Les critiques de l'usage des définitions dans ce topic ciblent plutôt le deuxième cas de figure, puisqu'en l'occurrence, la question était "Les femmes trans sont-elles des femmes ?", avec d'un côté une personne qui disait que non et de l'autre une personne qui disait que oui. Vu que le désaccord porte sur la définition, on peut pas se mettre d'accord sur la définition d'abord et débattre ensuite. Invoquer la définition du dictionnaire, ça revient à utiliser un argument d'autorité ("ma définition est la bonne parce que le dico l'a dit"), alors qu'on sait que le dictionnaire n'est pas là pour prescrire mais pour décrire les usages des mots, et que ses définitions évoluent quand les usages évoluent.
Après, le travail de définition des termes peut aller au-delà d'une référence au dictionnaire. Avant de discuter d'un sujet, à savoir si un trans peut être une femme ou non comme ici, il faut se mettre d'accord sur les termes ("femme", peut-être aussi "trans" également) pour voir non pas qui a raison d'après le dictionnaire, mais qui dit quoi d'après sa propre définition (pourquoi pas inspirée ou totalement identique à celle du dico) de ces termes.
Et c'est là que la confrontation peut avoir lieu : tu définis les femmes ainsi, et moi de cette manière ? Eh bien expliquons-nous pourquoi nous avons des définitions différentes et ne donnons pas le même sens à cette notion. Et si la seule raison est "c'est ce que dit le dictionnaire", peut-être est-ce qu'il y a matière à creuser pour voir si on peut se replacer dans un contexte où la sémantique n'est pas une vérité générale et peut être amenée à évoluer.
Du coup, c'est toujours important de définir les termes, si. Et je pense aussi que c'est pertinent de savoir ce qu'en dit le dictionnaire (comme reflet d'une mentalité qui est transmise à plus grande échelle qu'une autre définition, et comme base de ce qui doit oui (ou non) évoluer). Ce qui est moins pertinent, c'est de forcément se ranger derrière la définition du dictionnaire, quel que soit le débat, et sans émettre d'avis à son propos (est-on d'accord avec elle ?), en la présentant donc comme une vérité qui façonne notre vision du monde unilatéralement et avec prédominance sur ce qu'il nous paraît être. Il est clair que la langue a une incidence sur notre vision des choses... mais notre vision des choses l'influence en retour, et il ne faudrait pas l'oublier.