Non, cher inconnu du métro, tu n'as pas été « violé »

[Lunafey]

@Le Morse de Pingu
Je n'avais jamais pensé à ça... Et maintenant que tu le dis, j'ai le même ressenti que toi !
Je peux l'illustrer: ma meilleure amie à perdu son père, il est mort. Mais le mot mort est désacralisé, elle le dit, on le dit, dans la vie de tout le jours. Et ça permet aussi de parler de cette perte avec elle, et elle arrive à en rire.
Moi de mon côté, le fait de voir le mot viol me fait du mal, je m'habitue peu à peu pour guérir et aller de l'avant. Et je ne peux pas en parler aux autres, le mot viol fait se contorsionner les gens, ça les gênes, et au final je peux pas en parler avec mes amis ou en rire de la même manière que peut le faire mon amie. Alors que ça m'aiderais.

 

[Scamandre]

Je suis personnellement gênée par la banalisation du mot "viol" dans des expressions du quotidien, j'ai vraiment l'impression que c'est employé pour un sens complètement détourné (cf mes frangins que j'ai déjà entendu crier "RAAAPE" pendant une partie de jeux vidéos...la langue anglaise établit une distance mais quand même).
Or, le viol est quand même très mal reconnu. Rien à voir avec le meurtre ou autre, où là la loi est claire, nette, le tabou social est là. Le viol, c'est bien plus "flou" pour pleins de gens.
Alors voir le terme utilisé à tort ou à travers, notamment dans des situations où il est synonyme de victoire, c'est très dérangeant je trouve.

Parler davantage du viol au quotidien, lui faire perdre son côté "tabou"/"sacré" : bien sûr oui. Si les survivant.e.s et concerné.e.s en ont envie, je les suis les yeux fermés.
Mais employer le terme "n'importe comment", je ne pense pas que ça participe à une bonne banalisation (dans le sens : terme qui revient dans le langage banal, de tous les jours, accessible). Il s'agit plutôt là d'une mauvaise banalisation, celle qui ôte au mot son sens, sens qu'il a déjà du mal à revêtir pour tout le monde.

 

[Lunafey]

@Le Morse de Pingu Pareil !! En fait j'ai l'impression que ça aggrave encore plus l'acte et ses conséquences ! Dans ma tête j'apprends à me dire que c'est la vie, il arrive des choses dures à plein de gens, ça m'est arrivé et voilà. Mais dire "c'est la vie j'essaie d'avancer" ça provoque un effet de choc sur les gens qui écoutent ! Comme si non, le viol c'est vraiment la pire chose qui puisse arriver, c'est la blessure ultime et sacrée, et tu pourras jamais t'en remettre, voire en rire. Ta vie est foutu et tu as le devoir d'en parler avec un visage dur et t'as pas le droit, jamais, d'en rire.
Et je me dis que peut-être, ça empire le processus de guérison au final...

 

[Valhou]

Ce serait bien que d'une manière générale les gens fassent attention à leurs mots. J'en vois déjà crier "mais on peut plus rien dire rooooooo", non, simplement arrête de dire des trucs nuls. C'est comme l'humour sans être sexiste ou raciste, c'est possible et c'est même plus drôle !
Mais j'ai remarqué aussi que les hommes ont tendance à faire des blagues sur le viol, récemment j'ai entendu des hommes dirent "on s'est fait violer quoi !" en parlant d'une partie de LOL....ça peut être éviter....c'est la preuve que pour eux c'est loin, tellement loin de leur vie le viol.

 

[LaBeletteMasquée]

@Ok-san : je comprends. Je ne suis pas totalement stupide non plus, je sais pas bien que les chances d'améliorer nos sociétés sont proches de 0.
Mais à partir de là, on se dit que de toute façon c'est perdu d'avance, et donc on va juste ne rien faire ? Moi je ne me résoudrai jamais à me dire ça, ce serait dire: chacun se démerde, c'est la vie. Moi ça me déprime.

@Le Morse de Pingu : j'ai supprimé mon post, parce qu'en fait je n'ai pas pris le temps de penser correctement à la situation, du coup je suis d'accord avec toi, et je vais plutôt réfléchir au lieu de balancer des posts à tout va du coup .

 

[Léa Casanova]

Perso jsuis assez d'accord sur le fait que les gens ne se rendent pas compte des termes qu'ils utilisent et que des mots super violents sont aujourd'hui utilisés pour des banalités, et que les langues en général sont suffisamment riches pour pas avoir à utiliser des mots dont le sens correspond pas franchement avec ce qu'on veut dire. Par contre j'ai du mal avec le fait de sacraliser certains termes (même si parfois moi même je peux m'en sentir blessée) surtout quand on sait que ça n'a rien à voir comme dans cette situation, où c'est clair que c'est exagéré... Après c'est mon avis, et je comprend que pas tout le monde puisse réagir comme ça...

 

[Zgu]

@la_chieuse t'as mal compris mon post, j'étais plus dans l'esprit de relativiser, que l'homme utilise des métaphores à la pelle alors on n'a pas fini...

