Arrêtez d’avoir peur de l’écriture inclusive (qui ne se résume pas au point médian)

[Chat-au-Chocolat]

Perso j’utilise le point médian (que je trouve plus léger que les parenthèses, genre « les étudiant.es » ça passe mieux pour moi que « les étudiant(e)s ») mais je reconnais que l’écriture inclusive, poussée à son paroxysme, peut vite être indigeste (les « x » partout, les horribles néologismes comme « iels », « les gentes » ). Néanmoins il y a beaucoup de manières de rendre la langue plus inclusive, en utilisant par exemple l’accord de majorité, en employant des mots épicènes comme « les personnes », en cessant de tout genrer au masculin par défaut (et je ne parle même pas d’utiliser la forme féminine pour les métiers, car cela relève pour moi de l’évidence)... C’est une simple question de volonté.

Mais, et on le voit bien avec certains commentaires ouin-ouin de gens qui semblent s’être perdus sur Madmoizelle, c’est justement là où le bât blesse. L’égalité hommes-femmes, puisque c’est de ça dont il s’agit, braque encore les gens. Faut pas se leurrer, en France, on a 5 trains de retard sur ce sujet. Il va falloir beeeeeaucoup de temps pour que les mentalités changent, c’est assez laborieux.

Comme le disait un commentaire précédent (désolée j’ai oublié le pseudo...), il y a dans ces résistances plus une volonté de garder notre bon vieux modèle social qu’un refus pur et dur de voir la structure de la langue évoluer. Et il suffit que les fachos s’emparent de la question du point médian, en appauvrissant complètement le débat (et en oubliant ce qu’est réellement l’écriture inclusive, si tant est qu’ils l’aient jamais su), pour que les crispations s’intensifient encore plus.

 

[jorda]

petit rappel au passage, comme dit plus haut, le gouvernement avait écrit (EDIT= recommandé) un guide d'écriture inclusive, je vous mets le lien de téléchargement pour les intéressé.e.s.

https://www.motscles.net/ecriture-inclusive

 

[Nastja]

@jorda
Je viens de voir que je connaissais un membre en parcourant la section "Qui sommes-nous?"

Par contre je ne vois nulle part que c'est un site du gouvernement, même pas dans les mentions légales. Ça semble être une agence de communication et relations publiques qui utilise le même style graphique que le site de la mairie de Paris.

 

[jorda]

@Nastja en fait c'est le gouvernement qui le recommande (je m'étais trompée, il l'a recommandé; pas écrit)

MANUEL D’ÉCRITURE INCLUSIVE

Vous aussi, faites comme moi et votez pour une initiative en faveur de la lutte contre le sexisme !

www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr

 

[pliploup]

On en parle de toutes nos réponses de cette discussion où on parle de point médian tout en mettant un point normal dans nos exemples?
Parce que oui, nos discussions sur la langue française, elles se font beaucoup plus sur ordinateur que par manuscrit, et tout le monde ne sait connaît pas les raccourcis claviers pour les caractères spéciaux.
De par mon boulot, je connais tous ceux pour les ponctuations insécables et les diacritiques, mais le point médian, j'ai dû le chercher (je sais que quelqu'un sur le forum l'a dans sa signature, mais ça aurait été chercher une aiguille dans une botte de foin haha).

Donc, pour écrire avec le point médian (ce qui présuppose déjà un certain éveil au féminisme et à ses thématiques):
- il faut déjà savoir qu'on peut rentrer des caractères spéciaux au clavier, et non pas forcément passer par un traitement de texte et son répertoire de caractères spéciaux - qui d'ailleurs, s'ils s'affichent dans le traitement de texte en question, ne s'afficheront pas forcément une fois transposés dans une autre interface.
- il faut savoir/prendre le temps de chercher le bon code
Pour info, la page wiki sur la saisie clavier du code, c'est ça:

- il faut savoir quelle option convient - si on n'y connaît rien et qu'on connaît juste le système d'exploitation et le type de clavier, il faudra tenter sa chance avec l'une des options et voir si ça marche.
- si on est sur un ordi portable/clavier sans pavé numérique, il faut savoir qu'il faut faire fn+alt+code numérique. Et ça ne marche pas sur tous les claviers.
- si ça ne marche pas, on doit chercher une liste de caractères spéciaux et copier/coller le caractère, en passant souvent par une mise au bon format.

