse d?Otherwood, sans espoir ni rêves. A vrai dire, la mort d?Olivia l?avait réveillé de ce rêve, de cette vie qu?ils avaient vécue à pleins poumons. Il se souvient encore de cette frayeur et de la voix claire et réconfortante d?Olivia lui disant qu?elle ne partirait pas.
Un sourire fend ses lèvres ridées : Olivia, envers et contre tout, était partie avant lui dans une révérence qui lui cillait à merveille. Oui, cette même révérence qui, un jour d?été, au milieu des convives, releva l?attention d?Adam. Il la voyait encore, dans sa robe blanche presque diaphane, son visage mystérieux et détachée de tout, cherchant sa place. Dès leur rencontre, il sut qu?Olivia ne serait jamais ici mais toujours ailleurs. Il l?avait accompagné durant ces années et, bien souvent, il pensait que sa jeunesse était partie avec elle. Il n?avait pas vu les rides marquer son visage, seulement son rire cristallin emporté une joie mystérieuse et propre à eux.
Mais elle n?était plus là.
- M.Otherwood, lui dit l?infirmière en le couvrant, vous allez attraper froid.
Adam se penche en avant. Le soleil se couche sur la ligne boisée de l?horizon, comme un cercle rosé s?éparpillant en une traînée de rose nocturne. Ses yeux bleus retrouvent, le temps d?une seconde, leur lueur. Il la voit. Là, près de la grange. Olivia, dans sa petite robe légère, lui fait un signe de la main. Les premiers boutons de sa robe sont ouverts, et sa chevelure bouclée et noire vole au vent, au-dessus de ses grands yeux noirs rieurs. Elle l?appelait, comme elle l?avait fait tant de fois.
- Monsieur, ce n?est que le vent, devina l?infirmière en voyant le vieil homme s?agiter.
Elle l?attend, chaque soir, de l?autre côté.
Une larme coule sur la joue creuse du vieil homme. On croit souvent qu?une histoire d?amour prend fin quand il n?y a plus personne, quand la présence s?estompe, mais seuls les yeux des amants peuvent se voir encore, au-delà de tout ce qui existe. Au delà de toutes les couleurs que nous connaissons. Mais, ce soir, Adam sait la vérité. Ca n?est jamais vraiment fini. Traversant la plaine dans son corps de jeune homme, il sent à peine la brise, et l?herbe lui semble fraîche sous ses pieds. Il court vers Olivia à grands pas, sans se retourner. Il court.
Sans un regard pour le vieil homme qu?il était, les yeux à présent clos, assis sur la terrasse.
Adam s?en souvient.
Il se souvient de cette seconde où, après tant de mois, Olivia et lui parvenaient à être des enfants devant l?incertitude de leur avenir, la peur de perdre l?autre et de se retrouver seul. Olivia l?avait alors serré contre elle avant de lui murmurer qu?elle l?aimait. Et qu?elle ne partirait jamais. Ce n?était pas une promesse, c?était une prise de conscience si limpide sur elle-même qu?il n?y avait pas de doutes. Pour la première fois, tout était clair et limpide. Olivia dans ses bras, Adam ne voyait aucune autre chose. Ni même l?éphémère. Peut-être est-ce pour cela?
- M. Otherwood, il faut rentrer maintenant.
Peut-être est-ce pour cela qu?il pensait tant à elle. Peut-être est-ce pour cela qu?il n?avait pas vu le temps s?abattre sur eux comme un vent glacial.
- Encore un moment, demanda le vieil homme, le souffle court.
Avec les années, Olivia et lui avaient vécu tant et si bien que, lorsque la mort frappa la jeune femme avant lui, Adam comprit qu?ils avaient vieillis. Il était un vieil homme maintenant, passant ses journées sur la terrasse d?Otherwood, sans espoir ni rêves. A vrai dire, la mort d?Olivia l?avait réveillé de ce rêve, de cette vie qu?ils avaient vécue à pleins poumons. Il se souvient encore de cette frayeur et de la voix claire et réconfortante d?Olivia lui disant qu?elle ne partirait pas.
Un sourire fend ses lèvres ridées : Olivia, envers et contre tout, était partie avant lui dans une révérence qui lui cillait à merveille. Oui, cette même révérence qui, un jour d?été, au milieu des convives, releva l?attention d?Adam. Il la voyait encore, dans sa robe blanche presque diaphane, son visage mystérieux et détachée de tout, cherchant sa place. Dès leur rencontre, il sut qu?Olivia ne serait jamais ici mais toujours ailleurs. Il l?avait accompagné durant ces années et, bien souvent, il pensait que sa jeunesse était partie avec elle. Il n?avait pas vu les rides marquer son visage, seulement son rire cristallin emporté une joie mystérieuse et propre à eux.
Mais elle n?était plus là.
- M.Otherwood, lui dit l?infirmière en le couvrant, vous allez attraper froid.
Adam se penche en avant. Le soleil se couche sur la ligne boisée de l?horizon, comme un cercle rosé s?éparpillant en une traînée de rose nocturne. Ses yeux bleus retrouvent, le temps d?une seconde, leur lueur. Il la voit. Là, près de la grange. Olivia, dans sa petite robe légère, lui fait un signe de la main. Les premiers boutons de sa robe sont ouverts, et sa chevelure bouclée et noire vole au vent, au-dessus de ses grands yeux noirs rieurs. Elle l?appelait, comme elle l?avait fait tant de fois.
- Monsieur, ce n?est que le vent, devina l?infirmière en voyant le vieil homme s?agiter.
Elle l?attend, chaque soir, de l?autre côté.
Une larme coule sur la joue creuse du vieil homme. On croit souvent qu?une histoire d?amour prend fin quand il n?y a plus personne, quand la présence s?estompe, mais seuls les yeux des amants peuvent se voir encore, au-delà de tout ce qui existe. Au delà de toutes les couleurs que nous connaissons. Mais, ce soir, Adam sait la vérité. Ca n?est jamais vraiment fini. Traversant la plaine dans son corps de jeune homme, il sent à peine la brise, et l?herbe lui semble fraîche sous ses pieds. Il court vers Olivia à grands pas, sans se retourner. Il court.
Sans un regard pour le vieil homme qu?il était, les yeux à présent clos, assis sur la terrasse.