 

[Plume Blonde]

@Lunafey et @Le Morse de Pingu
dans le fond, je suis d'accord avec vous, et l'article, pour toutes les raisons que vous avez développées, me semble excessif (je vois bien que l'utilisation du mot viol dans certaines situations, c'est de la banalisation, surtout, comme l'on souligné des Mads, quand c'est pour encenser l'acte/ridiculiser les victimes, mais je ne pense pas que la situation décrite dans l'article relève de cette situation)
mais surtout je voulais vous remercier de partager votre expérience avec nous, (le message a été envoyé trop tot, je reprends) parce que pour les gens qui comme moi, n'a jamais vécu cela ni n'en a entendu parler autour de ces proches, vous me faites prendre conscience d'un tabou (j'avais conscience de la "culture du viol" mais je n'avais pris effectivement conscience de la force du tabou qui entoure le viol). Voilà ça va peut être paraître bête et naïf, surtout que j'ai déjà été confronté à des tabous (l'IVG en est un, dans une moindre mesure, mais ce n'est pas une expérience que l'on partage ave les autres....), mais je voulais quand même prendre le temps de vous remercier.

 

[Ayudeme]

J'ai lu attentivement vos avis, et j'aimerais juste donner le mien, quand bien même il est très modeste. J'ai la chance de n'avoir jamais été violée, mais les mots de ce monsieur dans le métro m'auraient choquée si j'avais été à la place de @chloevollmerlo.

Spoiler: Je sais pas si c'est très utile de mettre en spoiler mais quand même

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[Lunafey]

@Plume Blonde Bah du coup j'en profite pour expliquer comment j'aime procéder: à force de côtoyer des gens qui ont subi des choses graves (à mes yeux ce que j'ai vécu c'est rien à côté), s'il y a une chose que j'ai retenu c'est que la plupart de ces personnes ne veulent pas être regardées avec pitié, que l'autre prenne une tête d'enterrement (tiens, encore une expression), ou se mette carrément à pleurer.
Au début, quand c'est encore frais, on a besoin de gravité je crois. Mais après, quand ça fait des années, que tu l'a déjà raconté à des gens... T'as envie (bon je fais une généralité à partir de mon entourage) de pouvoir en parler sans pathos, de manière tranquille, sans qu'on te regarde comme si t'étais condamné.
Alors j'ai pris l'habitude d'effacer la pitié de mon regard et d'à la place sourire de manière bienveillante et écouter tranquillement en posant des questions simplement. Demander clairement si ça dérange l'autre d'en parler, sans tourner autour du pot au point que ça finit par embarrasser l'autre plus qu'autre chose (genre "heu je voudrais te poser une question, mais, heu, enfin, c'est gênant, ça va peut-être te blesser, oh je me sens ridicule et puis non oubli ce que je viens de dire et-").
Et en faisant comme ça, en parlant de choses graves mais de manière calme, on peut sourire, ou peut rire ensemble, et sérieux ça fait du bien. Ça dénoue un truc.
Et comme on disait je pense que la sacralisation de tout ça empêche de fonctionner ainsi et du coup nous enferme dans le silence.
J'aimerais que plus de gens soient capables de faire ça ! (pas quand c'est tout frais hein bien sûr)

 

[Spill]

Je suis tout à fait d'accord avec @Melydo. Effectivement comme vous l'avez souligné il est difficile de ne pas employer de mots qui peuvent choquer certains parce qu'on est tous très différents dans notre vécu et notre manière d'encaisser les choses.
Mais si on met de coté le fait de potentiellement blesser des gens, on a aussi un vrai problème sociétal avec le viol et c'est bien ça le problème. Le mot viol est peut-être certes tabou, mais il y a encore énormément d'idées reçues sur le viol parce que la question du viol est intrinsèque à la société patriarcale dans laquelle on vit, qu'on a beaucoup de mal à déconstruire. La comparaison avec la mort ne tiens pas la route (bien que je comprenne que des expressions contenant ces mots puissent en blesser certain.e.s) parce que ces 2 termes ne renvoient pas aux mêmes réalités. On n'a pas, de nos jours, de problème culturel et sociétal avec la mort ou la pendaison par exemple.

Pour moi employer légèrement le mot "viol" c'est un peu comme employer légèrement les mots "autiste" ou "trisomique". La banalisation de ces termes contribuent à renforcer la méconnaissance de ces maladies. Pour le viol c'est un peu pareil, même si le terme "viol" est assez tabou, les gens ne mesurent pas tout l'impact de la culture du viol dans notre société.
Ce n'est pas du tout par considération personnelle que je dis ça, simplement parce que, objectivement, on a quand même de gros soucis de compréhension de ces termes dans notre société.

 

[LaBeletteMasquée]

@Ok-san : pas de souci, je comprends tout à fait cette façon de penser. Je précise juste que mon "on ne fait rien" sous-entendait " on ne fait rien pour tenter d'améliorer les choses".
Mais je conçois complètement que le but d'une vie puisse être d'en profiter. De toute manière, tant que ce que fait quelqu'un n'empiète pas sur les libertés des autres, ça me va.
Pas de jugement là-dessus de ma part en tous cas !