Bref, l'utilisation du point médian, ça présuppose un vrai alphabétisme informatique, et si les personnes qui savent entrer le symbole ne le font pas, c'est peut-être parce que ça prend du temps, et que si le point médian ne facilite donc pas la lecture, il ne facilite pas forcément l'écriture.

J'entends tout à fait que cela nous force aussi à nous poser, à repenser les accords, mais on peut aussi comprendre que passer la moitié de son temps à taper le code du symbole ou à faire du ctrl+v soit aussi un peu décourageant pour certaines personnes (Je précise ici que je ne critique en rien les personnes qui utilisent le point normal, et je ne dis en aucun cas qu'il s'agit de flemme - je veux juste dire que le point médian, c'est pas le truc le plus instinctif du monde, et ça demande de vouloir prendre le temps, de s'habituer à un raccourci clavier, de savoir qu'il sera affiché sur l'interface dans laquelle on écrit.)
D'où l'utilisation du point normal comme compromis, ce qui ne contribue pas à démocratiser le point médian/l'harmonisation graphique.


Donc, comme certains commentaires ici, j'envisage le point médian comme un moyen de réfléchir et de faire réfléchir à la langue, à son utilisation et à ce qu'elle véhicule. Je vois ça comme un outil théorique pour démontrer un fait.
Comme outil pratique, je trouve qu'il entrave trop la lecture, trop l'écriture, et qu'il présuppose trop de choses (aucun handicap visuel ou cognitif, bonne maîtrise de la langue, alphabétisation numérique) pour être inclusif justement. Il est inclusif dans les genres qu'il souhaite représenter, mais il n'est pas inclusif dans sa cible. Et c'est dommage.

 

[jorda]

je sais que quelqu'un sur le forum l'a dans sa signature, mais ça aurait été chercher une aiguille dans une botte de foin haha

Moi
Après, j'avoue que je n'utilise que très peu, je mets un point normal à la place, ça va beaucoup plus vite et la compréhension est la même. (Notamment parce qu'en français, le point final est séparé par un espace insécable, donc on peut facilement faire la différence entre le point final et le point qui tient lieu de point médian).
Après on peut aussi attribuer un raccourci dans word à ce symbole, mais bon ça sera uniquement pour Word...

EDIT :

Il est inclusif dans les genres qu'il souhaite représenter, mais il n'est pas inclusif dans sa cible. Et c'est dommage.

Il faudrait effectivement trouver une solution pour alléger au maximum l'écriture inclusive...

 

[pliploup]

@jorda: je ne comprends pas très bien ta référence au point final séparé d'une espace insécable. Il suit directement la dernière lettre de la phrase, et l'espace qui le suit n'est pas une insécable puisqu'elle permet un renvoi à la ligne du mot suivant le point final s'il se situe en fin de ligne - à moins d'entrer soi-même une insécable manuellement.
Hormis ce point que je trouve pas très clair, il faudrait justement que le groupement de terminaisons soit insécable pour l'écriture inclusive, ça faciliterait un peu la lecture si un terme se retrouve en fin de ligne et voit un bout de ses terminaisons renvoyées à la ligne suivante. Avec une insécable c'est le mot entier et ses terminaisons qui sont renvoyés à la ligne. Il me semble que le point médian l'est (lu dans l'article je crois), mais on rejoint mon précédent post.

En tout cas, merci de participer à l'alphabétisation informatique dans ta signature

 

[jorda]

et l'espace qui le suit n'est pas une insécable puisqu'elle permet un retour à la ligne - à moins d'entrer soi-même une insécable manuellement.

Ce que je voulais dire c'est qu'il y a toujours un espace entre le point final et la majuscule de la phrase suivante.
Il n'y a donc pas de risque de confondre le point qu'on met à la place du point médian (qui lui sera collé aux autres lettres), et le point final (qui lui sera toujours séparé par un espace, ou bien annoncera effectivement le retour à la ligne).

 

[Sadala]

J'avoue que je suis perplexe par cette crainte d'une éventuelle obligation. Je pense que c'est fortement surestimer l'avancée de notre société sur ces questions. Je veux dire : en France, rien que pour l'accord du féminin, on en est encore à :
- Pharmacienne c'est la femme du pharmacien d'abord !
- Nan mais "autrice" (ou autre nom de métier féminisé) c'est trop laid quoi...
- Vous allez trop loin les féministes...
- et sage HOMME alors ? ah ah ah LOL.
- NOVLANG !
- Notre si belle langue se perd....
- Les féminazis veulent interdire le mademoiselle !

etc. etc. etc. Partant de là, cette crainte apparaît plutôt comme de la science fiction Finkeulkrautienne...

