@A Kane Sa position est la suivante: il ne peut y avoir de respect de la présomption d'innocence dans les cas d'agressions sexuelles dans une société patriarcale. Or, Angèle considère que la société est patriarcale. Par conséquent, Angèle est, en tout cas actuellement, opposée à la présomption d'innocence.
Je comprends ce que tu veux dire par l’allègement de la charge de la preuve mais là il faut être concret. On est dans une situation compliquée à cause des deux faits suivants:
1) La présomption d'innocence s'applique: nul ne peut être condamné si la preuve de sa culpabilité n'est pas établie. La charge de la preuve incombe à l'accusation.
2) Une agression sexuelle est très compliquée à démontrer.
Avec ces deux faits, on comprend pourquoi peu d'agresseurs sexuels sont condamnés, la colère générée chez les victimes qui n'obtiennent pas justice et, par voie de conséquence, la dénonciation de plus en plus fort dans les milieux militants du principe de la présomption d'innocence.
Si on caricature (un peu), on a aujourd'hui deux solutions qui sont proposées:
- Abolir la présomption d'innocence et instaurer une présomption de culpabilité. Le souci, c'est que, s'il est difficile de démontrer une agression sexuelle, il peut être impossible de démontrer une absence d'agression sexuelle. On imagine donc les conséquences de l'existence d'une présomption de culpabilité.
- Faciliter les moyens de preuve. Aujourd'hui, à ma connaissance, les seules propositions sont celles dites "ultra-sécuritaire", par exemple avoir recours aux caméras de surveillance partout (y compris dans les lieux privés).
Personnellement, je n'adhère à aucune de ces solutions et je pense que le problème ne sera jamais résolu d'un point de vue juridique. On peut améliorer les choses, par exemple en communicant sur l'opportunité de porter plainte rapidement. Mais la seule solution viable sur le long-terme reste l'éducation.
En attendant, la solution actuelle qui consiste à transformer les réseaux sociaux en tribunaux populaires, à appliquer le harcèlement systématique, à condamner sans respecter le droit de l'accusé de se défendre, me semble dangereuse. Quand tu compares ce que fait Angèle avec ce qu'on fait ici, je ne partage pas ton opinion. Angèle est une personnalité publique, elle peut appliquer des "peines" comme générer du harcèlement par le biais de ses soutiens, détruire la vie privée d'une personne ou l'atteindre commercialement et économiquement. Personne sur ce forum n'a ces pouvoirs.
@Sadala J'ai bien lu ce qu'a écrit Angèle et je n'en ai pas la même lecture que toi. Son message est le suivant:
Juste une petite mise au point pour les partisans fervents de la présomption d’innocence : elle serait légitime dans un système où la justice ferait son travail, prendrait les plaintes des victimes, et où le patriarcat n’existerait pas. Est-ce que c’est le cas ? Non.
Angèle dit donc que la présomption d'innocence serait légitime si certaines conditions sont réunies. En l’occurrence, les conditions sont que la justice fasse son travail, que les plaintes des victimes soient prises et que le patriarcat n'existe pas. Or, Angèle considère que ces conditions ne sont pas réunies. Elle estime par conséquent que la présomption d'innocence n'est pas légitime. Selon moi, ça signifie que, tant que les conditions qu'elle mentionne ne sont pas réunies, elle est contre la présomption d'innocence.