April Wheeler;3697069 a dit :Du coup j'ai fait une pause et j'ai relu Antigone, d'Anouilh, c'est le seul bouquin en français qu'il y a ici. C'était chiant !!! Je me rappelle avoir dû l'étudier deux fois : en troisième, où toutes les gamines illettrées qui ne connaissaient rien d'autre avaient surkiffé, et en terminale, pour le comparer aux versions d'Antigone de Sophocle et de Brecht. Des trois c'est sans doute celle que j'avais aimé le moins ; celle de Brecht est plutôt cool, assez épurée. Anouilh, c'est hyper ampoulé, toutes ses métaphores m'ennuient (le feu, les braises, etc, bon, on a compris) et sa vision du mythe est hyper manichéenne. Pour mes cours de théâtre, c'était au programme, et j'avais écrit dans mon analyse qu'Antigone était une "petite conne" et une "fouteuse de merde", ce qui avait fait beaucoup rire les examinateurs (j'avais eu 18 ), parce qu'elle a des principes (soit, ok, pourquoi pas) mais elle n'a aucun scrupule à mettre tout le monde dans la merde alors que son pays sort d'une énorme crise. Autrement dit, elle n'est pas là pour apaiser, elle est là pour donner des leçons aux autres et jeter de l'huile sur le feu.
Bref. J'ai relu la version d'Anouilh, et entre l'écriture assez clichée et l'héroïne que j'avais envie de baffer, j'ai moyennement aimé.
Vu que je fais partie des filles illettrés qui ont surkiffé cette version d'Anouilh quand j'avais 15 ans ( bon, même si je l'ai pas étudié en cours), je me pose une question : qu'est ce que tu trouves manichéen dans cette vision du mythe ? Enfin moi justement, ce que j'avais vraiment apprécié - et ce que j'aime toujours, vu que c'est une pièce que je lis assez régulièrement , c'est qu'Antigone n'était pas une grande héroïne admirable, elle est un peu vaine, très égoïste et elle refuse de se laisser sauver et finit par mourir pour une cause qui n'en est même pas une. C'est une révolte sans cause, dans le fond. Et à côté de ça, Créon n'est pas le méchant parfait, il est celui qui est au manette parce qu'il faut bien quelqu'un, qui fait ça parce qu'il faut donner l'exemple et qui révèle que de Polynice et d'Eteocle, les deux n'étaient que de petits cons.
Et du coup, à mes yeux, Anouilh est plutôt lucide vis à vis de son héroïne.