@TooBtooC Je crois que
@Aalia est sur un terrain moral quand tu es sur un terrain purement légal. Oui c'est legal "d'employer" des auto entrepreneurs est ce moral? Perso je ne crois pas dans les conditions dont on parle. Justement grâce à tous les éléments que tu cites, je sais que c'est une pratique répandue dans ces domaines mais je sais aussi que les "auto entrepreneurs/employés" en chient souvent. Ca reste des conditions de travail précaires, une insécurité financière et des conditions difficiles à vivre. Et oui on peut refuser un contrat mais c'est plus compliqué de refuser de payer son loyer ou de manger, l'argent c'est pas de l'argent de poche pour beaucoup de gens, c'est vital. Dans tes messages, on a l'impression de vivre dans un monde ou employés et employeurs sont sur le même plan, sauf que non y'en a un qui commande et l'autre qui perd son salaire s'il refuse d'obéir. Et le statut d'auto entrepreneur c'est aussi moins de charges à payer par l'employeur, mon curseur perso ne trouve pas ca très cool moralement non plus.
Malheureusement, bien souvent, les préférences du salarié ne sont pas prises en compte.
Ok, je comprends mieux maintenant, merci.
Pour l'auto entrepreneuriat, j'en parlais en connaissance de cause, puisque je l'ai moi-même été pendant un an, et mon mari a démissionné d'un CDI pour passer en auto entrepreneur depuis 2 ans (OUI, papa et maman et consorts, il a DEMISSIONNE D'UN CDI! Ouh la la! (attention, je ne me moque pas de ceux qui n'ont pas le choix de garder leur CDI, mais de ce que cela a pu provoquer comme réactions. Pour la génération précédente, dans notre monde actuel, il semble que cela soit très punky (au mieux), voire intolérable, de démissionner d'un CDI. Personnellement, cela m'a fait méditer sur le "monde du travail", mais c'est un autre sujet)).
Alors c'est pas facile tous les jours, c'est sûr. Nos chers amis du RSI, les difficultés à payer le loyer à temps, le découragement quand on n'a pas de contrats et qu'on ne sait donc pas ce qu'on va avoir comme revenus 15 jours à l'avance, nos factures que l'on ne nous paye pas ou un an après alors qu'en attendant on les a déclarées et qu'on a payé les charges dessus, l'obligation d'accepter un peu tout pour rentrer de l'argent... je connais très bien, car c'est mon quotidien. C'est un choix que l'on a fait, et que l'on n'a jamais regretté malgré la précarité, l'insécurité financière, l'instabilité personnelle, et la terrible organisation qu'il faut mettre en place pour s'en sortir et payer les factures.
Par contre, ce que cela nous a apporté n'a pas de prix : en auto entrepreneur, on n'a plus de patrons, on n'est plus employé. On a des clients, et nous mêmes sommes prestataires ou fournisseurs. Et bien, personnellement, ça a complètement changé notre vie et nous a apporté une liberté incomparable, même si le prix à payer en est des conditions précaires (on envisage de déménager... Imaginez la tête des proprios si on se pointe sans bulletins de salaire. No comment).
C'est pour cela que j'avais du mal à comprendre, car pour moi, avec ce statut, le lien de subordination "employeur/employé" disparaît, et apparaît aussi la notion de collaborateurs, beaucoup plus cool à vivre je trouve. Et c'est beaucoup plus facile pour nous de négocier nos tarifs de prestations que nos salaires, allez savoir pourquoi.
Maintenant, je peux comprendre qu'un flou existe dans certaines situations et que l'on se retrouve "auto entrepreneur/employé". Ce flou ne devrait pas exister, il devrait être clair pour chacune des parties de connaître, avant toute collaboration de travail, les droits et obligations de l'une et de l'autre. Et je vais peut-être paraître un peu dure, mais se renseigner sur ces/ses droits, comme je le disais, appartient aussi à l'auto entrepreneur, justement pour éviter qu'il y ait confusion et qu'il se croit employé par exemple. Ce statut n'est pas aussi facile à comprendre que certains voudraient bien nous le faire croire, mais si l'on s'y penche attentivement, on peut tout à fait en saisir les droits et obligations, et décider si cela correspond ou non avec nos valeurs et critères moraux. Si on ne se renseigne pas, on ne risque pas de le savoir, et le client n'a pas forcément vocation à nous expliquer ce que c'est.
