C'est un délit /un crime d'extrème-droite mais pas un attentat. Les attentats (et le terrorisme) sont des crimes mais tous les crimes (qu'ils soient racistes ou non) ne sont pas forcément des attentats.
Mon message disait exactement que le problème, c'était "qu'est-ce qu'un attentat".
J'ai écrit (je me recite) : "
Je sais pas, l'affaire Zecler par exemple, ça va pas être compté comme un attentat d'extrême droite on est d'accord ? Pourtant le producteur dit qu'il s'est pris des insultes racistes, "nègre", et on sait pas ce qui se serait passé sans l'intervention des musiciens de son studio.
Je dis pas que c'est un attentat d'extrême droite, mais est-ce qu'à un moment quand un policier (profession qui vote entre 50 et 70% FN-RN, en fonction de comment tu tort les stats, en comptant les retraités ou pas), qui fait un truc raciste en utilisant une arme qu'il a parce qu'il est policier, est-ce que pour toi ce serait un attentat d'extrême droite ou non ?"
= l'idée c'était de dire que des actes qui pourraient entrer dans la case "attentats d'extrême droite" ne sont pas comptés comme tels, parce que les médias ou la police les minimisent en tant qu'actes politiques.
Des actes qui devraient être vus comme des attentats, sont passés en "actes de folie".
Donc quand tu dis "C'est un délit /un crime d'extrème-droite mais pas un attentat. " = tu ne fais que reprendre la vision médiatique du problème. Tout en le présentant comme une donnée objective, alors que la question de "qu'est-ce qu'un attentat", c'est une question politique. Si tu prends le cas de personnes qui sont racistes, et qui veulent pouvoir faire du mal à un Noir, un Arabe, et qui se disent que la meilleure planque pour faire ça c'est la police, parce qu'ils pourront le faire en étant armés et leurs avocats
payés par le contribuable en cas de problème, on peut tout à fait se demander si ça relève pas de l'attentat. Sans se conformer à la définition actuelle, qui est celle...du pouvoir en place. Qui l'arrange bien.
Et du coup, je vois que tu n'as pas rebondis sur la suite de mon idée, qui était que les attentats d'extrême droite sont "déclassés" en bagarre, comme les féminicides sont "déclassés" en crimes passionnels.
"Chiant" est peut-être pas le terme le plus judicieux pour qualifier la présence de l'EI, de l'EIGS, d'AQMI, de Boko Haram, des Shebabs, des Talibans, du Front Al-Nosra, etc, dans les pays concernés
Et si on parle seulement des "filiales" d'Al Qaïda et de celles de l'EI, elles sont présentes dans un nombre très important de pays (rien que pour les filiales de l'EI en Afrique par exemple : présentes quasiment de la Tunisie jusqu'au Mozambique, avec des effets sur les populations...)
Le mot était évidemment une manière de parler. ça me paraissait assez clair, pourtant. Si je partais du principe que tu es de mauvaise foi, je dirais que tu pinailles, et que ta remarque est à peu près aussi intéressante que quelqu'une qui me ferait remarquer que j'ai oublié un "s" à la fin d'un mot, ou que j'ai écrit "est" au lieu de "et" : une remarque de forme, rien sur le fond.
Je crois que sur internet on dit
grammar nazi pour ce genre de remarque ?
Mais comme tu es sûrement de bonne foi
, je vais juste me dire que c'est qu'on s'est mal comprises, que je n'aurais pas dû penser qu'une aussi grossière exagération quand on parle d'attentats ("chiant") pouvait être prise au pied de la lettre.
Mea culpa, et heureusement que j'ai pas écrit qu'un attentat c'était "pas cool", qu'est-ce que ça aurait été.
J'ai raté un truc, Merah, les frères Kouachi, Coulibaly, ils sont pas nés en France?
Si. Tout comme pleins d'auteurs d'attentats d'extrême droite, mais comme les médias en parlent moins forcément. Par exemple deux femmes agressées au couteau à la Tour Eiffel, insultes racistes selon elles, et
Le Monde qui dit quoi ? "Deux femmes poignardées, un chien non attaché et des insultes racistes".
Puisque tu aimes le beau langage, j'ai envie de dire, suivant Molière "Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont mises !"
Du coup j'ai pas compris le principe, tu veux que je me lance dans une liste des attentats commis en France par l'extrême droite ? Les
Algériens noyés en 61
par la police sur ordre de Papon, du coup, ça compte comme "attentat" d'extrême droite, ou faut que ça rentre dans la définition médiatique et orientée par notre système raciste ? 200 morts quand même, pour les pires estimations.
Les policiers qui ont des
logos nazis sur leurs uniformes officiels, du coup, attentat d'extrême droite ou pas si ils commettent des violences policières ?
Et la Suède, l'Autriche, le Mozambique, ils ont colonisé / sont actuellement en opérations militaires dans quels pays pour se prendre un attentat sur leur sol?
Si le problème c'est unilatéralement la colonisation et les interventions militaires de la France, pourquoi alors un jeune pakistanais (colonisation britannique) et un jeune tchétchène (colonisation russe) ont choisi cette année de faire chacun un attentat en...France, en blessant / assassinant... des personnes liées à la question des caricatures du Prophète? Le rapport avec les drones français il est pas des masses évidents là...
