Ce qui me blesse énormément sur ce sujet, c'est que ça fait longtemps que le féminisme défend une sexualité égalitaire et la fin des violences faites aux femmes, et que la prostitution est un des lieux où cette inégalité face au plaisir sexuel se concrétise et où les violences demeurent un risque inexorablement pris en compte.
Oui, les TDS doivent être protégées (elles sont 85%, je mets "ées" tout en sachant très bien qu'il y a également des personnes non binaires, des hommes trans et non-hétéro qui font le job). Si la pénalisation des clients les met en plus grand danger et les précarise alors il faut changer la loi.
Oui, elles doivent être au centre des grands projets de loi et être motrices des changements majeurs dans leur traitement social, médical, professionnel.
Maintenant, que faire pour abolir une sexualité POUR les hommes ?
Que faire pour changer radicalement la sexualité et aborder cette dernière sous un prisme émancipateur pour les autres personnes que les hommes hétéro cis ? Puisque la sexualité a toujours été instrumentalisée en leur faveur et a créé de multiples crimes et traumas que les détracteurs d'un prétendu "néo puritanisme" ne sauraient invisibiliser, comment la transformer en profondeur et l'aborder différemment ?
Payer pour obtenir une relation sexuelle ne serait pas "mal" si on n'était pas dans un contexte patriarcal et misogyne depuis des millénaires. Ce ne serait pas "mal" si la sexualité était dirigée vers d'autres clients que les mecs lambdas.
Ce ne serait pas "mal" si ces mecs lambdas mettaient leur propre sexualité au service des autres.
Ce sujet questionne néanmoins le monde du travail, comme l'a dit un.e Madz plus haut. Oui, c'est vrai : travailler au minimum 35h par semaine, pour une paye pas souvent extraordinaire, avec une vie privée réduite, c'est très difficile, qui plus est quand on est porteur.se d'un handicap. Le débat sociétal ne serait-il pas un peu ici aussi ?
Pour moi, c'est difficile de voir une femme écrire "Fière d'être pute", parce-que j'ai la sensation que ce message conforte l'oppresseur dans son statut. Ça arrange bien les clients, qui tirent un bénéfice de l'exploitation sexuelle des femmes.
Et combien de femmes subissent cette oppression, dans tous les domaines de la vie ? (conjugal, professionnel, festif, etc.)
Plutôt que de tirer sur les féministes abo, tirez sur ce type de sexualité qui, s'il n'est pas systématiquement générateur de violences en tout genre, en génère forcément à un moment ou à un autre, et depuis trop longtemps.