Alors effectivement, les assos ne les "excluent" pas sur le papier, mais Marlène Schiappa elle-même avait constaté qu'un certain nombre d'associations avait pour ordre de refuser les hommes et avait elle-même dit que c'était un problème.j'ai l'impression que tu dis que les assos ou numéros verts excluent les hommes alors que c'est faux.
- L'autre chose qui joue également est que ce n'est pas explicitement dit que les hommes peuvent appeler, et donc les hommes victimes se découragent d'avance d'appeler car ils vont se dire que ce n'est pas pour eux, ou qu'ils vont être rejetés (ou s'entendre dire que "ils sont insignifiants" comme certaines personnes aiment le dire). Il faut bien comprendre que les victimes sont dans un état psychologique très fragile et qu'elles n'ont pas envie de prendre le risque d'être rejetées. Le simple fait qu'il n'est pas mentionné que les minorités peuvent aussi appeler est assez décourageant pour ces dernières (et c'est compréhensible).
- J'avoue être un peu surprise de la statistiques de Viols Femmes Infos (notamment parce que d'après les statistiques officielles, il n'y aurait que 2% d'hommes violés). Après il faudrait voir qui appelle (si c'est 9% d'hommes ou s'il y a aussi des tiers qui appellent pour parler des victimes).
Personnellement j'avais la statistique de 3919 qui disait que sur 53255 appels en 2018, "Dans 98 % des appels passés, la victime est une femme et l’auteur des violences est un homme" (statistique assez régulière vu que j'avais eu la même il y a quelques années), ce qui tend à penser que chez eux, il y a moins d'hommes qui appellent que de femmes, en proportion au pourcentage officiel de victimes.
Et que donc un numéro dédié aux minorités - comme par exemple il y en a dans les pays nordiques - pourrait être un peu plus efficace, de mon point de vue (il y aurait moins cette crainte d'être rejeté en appelant).
- Il faudrait connaître le niveau de satisfaction des victimes portant sur l'aide apportée par ces permanences. J'avais lu une stat aux USA qui disait que 30% des appelants hommes était satisfaits de l'aide apportée, contre 90% de femmes, mais je ne retrouve plus la source, et de toute façon je suis assez d'accord que c'est assez vague comme stat, mais ça pointerait tout de même une tendance que les hommes sont peu/pas ou mal écoutés par celleux qui seraient censé.e.s les aider...
Il faudrait faire ce genre d'enquête de satisfaction en France, je serais intéressée de savoir.
Donc je nuancerais également mon propos en disant que effectivement, les assos ne refusent pas officiellement les minorités victimes, mais pour moi c'est quand-même clair que l'aide apportée pourrait être bien meilleure, et que beaucoup de minorités victimes se sentent abandonnées.
L'aide apportée dans d'autres pays, notamment les pays anglosaxons (usa, canada, scandinavie, angleterre, allemagne), est plus développée chez eux pour ces minorités.
J'en parle plus haut : les concernés ont énormément de mal à être écoutés, leurs assos ne sont pas ou très peu financées et finissent par couler, la plupart des assos d'hommes sont classées comme étant mascu (à tort ou à raison) ce qui va décourager les victimes d'y aller car elles n'ont pas envie qu'on fasse l'amalgame, et elles se retrouvent donc seules.Même s'il est primordial que certaines associations soient ouvertes à tout le monde, j''avoue que je suis de l'école qui pense que ce sont principalement les concernés qui doivent s'emparer de ces questions-là car je pars du principe qu'ils sont plus légitimes que moi.
Quant aux assos lgbt, elles ont aussi énormément de mal à être écoutées sur cette question.
Les recherches sur ces minorités sont souvent découragées (tous.tes les chercheur.ses que j'avais contacté.e.s m'ont dit qu'elles avaient eu de grosses difficultés à faire accepter leur sujet et fortement incité.e.s à changer de sujet, certaines n'avaient pas eu de financement, d'autres ont du laisser tomber - tout ça parce que "ce sont des victimes minoritaires").
Et au niveau national/politique, le message reste le même envers ces minorités : "vous êtes minoritaires donc on ne parlera pas de vous", comme je le disais avec l'asso gay qui avait demandé à ce qu'on parle un peu de leur situation l'été dernier et qu'on a refusé.
Et pour finir, dans notre société, les femmes sont considérées comme plus légitimes que les hommes à parler de ces violences à cause des archétypes (on acceptera plus facilement qu'une femme soit victime qu'un homme), donc ça joue aussi...
C'est vrai, et Marlène Schiappa a un peu évoqué le sujet dans certaines émissions télévisées, mais actuellement, toutes ne sont pas aussi bienveillantes qu'ici sur le sujet, et à ma connaissance, Madz est actuellement le seul endroit féministe où on écrive des articles sur des minorités victimes.J'ai même envie de dire que le milieu fem est l'un des premier à en parler
Si je mets cette statistique en avant, c'est pour bien faire comprendre que les victimes ne sont pas "un nombre insignifiant" ou "exceptionnelles" car c'est faux (et pour condamner que c'est aussi une manière de dire que ça n'a aucune importance et qu'il ne faut pas s'en préoccuper, dans la bouche de celleux qui le disent). Et que même si c'est clairement une minorité, ça reste tout de même préoccupant.Il ne faut pas tomber dans une hierarchie et une "sur-statification de la société en mettant en avant les 80 000 vs les 200 000 (je sais plus combien) Cela amène vers une guerre de non-sens au final car, on peut toujours trouver des chiffres supérieurs pour justifier un "désintérêt"
Pour la suite de ton message, je suis d'accord.
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