Dans les cercles militants, l'usage de l'inclusif est beaucoup plus répandu, mais j'ai jamais vu quelqu'un être mis en tort pour écrire de manière classique ?
Pourtant des discordes sur des questions de principes entre militants, il peut y en avoir... même beaucoup .
Mais sur ce sujet là ?
De toute manière, l’écriture inclusive est clairement en cours de construction et n'a pas de règles fixes. Chacun semble faire sa petite tambouille. La preuve avec cette nouveauté du point médian.
Dans ce contexte là, difficile d'imposer quoi que ce soit....

A mon humble avis, je pense que l'inclusif et les changements sociaux influenceront le français, mais difficile de savoir en quoi aujourd'hui, et peut être pas forcément de la manière dont les militants l'ont pensé. Sur le long terme, c'est l'usage qui figera et fixera les règles, comme à chaque fois dans la linguistique.

 

[Astipalaya]

@Patate dorée j'avais lu le texte que tu viens de citer, et je me demande si justement mettre des points médians à toutes les sauces puis bricoler des logiciels qui les supprime, rajouter des lignes de codes pour les logiciels de lecture orale, adapter les polices pour les personnes dyslexique et donc conclure que ça va, on peut utiliser le point médian car on a trouvé pleins de solutions pour qu'il ne pose plus problème, ce n'est pas un peu aborder le sujet par le mauvais angles. Honnêtement presque à chaque fois que j'en vois utilisé à ne plus savoir qu'en faire, dans 95% des cas une formulation différentes permet de les éviter. Je pense vraiment que la parcimonie est de mise quand on parle du point médian et ce pour tout le monde, je n'ai pas de problème de dys, mais je suis TDAH (aucune idée de si ça joue dans le problème ou pas) et dès qu'il y en a beaucoup je ne lis pas les phrases concernées, surtout quand c'est pour un mot ou le féminin varie beaucoup du masculin.

 

[FraiseDeGrouchy]

@PetitePaille Je trouve ta remarque intéressante parce qu'elle permet de relativiser l'argument qui consiste à dire que l'écriture épicène est désormais une pratique répandue et, donc, que l'Académie Française devrait s'y soumettre.

Ça illustre assez bien l'entre-soi qui existe dans les milieux féministes. On lit de plus en plus de féministes faire des remarques méprisantes (et faire preuve d'âgismes, ce qui est assez ironique) à l'égard des membres de l'Académie Française qui seraient de "vieux croûtons" et des "fachos réactionnaires misogynes" (on connait la ribambelle d'insultes à l'encontre de ceux qui ont l'outrecuidance de ne pas penser la même chose, ne serait-ce que l'article que nous commentons).

Or la pratique, justement, quelle est-elle réellement? Faisons un référendum, interrogeons les français sur leur pratique du français à l'écrit et sur l'utilisation du point médian. Cela permettra de dégager une majorité et de voir quelle est la pratique. Si une majorité de français se prononcent en faveur de l'écriture épicène, alors on pourra dire que la pratique va dans le sens de l'utilisation du point médian et il y aura enfin un élément tangible permettant de dire que l'écriture épicène doit être adoptée. Mais dans le cas contraire, il faudra que les militantes féministes soutenant l'écriture épicène acceptent que ce qu'elles présentent comme une pratique qui doit "bien évidemment" être acceptée et constituer la règle, n'est la pratique que d'une minorité et n'a donc pas de légitimité à être prise en considération par l'Académie Française.

Parce que, honnêtement, je trouve fatiguant de lire des gens expliquer que la langue doit évoluer dans le sens qu'ils souhaitent parce que ce serait désormais la "pratique" alors que ce n'est pas le cas.

 

[Ginnouip]

Un peu hors sujet des messages au dessus mais je tiens à préciser que l'écriture inclusive (point médian ou autre moyen) est utilisée par des personnes non-binaires (bonjour). Messieurs et Mesdames c'est pas inclusif des personnes non-binaires. Parler uniquement d'égalité homme-femme invisibilise totalement les personnes non-binaires. Dans le féminisme en général les personnes enby sont totalement effacées alors qu'elles souffrent parfois des mêmes injustices : on m'insulte toujours dans la rue, je suis aussi victime d'harcèlement sexuel, etc parce qu'on me voit en tant que femme dans la rue alors que je n'en suis pas une. Voir notre souffrance et nos difficultés représentées nul part, c'est violent et douloureux.