Je suis plongée dans
Les misérables, après un premier essai infructueux il y a quelques années. J'en suis à la troisième partie, autour de la page 800, soit... pas tout à fait la moitié
Hugo était fasciné par les cathédrales, en atteste
Notre-Dame... (Que j'ai également lu et beaucoup aimé), en voilà une littéraire. La lecture est laborieuse, l'histoire est prenante et c'est passionnant de se confronter directement, immédiatement à ces histoires qui hantent notre culture, à ces noms que nous connaissons tous vaguement, Cosette, Fantine... Néanmoins, les nombreuses digressions rendent la progression lente. L'excursus de 100 pages (!) sur la bataille de Waterloo a mis ma patience à rude épreuve... De plus, Hugo n'est pas l'auteur le plus modeste, il en fait des tonnes, constamment. Cependant, il a un génie et une plume incomparables, c'est littéralement monumental mais parfois (souvent), le style tourne à la caricature, Hugo se regarde écrire et se voit "faire du Hugo"
Ce roman reste une véritable somme, avec de nombreuses péripéties toutes plus rocambolesques les unes que les autres (mais c'est d'époque, Ponson du Terrail a écrit les
Rocambole dans les mêmes années), un souffle poétique caractéristique d'Hugo, qui ne lésine pas dans le sublime typiquement 19ème, un discours politique qui n'épargne aucun sujet, aucun thème, une peinture sociologique d'une ambition rare... Bref, du grand Victor Hugo, pour le meilleur et pour le pire. Il m'arrive de soupirer quand il en est à la cinquième remarque sur le titi parisien qui est à Paris ce que le vermisseau est à Dieu, sur le saint qui côtoie le forçat en l'homme et autres envolées sublimes et lyriques. Néanmoins, c'est extrêmement prenant et je saisis le moindre moment pour lire. C'est un roman totalitaire qui exige de son lecteur toute son attention et beaucoup de temps.
C'est toujours émouvant pour moi de me plonger dans ces immenses classiques, qui ne sont finalement plus tant lus que ça à part sous forme d'abrégés à l'école (qui allège le roman de tous les excursus et ne conserve que les passages narratifs étroitement liés à l'intrigue principale - je reconnais leur utilité mais ils retirent le "souffle" de l'œuvre pour ne laisser que l'histoire) Je le comprends, tout est daté, autant les références historiques et culturelles que le style. Du coup, c'est une vraie expérience de lecture, un peu comme quand on se lance dans
La recherche (Proust n'aimerait pas être comparé à Hugo
.) Je repense au fait que je n'avais pas réussi à le lire la première fois, certains livres me donnent l'impression de pouvoir être lus qu'à certains moments de notre vie.