L'intersectionnalité, c'est, pour moi, quand tu additionnes les tendances générales pour comprendre le cas d'un individu en particulier.
Justement c'est pas cette vision que je trouve très réductrice de l'intersectionnalité qui fait qu'ici il y a des problèmes de compréhension sur le sujet?
L'intersectionnalité c'est pas sensé être uniquement vu en terme d'addition des oppressions, mais en terme d'interactions entre les oppressions.
En gros pour l'intersectionnalité y'a plein d'axes d'oppressions différents (racisme, classisme, sexisme, etc) et on est tous positionnés à un instant T sur ces axes, certains cumulant plusieurs oppressions.
Mais du coup indiquer un cumul d'oppression (par exemple sexisme + homophobie + racisme) ne veut rien dire, par exemple, du rapport à la personne au handicap, à la neuroatypie ou au classisme, par exemple.
On peut très bien être opprimé sur certains points et oppresseurs sur d'autres, c'est rarement tout noir ou tout blanc (même si c'est plus "confortable" pour certain.e.s de mettre en avant son cumul d'oppressions pour éviter de se poser des questions sur sa propre position dominantes sur d'autres axes d'oppressions).
C'est dans ce sens qu'il faut je pense prendre les exemples personnels de
@Orfath et qu'il peut y avoir une "limite" aux stats : se limiter uniquement à la question du sexisme dans le cas des violences conjugales sans en aborder d'autres, qui peuvent avoir des conséquences importantes sur les victimes (par exemple la questions des moyens financiers et du handicap dans le cas des violences conjugales, ce sont des facteurs généralement identifiés comme "à risque"), ça peut être vu comme limitant.
Au delà de ça la problématique qui est amenée en parallèle c'est il me semble celle de la position des hommes au sein de leur propre groupe de dominants : en lien avec d'autres oppressions bien sûr, mais même dans un axe de genre (sexisme) tous les hommes ne sont pas logés à la même enseigne dans le groupe "homme". Certains vont être attaqués pour leur soi-disant "manque de virilité" (lien avec l'homophobie, que l'homosexualité soit réelle ou supposée, la faiblesse étant associée aux femmes et donc aux hommes homosexuels) et on peut construire un axe propre au sein de la catégorie "hommes" sur ces questions-là.
Ca veut pas dire que cet axe est pertinent à analyser dans tous les contextes mais dans celui des violences conjugales touchant les hommes, il le peut. Car dans les interactions des victimes de violences conjugales hommes avec la société, il n'y a pas que les femmes (où effectivement sur le plan du sexisme ils restent dominants), il y a aussi... les autres hommes.
On peut dire que ce n'est pas aux femmes de s'en occuper (c'est la position d'une partie des féministes) mais je pense qu'on a rien à gagner (notamment en terme d'empathie...) à ramener une problèmatique débordant de la question du sexisme (que ce soit par le biais des autres oppressions qui peuvent entrer en jeu dans le contexte des violences conjugales, avec l'intersectionnalité, ou au sein des propres dynamiques toxiques qu'il peut y avoir entre hommes sur la question de la masculinité / virilité) uniquement à une dynamique hommes oppresseurs / femmes opprimées.
TL;DR : l'intersectionalité c'est complexe, à l'image des interactions et des dynamiques d'oppression au sein de la société