Donc, je ne dirais jamais "bien fait pour toi t'avais qu'à regarder avant", mais plutôt "attention, avant de t'engager dans quoique ce soit, dis que tu te renseignes, point, t'en as le droit voire même le devoir, pour te protéger" (oui, je parle beaucoup de "droits et de devoirs", il n'empêche, actuellement le monde du travail fonctionne majoritairement comme cela, même si cela ne me plaît pas forcément).
J'ai commencé à travailler en tant que jeune salariée, à 21 ans, avec des conditions inacceptables, comme bosser 60h payées 35h sans aucune possibilité de récupération, venir travailler les dimanches et jours fériés sous la pression du boss sans majoration de salaire, finir tous les jours à 22h en ayant commencé à 8h sans pause repas parce que quand même le patron il est super gentil et il nous apporte des glaces des fois, alors on va pas le décevoir, puis bon on m'a promue chef d'équipe à 22 ans alors je devrais m'estimer contente, etc etc etc etc.
Je connais très bien tout ça. Je sais aussi que grâce à cette expérience, où j'ai quand même tenu 4 ans sans oser demander aucune augmentation de salaire ni oser me plaindre réellement de mes conditions puisque à chaque fois que j'ouvrais la bouche on me disait que je faisais un foin pour rien et que je ne retrouverais jamais un travail si génial ailleurs (ahem ahem), bref, je sais que c'est grâce à cela que j'ai fixé mes curseurs persos sur les métiers que je NE VOUDRAIS PLUS JAMAIS FAIRE, et les conditions que je N'ACCEPTERAIS PLUS JAMAIS.
Et depuis, je m'y suis tenue, quitte à moi aussi démissionner de CDI et à me retrouver dans la merde, mais tout plutôt que le burn out que j'ai fait à 25 ans.
Par contre, je différencie totalement ça du harcèlement. J'ai moi-même subi du harcèlement moral et du harcèlement sexuel, et oui, pour ma part je trouve ça beaucoup plus grave et beaucoup plus difficile à vivre et à gérer que l'abus de pouvoir des patrons sur les conditions de travail.
Sur les conditions de travail, je me suis sentie prise pour une conne, abusée intellectuellement, qu'on avait profité de ma naiveté, et que j'avais été aussi bien bête de pas avoir mis un terme à tout cela avant (c'est mon ressenti), que ça me servirait de leçon, etc.
Avec les harcèlements moral et sexuel, j'ai "juste" eu l'horreur de vivre d'être un objet, une moins que rien, même pas une personne qui aurait le choix, juste subir et ne même plus me sentir humaine, une serpillère faite pour qu'on s'essuie les pieds dessus, ne plus être en capacité de reconnaître la souffrance de la situation ni d'en parler, et j'ai failli y laisser ma peau.
Pour moi, cela a encore des répercussions maintenant et me fait toujours souffrir dans mon corps et ma tête des années après.
Edit : Je n'arrive même pas à avoir la spontanéité de dire "j'ai été victime de harcèlement", je dis "j'ai subi du harcèlement", parce qu'à chaque fois que j'y repense ma tête repart des années en arrière.
Alors que les 60h par semaine payées 35h etc, concrètement maintenant c'est du passé je m'en fous, ça ne me fait plus rien ressentir, à part que ça m'a aidée à faire des choix de vie qui me correspondent mieux, donc tant mieux.
Voilà pourquoi je ne souhaitais pas que l'on mette tout dans le même sac. Pour moi il y a des degrés de gravité dans le type de faits.
(Les choses mises en gras, en couleurs etc sont juste là pour faciliter la lecture du pavé, pas pour indiquer un ton agressif
)