Le terrorisme islamiste a des causes complexes et multifactorielles (dont en partie les dictatures "amies" de la France, mais c'est loin d'être résumable à cela), je ne suis pas sûre qu'une interprétation aussi simpliste de la question des attentats islamistes aide vraiment à comprendre les enjeux de la question et à faire qu'elle soit mieux traitée tant médiatiquement que politiquement
(Pour essayer de mieux comprendre le sujet du djihadisme, je trouve
le blog d'Abou Djafar / Jacques Raillane très intéressant).
Mon message serait "simpliste" ? Tu penses que le tien est plus complet ? Dans ce cas, où parles-tu du lien entre, tiens donc, les milieux d'extrême droite et le terrorisme islamique ? Puisque tu parles de Coulibaly, tu pourrais aussi dire, pour éviter de trop simplifier, bien sûr, que les armes de Coulibaly lui ont été fournies par...oh wait, l'extrême droite,
Claude Hermant, une figure des identitaires de Lille.
Perso je voulais rester sur le contexte français, pour pas fausser le débat en parlant du contexte international, vu que
@FraiseDeGrouchy parlait de la France. Mais puisque tu mets le sujet sur le tapis, ça tombe bien, les attentats d'extrême droite sont un problème qu'on retrouve partout en Occident :
- c
arte uniquement pour l'Europe, en
5 ans le problème a triplé.
- les USA, leur première menace aujourd'hui, c'est...
tiens, le terrorisme d'extrême droite.
Au final je trouve que ce fil de comms illustre bien certaines critiques contre "la gauche" / "l'extrème-gauche" à propos du traitement que des gens s'en revendiquant peuvent en faire : je vois souvent passer des accusations de minimisation du problème du djihadisme (en France comme dans le monde), quand on lit certains discours on est tenté de dire que y'a une part de vérité dedans
Ce qui paradoxalement sert à nourrir l'extrème-droite (en plus de nourrir le djihadisme). A croire qu'il n'y aurait que le choix entre parler uniquement de manière raciste et islamophobe de ce sujet ou n'en parler que pour le minimiser... à quand une
troisième voie, où l'extrémisme comme le racisme est combattu?
Tu sais qui aime bien les "troisièmes voies" (j'ai mis ton message en gras) ? Les fascistes. C'est exactement le mot "
troisième voie" qui est utilisé par le
mouvement fasciste de
Serge Ayoub. C'est marrant, comme coïncidence ? Mais je suis sûre que c'est un hasard malheureux, certainement. Je suis convaincue de ta bonne foi. Je me suis toujours dit que tes messages qui relativisaient l'extrêmisme de droite étaient douteux.
Mais là, j'avoue que mes doutes se renforcent un peu plus.
Tiens, je te conseille cet article du
Monde Diplo, sur la théorie qui relativise l'extrême droite, en faisant comme si vouloir tuer des Noirs et des Arabes c'était la même chose que vouloir empêcher les racistes de tuer les Noirs et les Arabes :
"la théorie de la « convergence des extrêmes » renforce sa légitimité universitaire. En 2015-2016, l’Institut d’études politiques de Paris proposait par exemple à ses étudiants un cours intitulé « Penser la politique dans ses extrêmes ». Son objectif ?
« Mieux appréhender l’extrémisme de droite et de gauche », afin de
« dégager les dimensions communes aux extrémismes ». Dans la deuxième partie du cours, intitulée « Les points de convergence », une séance s’attarde sur le thème « Complot et vision antagonique du monde » : il s’agit de comparer des textes de M. Jean-Marie Le Pen et de Lutte ouvrière. Une autre se penche sur « l’europhobie et l’antimondialisation » supposément communes aux extrêmes. Ce type d’enseignement s’inscrit dans la droite ligne de la thèse chère au politologue Pascal Perrineau — mais contestée dans le monde universitaire — du « gaucho-lepénisme », selon laquelle les anciens électeurs communistes, principalement définis par leur absence de ressources économiques et culturelles, seraient spontanément séduits par la simplicité du discours frontiste et nourriraient donc l’essor du FN.
Depuis une vingtaine d’années, l’idée que les extrêmes se rejoignent a fini par s’imposer comme un lieu commun, accommodé à toutes les sauces, de la vie politique française"
"Sauf que, au petit jeu des rapprochements, on pourrait également trouver bien des points communs entre les « libéraux » Angela Merkel et Emmanuel Macron et les « illibéraux » Matteo Salvini et Viktor Orbán : tous célèbrent la propriété privée et la classe moyenne, rêvent de diminuer impôts et cotisations sociales, d’« assouplir » le droit du travail, de contrôler les « assistés » ou encore d’encadrer davantage le droit de grève. Mais l’idée de pointer ces similitudes n’est pas très courante dans les discours officiels et dans les médias. Et elle ne fait pas l’objet d’un cours à Sciences Po".
Sinon, moins intello, tu as
Existential comics : "Centrists are like: "extremism is dangerous on both sides, that's why I support the moderate, reasonable, non-extreme system where like 12 dudes own half the world.""
(les centristes disent : "l'extrêmisme est dangereux des deux côtés, c'est pourquoi je supporte le modéré, raisonnable, surtout pas extrême système où douze mecs sont propriétaires de la moitié du monde")