Je suis complètement paumée dans mes lectures en ce moment, j'ai l'impression de ne plus lire autant ( alors que je me farcis toujours 2h de métro par jour)
J'ai enfin acheté Touriste de Julien Blanc Gras. Les critiques du Masque et la Plume m'en avaient donné très envie l'été dernier et vu qu'ils ont commenté son nouveau livre, j'ai décidé de m'offrir celui là. Il est vraiment très bien. Peut être mêmes trop court. J'ai beaucoup aimé son style, toujours plein d'humour, très incisif, parfois plein de tendresse, d'autres fois très amer sur tout ce qu'il a été amené à vivre au cours de ses voyages. Cette manière qu'il a de parler de sa folie de la route, de ce besoin impérieux qui le pousse toujours sans un autre avion. Sans jamais se leurrer sur sa condition de touristes, malgré tout, comme les autres. Et puis il a aussi de très belles pages sur notre condition "miniature" que l'on ressent d'autant plus une fois que l'on sort de notre train-train quotidien forcément très autocentré.
J'ai aussi commencé le premier tome de l'Assassin Royale mais l'amie qui me l'a prêté n'a que les deux premiers tomes et je ne sais pas si j'ai envie d'être très frustrée, donc du coup j'ai arrêté.
J'ai aussi débuté Le Cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates. Le côté épistolaire m'avait convaincu de tenter mais pour l'instant je trouve ça assez plat, même si ça se laisse lire. Mais je compte bien le reprendre.
Et donc, j'ai commencé Jour après jour, journal d'Oedipe sur la route (1983-1989) d'Henry Bauchau. J'avais déjà été très emballé par son journal d'écriture d'Antigone donc j'ai acheté celui ci sans hésiter. C'est étrange, car dès le départ, Bauchau parle de la mort qu'il sent planer sur lui. Il a déjà soixante dix ans, il est assez affaibli, mais j'ai surtout réalisé qu'alors qu'il pense sa fin proche, il a encore vécu trente ans...C'est tellement énorme. On englobe tellement souvent la vieillesse d'un seul mot qu'on oublie souvent qu'elle peut contenir plusieurs décennies. On sent Bauchau bien moins serein qu'en écrivant Antigone. Alors que paradoxalement, il traversera des épreuves plus dures en l'écrivant. Mais il est plus agité encore et travaillé par le désir de faire ses preuves, sa douleur d'écrire sans reconnaissance. C'est seulement vers la seconde moitié du livre qu'on commence à véritablement retrouver cette écriture "lumineuse" qui me plait tellement chez lui, cette sérénité, cette démarche d'écriture toujours dans le questionnement mais finalement assez apaisé vis à vis d'elle. J'ai beaucoup aimé le moment où il évoque la vie des personnages. La façon dont ceux-ci prennent des décisions, orientent le récit, souvent à l'insu mêmes de l'écrivain qui se contentent de les suivre, d'accepter ce qu'ils donnent. Je ne vais pas dire que j'écris, mais ça fait toujours plaisir de voir des mots posés sur ce phénomène toujours étrange lorsqu'on réalise que les personnages sont profondément indépendants et autonomes. Plus globalement, j'aime beaucoup lire ses petites annotations, ses réflexions à propos d'une phrase, d'une situation. Et ça me donne follement envie de relire Oedipe sur la route, donc je pense que ce sera une de mes prochaines lectures.